Maghreb : le Mali réconforte ses ressortissants rapatriés de deux pays

Le retour au pays n’efface ni les épreuves ni les espoirs portés par des milliers de migrants africains partis chercher ailleurs des conditions de vie meilleures. Pour le Mali, l’accueil réservé à ses ressortissants rapatriés ces derniers jours traduit une volonté claire : placer l’humain au cœur de la réponse publique face aux parcours migratoires difficiles. Le 17 décembre 2025, à Bamako, cet engagement a pris une forme concrète avec la réception officielle de 150 Maliens revenus d’Algérie et de Tunisie, après un transit par le Niger.

Une réalité marquée par la précarité et les retours forcés

Depuis plusieurs années, les pays du Maghreb occupent une place centrale dans les itinéraires migratoires africains. Pour certains migrants subsahariens, l’Algérie et la Tunisie représentent une destination de travail temporaire ; pour d’autres, une étape vers l’Europe. Mais la réalité sur le terrain reste souvent rude. Difficultés d’accès à l’emploi, conditions de vie précaires, arrestations et expulsions ont progressivement transformé ces pays de passage en zones d’attente incertaines.

De nombreux migrants se retrouvent ainsi confrontés à des situations de vulnérabilité accrue, parfois aggravées par l’absence de documents ou de ressources. Face à ces réalités, les retours, volontaires ou organisés, se sont multipliés, souvent avec l’appui d’organisations internationales et des États d’origine. C’est dans cette dynamique que s’inscrit le retour récent de ressortissants maliens depuis l’Algérie et la Tunisie, un épisode révélateur des tensions humaines liées aux mobilités régionales, mais aussi des réponses apportées par Bamako.

Message de réconfort aux rapatriés d’Algérie et de Tunisie

À l’Aéroport international Président Modibo Keïta–Sénou, l’accueil réservé aux 150 rapatriés a revêtu un caractère solennel. Le ministre des Maliens établis à l’Extérieur et de l’Intégration africaine, Mossa Ag Attaher, a personnellement tenu à être présent, aux côtés de partenaires institutionnels et humanitaires, dont l’Organisation internationale pour les migrations. Les forces de sécurité et les services de secours étaient également mobilisés pour assurer une arrivée ordonnée et sécurisée.

Au-delà du protocole, le ton se voulait résolument humain. Devant des compatriotes marqués par des parcours éprouvants, le ministre a insisté sur un message essentiel : le retour au Mali ne doit pas être assimilé à un échec. Il a évoqué une étape de reconstruction, rappelant que le pays reste un point d’ancrage pour ses citoyens, même après des expériences difficiles à l’étranger. Ce discours, axé sur la dignité et l’espoir, visait à apaiser des esprits fragilisés par l’incertitude et les ruptures successives.

L’accueil ne s’est pas limité à des paroles. Après leur arrivée, les rapatriés ont été orientés vers la Cité des migrants, un dispositif d’hébergement et d’assistance mis en place pour répondre aux besoins immédiats. Un suivi sanitaire, des soins médicaux, des temps de repos et un accompagnement logistique y sont prévus, afin de permettre à chacun de retrouver progressivement un équilibre avant de rejoindre sa famille ou sa localité d’origine.

Les autorités ont tenu à rappeler que chaque retour fait l’objet d’une attention particulière. La préservation des droits fondamentaux, la sécurité et le respect de la personne sont présentés comme des priorités dans la gestion de ces opérations. Cette approche traduit une lecture sociale du phénomène migratoire, qui ne se limite pas aux chiffres mais s’intéresse aux trajectoires individuelles et à leurs conséquences humaines.

Au moment où les débats sur la migration restent vifs dans de nombreuses régions, l’accueil de ces 150 ressortissants renvoie à une réalité concrète : celle de femmes et d’hommes confrontés à des choix difficiles, parfois contraints de rentrer sans avoir atteint leurs objectifs initiaux. En leur réservant un accueil structuré et réconfortant, le Mali envoie un signal clair à sa diaspora et à ceux qui envisagent l’exil.

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