Les autorités judiciaires maliennes ont confirmé l’ouverture d’une enquête visant le lieutenant-colonel Yann Christian Bernard Vezilier, un officier français accusé de faits portant atteinte à la sécurité de l’État. Cette affaire, qui touche directement aux questions de souveraineté et de sécurité nationale, intervient dans un climat déjà marqué par une forte crispation diplomatique entre Bamako et Paris.
Relations France-Mali, une coopération devenue tendue
Pendant de nombreuses années, la France a été un partenaire du Mali dans divers secteurs, notamment sécuritaire. Cette présence militaire et diplomatique s’est progressivement heurtée à une contestation croissante au sein de l’opinion publique malienne. Depuis l’arrivée du régime de Goita, les relations avec Paris se sont dégradées, aboutissant au retrait des forces françaises et à une redéfinition complète des partenariats sécuritaires du pays. C’est dans ce climat de méfiance et de rupture que les autorités maliennes ont engagé des poursuites contre un ressortissant français présenté comme un agent des services de renseignement.
Soupçons de déstabilisation et atteinte à la souveraineté
Selon les informations rendues publiques par la justice malienne et rapportées par RFI, le lieutenant-colonel Yann Christian Bernard Vezilier, était en poste à l’ambassade de France à Bamako. Officiellement accrédité auprès du pouvoir central, il aurait exercé des fonctions liées au renseignement. Interpellé en août 2024, il est depuis détenu sur le territoire malien.
Les accusations portées contre lui sont particulièrement lourdes. Les enquêteurs le soupçonnent d’avoir participé, avec une dizaine de militaires maliens, à un complot visant les institutions de la République. Les chefs d’accusation évoqués incluent l’atteinte à la sûreté de l’État, la tentative de déstabilisation des institutions, la mise en cause de la souveraineté nationale et des agissements susceptibles de semer la peur au sein de la population. Les autorités judiciaires font également état de contacts civils et militaires présumés, qui auraient servi à soutenir des activités qualifiées de terroristes.
L’affaire a été confiée au pôle judiciaire spécialisé dans la lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée, une juridiction réservée aux dossiers les plus sensibles. Dans un communiqué lu le 16 décembre 2024 à la télévision nationale ORTM, le procureur général près la Cour d’appel de Bamako a évoqué des comportements jugés « peu orthodoxes », allant jusqu’à parler d’une entreprise assimilée à des pratiques mafieuses visant à fragiliser l’État malien.


