Ils pensaient partir travailler à l’étranger. Certains ont signé des contrats, d’autres ont suivi des intermédiaires se présentant comme des recruteurs agréés. À l’arrivée, la réalité a été tout autre : des ressortissants africains se sont retrouvés piégés aux abords ou au cœur de la guerre en Ukraine, parfois sous uniforme militaire. Face à cette situation, un pays africain a décidé de hausser le ton et d’agir pour empêcher que ses citoyens ne soient aspirés par des circuits de recrutement menant vers la Russie.
Ces derniers jours, les autorités ont confirmé le retour au pays de plusieurs ressortissants ayant échappé à ces filières. Une opération présentée comme le résultat d’actions diplomatiques et administratives ciblées, mais aussi comme un signal politique : l’État concerné affirme vouloir mettre un terme aux départs vers des engagements armés déguisés en opportunités professionnelles.
Les autorités gouvernementales en alerte
Le gouvernement du Kenya a récemment confirmé le rapatriement de 18 de ses ressortissants, retrouvés dans des zones liées au conflit russo-ukrainien rapporte Dawan.africa. L’annonce a été faite par le chef de la diplomatie kényane, Musalia Mudavadi, qui a évoqué des interventions ayant permis de fournir des documents de voyage d’urgence et d’organiser un retour sécurisé.
Ces personnes font partie d’un ensemble plus large de citoyens attirés par des offres présentées comme légitimes à l’étranger. Une fois sur place, plusieurs se seraient retrouvés enrôlés dans l’armée russe ou bloqués dans des régions proches des combats. Des localités comme Belgorod, Rostov-sur-le-Don ou encore les environs de Saint-Pétersbourg ont été citées comme lieux où vivaient ou transitaient certains ressortissants.
Les autorités kényanes indiquent disposer d’éléments jugés crédibles selon lesquels plus de 200 citoyens auraient été recrutés depuis le début de la guerre en 2022. Parmi eux, certains auraient été blessés, tandis que d’autres seraient toujours immobilisés après des tentatives de recrutement qui n’ont pas abouti. Des messages de détresse, transmis par courriel ou via d’autres canaux, ont été reçus par l’administration et par la représentation diplomatique du pays à Moscou.
Dans ce climat, les services consulaires ont renforcé leurs alertes à destination des citoyens se trouvant en Russie et dans des pays voisins. L’objectif affiché est de faciliter le suivi des ressortissants et d’assurer une assistance rapide en cas de difficulté. Les autorités rappellent que l’enregistrement auprès des missions diplomatiques reste un levier central pour toute action de protection ou de rapatriement.
Agences de recrutement mesures
Au-delà des opérations de secours, Nairobi affirme vouloir s’attaquer à la source du problème. Les autorités ont annoncé une vaste opération visant les agences de recrutement jugées non conformes. Plus de 600 structures auraient été radiées pour leur implication présumée dans des placements frauduleux à l’étranger, certains débouchant sur des situations à haut risque pour les candidats au départ.
Le gouvernement explique que ces mesures doivent limiter l’action d’intermédiaires accusés d’exploiter la vulnérabilité économique de jeunes en quête d’emploi. Les citoyens sont désormais invités à vérifier toute offre de travail à l’étranger auprès des services officiels compétents, afin d’éviter de tomber dans des pièges aux conséquences graves. L’exécutif estime que ce filtrage est indispensable pour empêcher de nouveaux départs vers des destinations liées à des activités militaires.
Parallèlement, les 18 rapatriés sont appelés à suivre un processus de réintégration structuré. Les autorités indiquent que ce dispositif vise à accompagner leur retour à une vie civile normale, en tenant compte des traumatismes physiques ou psychologiques que certains pourraient avoir subis. Cette prise en charge est également présentée comme un message adressé aux familles et à l’opinion publique.



