Aliko Dangote veut faire des Nigérians des actionnaires de son géant pétrolier

L’homme d’affaires nigérian Aliko Dangote ne cache plus son ambition : ouvrir largement le capital de sa gigantesque raffinerie afin que les Nigérians, où qu’ils se trouvent, puissent en devenir actionnaires. L’annonce, faite lors d’une récente interview à la presse comme le rapporte Business Insider Africa, marque une étape importante dans la trajectoire de ce projet industriel évalué à près de 20 milliards de dollars et présenté par son promoteur comme un bien collectif autant qu’un investissement privé.

Au-delà des chiffres et des performances attendues, Dangote défend une vision fondée sur le partage de la propriété. Pour lui, la cotation en bourse de la raffinerie ne répond pas prioritairement à une logique de contrôle du capital, mais à une volonté affirmée de transmettre un héritage économique durable. L’objectif affiché est clair : permettre aux Nigérians ordinaires de bénéficier directement du succès à long terme de cette infrastructure stratégique.

Ouverture du capital sans plafond

Lors de cet échange avec la presse, Aliko Dangote a insisté sur le caractère inclusif de l’opération envisagée. Il a expliqué que l’introduction en bourse devait offrir à chaque Nigérian la possibilité de posséder une part de la raffinerie, qu’il s’agisse de résidents du pays ou de membres de la diaspora. Interrogé sur l’ampleur de la part du capital qui serait mise sur le marché, il a tenu un discours inhabituel dans un environnement où les fondateurs cherchent souvent à verrouiller leur position.

Selon lui, aucun seuil précis ne serait fixé à l’avance. La logique n’est pas de préserver coûte que coûte une majorité, mais d’accepter que la structure de l’actionnariat reflète l’appétit réel des investisseurs. Si le public devait acquérir une part majoritaire, l’industriel se dit prêt à l’accepter, soulignant ainsi sa volonté de faire de la raffinerie un actif largement détenu par des Nigérians. Cette approche tranche avec les schémas classiques des grandes introductions en bourse en Afrique, souvent très encadrées.

La démarche s’étend explicitement au-delà des frontières nationales. Dangote a confirmé que les Nigérians vivant à l’étranger pourraient également participer à l’offre, renforçant l’idée d’un projet fédérateur, capable de mobiliser l’épargne nationale et diasporique autour d’un même actif industriel.

Héritage industriel et participation citoyenne

Pour comprendre la portée de cette annonce, il faut rappeler le parcours de son initiateur. Aliko Dangote est depuis plusieurs décennies l’une des figures majeures du capitalisme africain. Fondateur du Dangote Group, présent notamment dans le ciment, l’agroalimentaire et l’énergie, il a bâti un empire industriel qui pèse lourdement sur l’économie nigériane. Sa raffinerie, située dans la zone de Lekki, est souvent présentée comme l’un des projets énergétiques les plus importants jamais réalisés sur le continent.

Avec cette infrastructure, Dangote entend contribuer à réduire la dépendance du Nigeria aux importations de produits pétroliers raffinés, un paradoxe pour un pays riche en pétrole brut. Mais l’industriel va plus loin : il souhaite que cette réussite industrielle ne reste pas concentrée entre les mains d’un cercle restreint d’investisseurs. En associant directement les citoyens au capital, il cherche à créer un lien tangible entre la performance de la raffinerie et le quotidien des Nigérians.

Dans son discours, l’idée d’héritage revient avec insistance. L’introduction en bourse est présentée comme un moyen de pérenniser le projet au-delà de sa personne et de son groupe. En élargissant l’actionnariat, Dangote affirme vouloir inscrire la raffinerie dans la durée, en faisant de sa réussite une affaire collective plutôt qu’un simple succès entrepreneurial individuel.

Cette orientation pourrait modifier la perception du projet auprès du public. De simple infrastructure industrielle, la raffinerie deviendrait un actif partagé, suscitant un intérêt direct de la population pour sa bonne gestion et sa rentabilité. Dangote décrit d’ailleurs la participation massive des Nigérians au capital comme un facteur d’adhésion et de soutien à long terme.

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