Madagascar : Randrianirina réclame que Rajoelina réponde devant la justice nationale

L’arrivée du colonel Michaël Randrianirina à la tête de la Refondation de Madagascar continue de redessiner les priorités politiques du pays. Son objectif affiché est de renforcer la légitimité des institutions en réévaluant certains actes commis sous le précédent pouvoir. Il entend désormais préciser la ligne qu’il souhaite suivre.

Justice malgache et responsabilités de l’ancien pouvoir

Le nouveau dirigeant a affirmé à France 24 que l’ancien président Andry Rajoelina devra répondre devant la justice malgache de faits qu’il juge graves. Il évoque des atteintes aux ressources nationales ainsi que des persécutions subies par des citoyens, et considère que certaines blessures causées lors des récents troubles pourraient relever d’infractions pénales. L’exfiltration de Rajoelina par la France suscite encore la colère chez les Malgaches ; Randrianirina dit comprendre cette irritation tout en estimant que ce départ a permis de réduire l’intensité des tensions au moment le plus critique.

Le colonel insiste par ailleurs sur sa volonté de traiter ces questions judiciaires dans un cadre entièrement national. Selon lui, un procès organisé à Madagascar marquerait un tournant dans la manière de régler les litiges liés à l’exercice du pouvoir. Il réaffirme que le pays doit gérer ses propres affaires et attend que l’ancien chef de l’État réponde devant les institutions compétentes.

Transition politique à Madagascar et les événements d’octobre

En octobre, Madagascar a basculé après plusieurs semaines de manifestations alimentées par la dégradation des conditions de vie et une forte mobilisation de la jeunesse dans plusieurs villes. Le point de rupture est survenu le 11 octobre, lorsqu’une unité d’élite de l’armée, le CAPSAT, a refusé d’exécuter les ordres présidentiels et a rejoint les protestataires. Le lendemain, cette unité s’est proclamée détentrice du contrôle des forces armées, plongeant le pays dans une crise institutionnelle majeure.

Malgré un décret d’Andry Rajoelina dissolvant l’Assemblée nationale, les députés ont voté sa destitution quelques jours plus tard, l’accusant d’avoir abandonné ses responsabilités. L’armée a ensuite suspendu plusieurs institutions et installé le colonel Michaël Randrianirina à la tête de l’État, tandis que l’ancien président quittait le territoire, acte qui a confirmé la prise de pouvoir militaire et ouvert une période de transition dirigée par les nouvelles autorités.

Le processus de refondation annoncé par Randrianirina s’accompagne de la mise en place d’une concertation nationale dès le 10 décembre, destinée à rassembler différents acteurs afin de préparer un nouveau cadre politique. Il promet également des élections dans un délai pouvant atteindre deux ans, le temps de stabiliser les structures de l’État et de définir un calendrier électoral jugé réaliste.

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