Handicap et progrès social : le Bénin transforme l’inclusion en action concrète

Chaque 3 décembre, la Journée internationale des personnes handicapées rappelle l’enjeu de l’inclusion universelle. Selon l’Oms, environ 1,3 milliard de personnes dans le monde, soit 16 % de la population mondiale, vivent avec un handicap. En 2025, l’ONU met l’accent sur la construction de sociétés réellement inclusives pour les personnes handicapées. Le thème retenu est : « Favoriser des sociétés inclusives pour les personnes handicapées afin de faire avancer le progrès social ».

L’objectif est de renforcer l’accessibilité, de garantir l’égalité des droits et d’encourager la participation pleine et entière de chacun, pour accélérer un progrès social durable et partagé. La Convention relative aux droits des personnes handicapées (Cdph) et les Objectifs de développement durable interdisent toute exclusion. Pourtant, les obstacles sont nombreux : inégalités sociales, barrières physiques, manque d’adaptations dans la santé ou l’emploi.

L’inclusion sociale commence par l’accessibilité des espaces publics. De nouveaux textes béninois imposent désormais des places prioritaires aux personnes handicapées dans les transports et les lieux culturels, avec une réduction de 10 % sur les billets et frais de transport publics. Cela facilite leur participation aux activités de loisirs et leur intégration dans la vie de tous les jours.

Selon la Banque mondiale, les écarts entre valides et handicapés se traduisent dans le monde par un taux d’alphabétisation et d’emploi bien plus faible pour ces derniers. Le Bénin a entrepris d’importantes réformes pour remédier à ces inégalités. Pour protéger ces citoyens, la Constitution proclame l’égalité devant la loi et bannit la discrimination fondée sur le handicap. La loi nᵒ 2017‑06 du 29 septembre 2017 portant protection des droits des personnes handicapées s’aligne sur la Cdph. Elle interdit toute discrimination et instaure notamment de nouvelles conditions d’accès à l’emploi, aux transports et même aux spectacles en faveur des personnes handicapées. Les autorités insistent d’ailleurs pour considérer désormais les personnes en situation de handicap comme des sujets de droits à part entière. Pour rendre ces principes effectifs, le gouvernement a engagé plusieurs mesures clés.

Création d’une commission interministérielle chargée de coordonner les politiques d’inclusion, et promotion de l’emploi et de l’entrepreneuriat des handicapés. Incitations à l’emploi avec l’interdiction des critères de sélection discriminatoires dans les concours publics et privés (hors métiers exigeant des capacités physiques spécifiques), majoration de cinq ans de la limite d’âge aux recrutements, et quota de 5 % de places réservées aux personnes handicapées dans la fonction publique. L’État prend en charge les cotisations sociales patronales pour les employés handicapés et soutient les entreprises créées par eux.

Avantages fiscaux et logistiques : exonération de Tva et de droits de douane pour tout véhicule neuf et tout appareillage adapté importé ou acheté au Bénin. Exonérations (totales ou partielles) des taxes liées à la création d’entreprise par une personne handicapée. De plus, l’État accorde des subventions aux centres privés d’éducation et de formation spécialisés pour personnes handicapées, qui bénéficient par ailleurs d’un suivi pédagogique particulier.

L’accès à l’éducation et à l’information est un autre axe majeur. La loi béninoise affirme le droit des personnes handicapées à l’information et à l’éducation en matière de santé. En pratique, cela passe par la diffusion de documents en braille ou en langue des signes et par l’adaptation des infrastructures scolaires. Les candidats handicapés bénéficient d’une épreuve adaptée pour le sport lors des examens, et d’une bonification de 5 ans de l’âge limite pour l’attribution des bourses et autres aides scolaires. Une aide financière annuelle est même prévue pour les étudiants handicapés ne recevant pas d’autres soutiens universitaires.

Dans le domaine sanitaire, la loi de 2017 stipule que la politique nationale de santé doit intégrer la prévention du handicap, le dépistage précoce et la prise en charge des personnes handicapées par des actions de vaccination, nutrition, réadaptation et traitement adaptés. Le Bénin a par ailleurs adopté en 2019 une loi d’Assurance Maladie Obligatoire visant l’égal accès à la santé pour tous ses citoyens, ce qui devrait bénéficier aux personnes handicapées. Néanmoins, l’OMS rappelle que les handicapés restent particulièrement vulnérables aux maladies chroniques (deux fois plus de risques qu’une personne valide) et qu’ils peinent à accéder aux soins : atteindre un centre de santé peut être jusqu’à 6 fois plus difficile pour une personne en situation de handicap. Ces constats soulignent la nécessité de poursuivre les efforts.

Chaque Journée internationale des personnes handicapées est un rappel que la réussite du développement durable implique l’inclusion de tous. Les Objectifs de développement durable insistent : le handicap ne peut justifier d’exclure quiconque des programmes de santé, d’éducation ou d’emploi. Au Bénin comme ailleurs, des lois et décrets existent désormais pour briser les barrières. Mais leur mise en œuvre, formation d’enseignants en langue des signes, aménagement universel, campagnes de sensibilisation reste un défi. En 2025, l’enjeu est que chacun, quelles que soient ses capacités, puisse exercer ses droits (éducation, travail, citoyenneté) de manière concrète et équitable.

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