Djihadisme au Sahel : l’Europe craint pour sa sécurité

L’augmentation continue des violences jihadistes au Sahel ravive les inquiétudes européennes. Pour João Cravinho, représentant spécial de l’Union européenne pour la région, l’activité des groupes armés porte un risque qui dépasse les frontières africaines. Leur capacité à se déplacer et à établir de nouveaux points d’ancrage serait l’un des facteurs qui encouragent l’Union à suivre de près l’évolution sécuritaire dans cette zone.

Expansion jihadiste au Mali, Burkina Faso et Niger et risques pour l’Europe

Le dernier Indice mondial du terrorisme classe le Sahel comme l’un des principaux foyers de violences jihadistes, alimentées par des groupes affiliés à Al-Qaïda et à l’État islamique. Leurs opérations s’étendent désormais au Togo et au Bénin, ce qui, selon João Cravinho, accroît les préoccupations européennes. Parallèlement, la question des flux migratoires non réglementés est mentionnée par plusieurs pays de l’UE comme un sujet supplémentaire de vigilance.

Un bref rappel historique démontre que les interventions extérieures n’ont pas permis de stabiliser durablement la région. Les années de présence militaire française, notamment au Mali, n’ont pas freiné l’installation des groupes jihadistes ni l’augmentation des attaques. Cette difficulté persistante a renforcé les débats sur la stratégie internationale à adopter face à une insécurité qui continue de progresser.

Changements politiques au Sahel et nouveaux axes de coopération UE–Afrique de l’Ouest

La succession de coups d’État au Mali, au Burkina Faso et au Niger, suivie de leur retrait de la Cedeao, a modifié les relations entre ces États et leurs partenaires extérieurs. João Cravinho explique que l’Union européenne souhaite conserver un dialogue avec les juntes militaires malgré les divergences politiques. Il affirme avoir rencontré les autorités des trois pays et annonce son intention de s’y rendre à nouveau au début de l’année prochaine.

Selon lui, la dépendance croissante du Mali vis-à-vis de la Russie n’a pas contribué à une amélioration de la situation sécuritaire. Cette appréciation conduit l’UE à chercher d’autres formes de coopération avec les États sahéliens et leurs voisins, comme le Ghana, la Côte d’Ivoire et la Mauritanie, qui doivent gérer à leur tour des arrivées de populations venues du Sahel.

Alors que les attaques jihadistes sont passées de 1 900 en 2019 à plus de 5 500 en 2024, l’Union européenne se retrouve confrontée à une instabilité durable. Les discussions engagées avec les gouvernements sahéliens pourraient ouvrir de nouvelles options de coopération, mais leur efficacité dépendra des orientations politiques locales et de la capacité des partenaires internationaux à s’adapter à un environnement en mutation.

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