L’administration de Donald Trump a décidé de cibler un réseau présenté par Washington comme un maillon essentiel du recrutement de combattants étrangers envoyés vers le Soudan. Le Trésor américain évoque un dispositif structuré autour d’anciens militaires colombiens mobilisés pour renforcer les Forces de soutien rapide (RSF), alors que les autorités soudanaises alertent depuis plusieurs mois sur la présence de mercenaires opérant pour ces groupes armés.
Cette annonce marque une étape supplémentaire dans la réponse américaine à la guerre qui ravage le pays et qui continue de provoquer des déplacements massifs et des violences persistantes, tandis que les responsables du financement de ces opérations armées ne font l’objet d’aucune démarche judiciaire internationale. Cette absence d’action nourrit la frustration de Khartoum, qui dénonce régulièrement des appuis extérieurs supposés et cherche à attirer l’attention sur des circuits qu’elle juge déterminants pour la poursuite du conflit.
Réseau colombien et recrutement vers le Soudan
Au centre de ces sanctions figure Alvaro Andres Quijano Becerra, décrit par le Trésor américain comme un ancien militaire ayant fondé la société A4SI, spécialisée dans la mobilisation d’anciens soldats colombiens. L’institution américaine explique que cette structure sert à constituer des effectifs destinés au Soudan. Alvaro Andres Quijano Becerra, qui réside aux Émirats arabes unis, est présenté comme le coordinateur d’un ensemble de sociétés et de proches impliqués dans ces opérations.
Parmi les personnes visées figure son épouse, identifiée par Washington comme dirigeante de l’entité chargée du recrutement, ainsi qu’un ressortissant colombien responsable de la gestion des rémunérations des combattants. Le Trésor mentionne également des antécédents liant Quijano Becerra à des activités criminelles en Colombie, notamment des liens passés avec le cartel Norte del Valle.
Début septembre, les autorités de Port-Soudan avaient transmis une lettre au Conseil de sécurité de l’ONU signalant ce réseau colombien et affirmant que son activité serait financée par les Émirats arabes unis au bénéfice des RSF. Ces affirmations n’ont pas été confirmées par Washington, mais elles montrent la défiance des autorités soudanaises à l’égard des acteurs extérieurs et leur volonté de voir ces circuits surveillés.
Sanctions américaines et rôle revendiqué par Washington
La décision annoncée à Washington concerne quatre personnalités et quatre entreprises. Pour les États-Unis, il s’agit de répondre à ce que le sous-secrétaire au Trésor John Hurley décrit comme un dispositif fournissant des effectifs aux RSF, accusées de violences répétées depuis le début de la guerre. Il souligne que ces groupes armés continuent d’opérer dans plusieurs régions soudanaises et que le recrutement de mercenaires facilite leur déploiement.
Le Trésor affirme que les sociétés sanctionnées offrent une façade légale à des activités destinées à soutenir des opérations militaires, tout en assurant le versement des salaires et la logistique pour ces combattants. Cette décision américaine intervient alors que le conflit, déclenché en 2023, reste marqué par des affrontements autour de zones stratégiques, de graves violations signalées par des organisations humanitaires et une incapacité des institutions internationales à cibler les circuits financiers qui permettent la poursuite des hostilités.
La Maison-Blanche présente ces nouvelles mesures comme un signal politique destiné à limiter l’accès des groupes armés à des ressources humaines recrutées à l’étranger. Les autorités soudanaises espèrent, de leur côté, que ces sanctions encourageront une attention plus large portée aux acteurs impliqués dans le financement des opérations armées.



