Pretoria sort du silence et interpelle directement les membres du G20. La République sud-africaine réclame des clarifications sur sa mise à l’écart des travaux du groupe par l’administration américaine, une décision sans précédent qui bouscule les règles de fonctionnement du forum économique mondial. Le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération a transmis une note diplomatique aux pays membres, demandant l’inscription à l’ordre du jour de la première réunion des sherpas à Washington. Cette session, programmée pour les 15 et 16 décembre, se tiendra sans délégation sud-africaine – une absence imposée et non choisie.
Washington refuse la délégation sud-africaine malgré les règles du G20
Zane Dangor, directeur général du ministère des Affaires étrangères et sherpa sud-africain, a confirmé que plusieurs membres du G20 comptent soulever cette question épineuse. Selon le quotidien Daily Maverick, les représentants de nombreux États membres ont affirmé qu’ils contesteraient cette violation des normes établies : aucun membre du groupe ne peut être exclu sans consensus préalable.
Cette offensive diplomatique sud-africaine intervient après que Donald Trump a annoncé fin novembre que le pays ne serait pas convié au sommet de 2026 en Floride. Le président américain justifie cette exclusion par ses accusations d’un prétendu génocide visant la minorité blanche en Afrique du Sud – allégations formellement démenties par le gouvernement de Cyril Ramaphosa. Washington avait déjà boycotté le sommet de Johannesburg organisé en novembre dernier, contestant l’ordre du jour proposé par la présidence sud-africaine.
La station SABC révèle que les États-Unis envisageraient de « remplacer » l’Afrique du Sud par la Pologne durant leur présidence, invitant la délégation polonaise aux principaux événements du forum. Cette manœuvre soulève des interrogations juridiques, car le G20 ne dispose pas de structures de gestion permanentes permettant une telle substitution unilatérale.
La troïka du G20 désactivée par les États-Unis
L’architecture institutionnelle du groupe complique davantage la situation. La coordination des travaux repose traditionnellement sur une commission tripartite réunissant le président en exercice, son prédécesseur et son successeur – actuellement les États-Unis, l’Afrique du Sud et le Royaume-Uni. Or, Washington a déjà annoncé qu’il se passerait de cette « troïka » pendant sa présidence, écartant de facto Pretoria des mécanismes de coordination.
La note diplomatique sud-africaine exprime clairement cette préoccupation : « Nous sommes préoccupés par le précédent qui serait créé par l’exclusion de l’Afrique du Sud des séances de travail du G20 sous la présidence des États-Unis. » Cette formulation souligne que l’enjeu dépasse le cas sud-africain et menace potentiellement l’équilibre multilatéral du forum.
Face à cette impasse, le gouvernement sud-africain avait initialement annoncé une pause dans sa participation aux réunions du G20 durant toute la période de présidence américaine. Toutefois, la démarche actuelle montre une volonté de ne pas accepter passivement cette marginalisation, en mobilisant les autres membres du groupe pour faire respecter les principes de fonctionnement établis. La République sud-africaine, qui vient tout juste de céder la présidence tournante le 1er décembre, entend manifestement défendre son statut de membre à part entière du G20.



