Crise libyenne : la Chine plaide aux Nations unies pour une relance du processus politique

À la tribune des Nations Unies, la diplomatie chinoise a remis la Libye au centre des préoccupations internationales. Face à un processus politique enlisé, Pékin appelle à un sursaut collectif afin d’aider les acteurs libyens à dépasser leurs divisions et à avancer vers des échéances électorales attendues de longue date rapporte Xinhua. Le message, délivré devant le Conseil de sécurité, se veut direct : sans compromis internes ni appui international cohérent, la paralysie institutionnelle continuera de peser sur l’avenir du pays.

Une crise prolongée qui pèse sur l’État libyen

Depuis plusieurs années, la Libye traverse une période d’instabilité persistante née de la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011. L’effondrement de l’autorité centrale a ouvert la voie à une fragmentation durable du pouvoir, marquée par des gouvernements concurrents, des institutions divisées et une gouvernance affaiblie. Les tentatives successives de médiation n’ont pas permis de restaurer une unité politique fonctionnelle ni d’organiser des élections nationales consensuelles. Cette crise prolongée a progressivement transformé l’urgence politique en un blocage structurel, qui affecte aussi bien la sécurité que l’économie et la situation humanitaire. C’est sur ce terrain fragilisé que la Chine intervient aujourd’hui, en appelant à relancer un processus politique jugé indispensable pour sortir de l’impasse.

Processus politique libyen et rôle de l’ONU selon la Chine

Devant le Conseil de sécurité de l’ONU, le représentant permanent adjoint de la Chine a exhorté la communauté internationale à soutenir les acteurs politiques libyens, qu’ils soient basés à l’ouest ou à l’est du pays. Pour Pékin, l’urgence réside dans la capacité des parties à faire preuve de volonté politique afin de régler les différends encore pendants et à parvenir à un consensus minimal. Sans cette convergence, la tenue d’élections nationales reste hors de portée.

La Chine reconnaît les efforts récents de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye, qui a enregistré certains progrès dans la facilitation du dialogue entre Libyens. Toutefois, ces avancées demeurent insuffisantes face à la profondeur de la crise politique. La désunion des institutions étatiques continue de freiner la prise de décision et d’entraver le fonctionnement normal de l’État. Pékin insiste donc sur l’application rigoureuse des résolutions du Conseil de sécurité, considérées comme le socle juridique permettant d’encadrer la transition.

Dans cette perspective, la Chine met également l’accent sur les enjeux sécuritaires. Le maintien de réseaux de trafic d’armes, la présence de mercenaires et de combattants étrangers ainsi que l’intervention de forces étrangères sont identifiés comme des obstacles majeurs à la stabilisation. Leur retrait rapide du territoire libyen est présenté comme une condition nécessaire pour créer un climat propice à la relance politique et à l’organisation d’élections crédibles.

Économie libyenne et unification budgétaire au cœur des préoccupations

Au-delà des aspects institutionnels et sécuritaires, Pékin attire l’attention sur les fragilités économiques et humanitaires qui aggravent la crise libyenne. L’amélioration des conditions de vie de la population est perçue comme indissociable du processus politique. Une transition sans retombées concrètes sur le quotidien des Libyens risquerait, selon cette lecture, de perdre toute crédibilité.

L’accord récemment trouvé entre les parties libyennes autour d’un programme de développement unifié est salué comme un signal encourageant. Pour la Chine, cette avancée doit servir de levier afin d’aller plus loin, notamment par l’adoption rapide d’un budget national unifié. L’absence de cadre budgétaire commun alimente la fragmentation de l’État et limite la capacité des autorités à répondre aux besoins essentiels.

Pékin appelle par ailleurs à traiter plusieurs dysfonctionnements structurels : la fragmentation fiscale, l’impression illégale de monnaie et les déséquilibres des taux de change. Ces pratiques affaiblissent l’économie libyenne et compliquent toute perspective de redressement. Leur résolution est présentée comme une étape clé pour restaurer la confiance et soutenir une gouvernance économique plus cohérente.

Un appel à la responsabilité collective

Le plaidoyer chinois repose sur une idée centrale : la sortie de crise dépend avant tout des Libyens eux-mêmes, mais elle nécessite un accompagnement international discipliné et coordonné. Pékin encourage les partenaires étrangers à éviter toute action susceptible d’aggraver les divisions internes, et à concentrer leurs efforts sur le soutien au dialogue politique, à la sécurité et à la reconstruction économique.

En mettant en avant le rôle du Conseil de sécurité et des mécanismes onusiens, la Chine défend une approche multilatérale fondée sur les résolutions existantes. Cette position vise à renforcer la légitimité des institutions internationales dans la gestion du dossier libyen, tout en rappelant la responsabilité des acteurs locaux dans la mise en œuvre des engagements pris.

Laisser un commentaire