Pendant plus de trente ans, la Chine a occupé une place centrale dans les chaînes de production mondiales. En devenant l’atelier industriel de nombreuses entreprises occidentales, le pays a accueilli des investissements massifs, des sites d’assemblage et des partenariats technologiques. Ce mouvement a permis aux groupes étrangers de réduire leurs coûts, tout en offrant à la Chine un accès progressif à des savoir-faire industriels avancés. Ce modèle, fondé sur la coopération économique, alimente aujourd’hui des interrogations politiques lorsque ces transferts concernent des secteurs jugés sensibles, comme l’aéronautique.
La France et Airbus au cœur des accusations américaines
Les autorités des États-Unis affirment que la France empêche la transmission d’informations demandées dans le cadre d’une enquête parlementaire sur les activités d’Airbus en Chine. Cette position est portée par le House Select Committee on the Chinese Communist Party, chargé d’examiner les relations économiques et technologiques entre des entreprises occidentales et Pékin.
Selon des responsables américains, le gouvernement français refuserait que certaines données industrielles soient communiquées au Congrès, malgré l’intérêt affiché par les enquêteurs pour comprendre la nature exacte des coopérations d’Airbus avec ses partenaires chinois. Ces déclarations évoquent un blocage administratif et juridique, sans affirmer l’existence d’un transfert militaire ou illégal.
Paris n’a pas reconnu entraver une enquête étrangère, rappelant que les informations liées à des entreprises stratégiques sont encadrées par des règles strictes de protection industrielle. Airbus, de son côté, est un groupe civil soumis aux législations européennes sur le contrôle des exportations et des technologies sensibles.
Les États-Unis face aux coopérations industrielles en Chine
Pour Washington, cette enquête vise avant tout à déterminer si certaines activités civiles peuvent générer des retombées indirectes dans des domaines stratégiques. Les élus américains expliquent vouloir vérifier si les coopérations industrielles en Chine permettent un accès à des technologies pouvant être réutilisées à des fins non civiles.
L’attention portée à Airbus s’explique par la présence du groupe en Chine, notamment à travers des chaînes d’assemblage et des partenariats locaux. Les responsables américains parlent d’une démarche de vérification et de transparence, estimant que l’absence d’informations complètes limite leur capacité d’évaluation.
À ce stade, aucune preuve publique ne confirme une aide française, directe ou indirecte, au secteur militaire chinois. Les accusations formulées relèvent d’un désaccord sur l’accès aux données et sur le périmètre des contrôles exercés par chaque État.
La situation met en évidence des divergences d’approche entre alliés occidentaux sur la gestion des coopérations industrielles avec la Chine. Elle illustre aussi la sensibilité croissante des échanges technologiques, lorsque des intérêts économiques, juridiques et politiques se croisent autour de grands groupes industriels.



