Cyberattaques en Afrique : le Sénégal évite une catastrophe

Le continent africain fait face à une recrudescence alarmante des attaques informatiques. Les infrastructures numériques encore fragiles dans plusieurs pays, combinées à une digitalisation accélérée des services publics et privés, en font une cible privilégiée pour les cybercriminels internationaux. Les secteurs stratégiques comme l’énergie, la finance ou les télécommunications subissent des assauts de plus en plus sophistiqués, orchestrés par des groupes organisés qui exploitent les failles de sécurité pour extorquer des sommes considérables. Cette menace grandissante pousse désormais les États africains à renforcer leur coopération avec les organisations internationales de lutte contre la criminalité numérique.

Une fraude de 7,9 millions de dollars neutralisée grâce à Interpol

Les autorités sénégalaises ont déjoué une tentative d’escroquerie informatique d’envergure visant une importante compagnie pétrolière opérant dans le pays. L’organisation internationale de coordination policière Interpol a révélé lundi 22 décembre que les forces de l’ordre locales avaient réussi à bloquer un transfert frauduleux de 7,9 millions de dollars, soit approximativement 4,85 milliards de francs CFA. Les pirates informatiques avaient infiltré les systèmes de messagerie électronique de l’entreprise ciblée et usurpé l’identité de plusieurs cadres dirigeants pour faire valider un virement bancaire illicite. La réactivité des services de sécurité a permis de geler les comptes destinataires avant tout retrait effectif des fonds détournés.

Cette intervention couronnée de succès montre l’efficacité d’une collaboration étroite entre les institutions nationales et les réseaux internationaux de lutte contre la cybercriminalité. L’opération menée au Sénégal n’est qu’un exemple parmi d’autres actions similaires déployées simultanément à travers le continent. Entre fin octobre et fin novembre derniers, une campagne coordonnée a abouti à l’interpellation de 574 suspects impliqués dans diverses affaires de fraude électronique, représentant des pertes financières cumulées dépassant 21 millions de dollars à l’échelle africaine.

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Les secteurs énergétique et financier particulièrement exposés

Neal Jetton, responsable de la lutte contre la cybercriminalité au sein d’Interpol, a souligné l’accélération préoccupante de ces menaces numériques sur le continent. La sophistication croissante des techniques employées par les cybercriminels cible principalement les industries stratégiques, notamment l’énergie et la finance, où les montants en jeu sont considérables. Au Ghana voisin, plusieurs arrestations ont été effectuées suite au vol d’environ 120 000 dollars extorqués à une institution financière locale par l’utilisation d’un logiciel malveillant de type rançongiciel.

Les forces de police ghanéennes ont également démantelé un réseau transfrontalier de fraude opérant entre le Ghana et le Nigeria. Ce groupe criminel, qui comptait une quarantaine de membres, avait orchestré des escroqueries en ligne en imitant des enseignes de restauration rapide connues. Près de 200 victimes ont été identifiées, pour un préjudice total excédant 400 000 dollars. Dix personnes ont été appréhendées au Ghana, tandis que trente serveurs informatiques utilisés pour ces opérations frauduleuses ont été désactivés.

Ces interventions démontrent la nécessité d’une vigilance accrue et d’une coopération régionale renforcée face à des réseaux criminels qui exploitent les frontières poreuses du cyberespace. La neutralisation de la tentative de fraude au Sénégal constitue un signal encourageant, mais la bataille contre la cybercriminalité en Afrique ne fait que commencer.

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