L’Espagne maintient une politique migratoire distincte de celle défendue par les États-Unis et par plusieurs pays européens. Le gouvernement de Pedro Sánchez continue de promouvoir l’immigration régulière comme un levier économique et démographique, malgré le durcissement du discours porté par l’administration américaine et relayé dans une partie de l’Union européenne.
Le choix espagnol repose sur une approche assumée selon l’agence l’associated Press: attirer des travailleurs étrangers pour répondre aux besoins du marché du travail et compenser le vieillissement de la population active. Cette orientation est régulièrement défendue par l’exécutif, qui lie ouverture encadrée et stabilité du système social, tout en reconnaissant les limites et les débats internes que suscite cette stratégie.
Espagne, Pedro Sánchez et la défense d’une immigration légale
La majorité des migrants présents en Espagne arrivent par des voies régulières, principalement par avion. Une part importante provient d’Amérique latine, bénéficiant de dispositifs administratifs facilitant l’accès au séjour et, dans certains cas, à la nationalité. Les ressortissants du Maroc, de la Colombie et du Venezuela figurent parmi les principales nationalités représentées.
Le gouvernement espagnol a engagé des réformes visant à élargir l’accès aux permis de séjour et de travail pour certains migrants en situation irrégulière. Ces initiatives ont toutefois rencontré des résistances politiques et des critiques, notamment sur leur mise en œuvre. La ministre des Migrations, Elma Saiz, avait souligné la nécessité d’accueillir chaque année un volume important de travailleurs étrangers afin de préserver le financement des retraites, de la santé et de l’assurance chômage, une estimation contestée par l’opposition.
Parallèlement, Madrid coopère avec l’Union européenne et plusieurs États africains afin de limiter les traversées maritimes vers les îles Canaries. Des aides financières ont été mobilisées, notamment à destination de la Mauritanie. Selon les données rapportées par The Associated Press, les arrivées aux Canaries ont diminué d’environ 60 % cette année, une baisse attribuée au renforcement des contrôles dans les pays de départ.
La Banque d’Espagne estime que le maintien de l’équilibre entre population active et retraités nécessitera, sur plusieurs décennies, un apport important de travailleurs immigrés en âge de travailler, un élément central du débat national.
États-Unis, administration Trump et pression migratoire internationale
Depuis janvier 2025, l’administration de Donald Trump défend une politique migratoire plus restrictive, axée sur le renforcement des frontières et la réduction des flux migratoires. Ce discours associe régulièrement immigration et cohésion nationale, tout en appelant les partenaires occidentaux à adopter des orientations similaires.
Cette position influence le débat européen. Plusieurs gouvernements, confrontés à la progression de partis opposés à l’immigration, ont durci leur discours. En France, Emmanuel Macron a évoqué un « problème migratoire » en lien avec la montée du Rassemblement national, tout en justifiant l’adoption de nouvelles restrictions. Cette évolution intervient alors même que les passages irréguliers aux frontières de l’Union européenne ont diminué ces deux dernières années.
Dans ce paysage, l’Espagne conserve une ligne singulière. Elle combine contrôle des frontières et défense de l’immigration légale, affirmant une position distincte face aux orientations américaines et aux inflexions observées chez plusieurs partenaires européens.



