Bamako affiche désormais un bilan spectaculaire dans ses négociations avec les compagnies minières internationales. Les autorités maliennes ont annoncé, ce 2 décembre 2025, avoir recouvré 761 milliards de francs CFA auprès des entreprises du secteur extractif, soit l’équivalent de 1,2 milliard de dollars. Ce montant dépasse largement l’objectif initial fixé à 400 milliards de francs CFA, témoignant de la détermination des dirigeants à reprendre le contrôle des richesses nationales.
Le code minier malien de 2023 contraint les multinationales à renégocier
Cette performance financière trouve son origine dans la refonte complète du cadre législatif régissant l’exploitation des ressources souterraines. En 2023, les autorités de transition ont adopté un nouveau code minier après qu’un audit commandé aux cabinets Inventus et Mozar a révélé des manques à gagner considérables pour le Trésor public, estimés entre 300 et 600 milliards de francs CFA. Cette réforme a notamment porté la participation étatique dans les projets miniers de 20 % à 35 %, supprimé les clauses de stabilité fiscale et instauré des redevances progressives indexées sur le cours de l’or.
Le ministre des Finances Alousséni Sanou a précisé devant les parlementaires que l’ensemble des sociétés minières opèrent désormais sous ce nouveau régime juridique. Cette migration devrait générer des recettes annuelles d’environ 586 milliards de francs CFA pour les seules entreprises concernées par l’audit, portant leur contribution totale à quelque 1 022 milliards de francs CFA par an.
Barrick Gold et Resolute Mining cèdent face aux exigences de Bamako
Les fruits de cette politique se mesurent déjà concrètement. En 2024, les versements des compagnies productrices d’or au Trésor public ont atteint 835,1 milliards de francs CFA, en progression de 52,5 % par rapport à l’exercice précédent. La flambée du cours du métal jaune, qui a clôturé l’année à 2 600 dollars l’once avec une croissance annuelle d’environ 30 %, a également contribué à gonfler les caisses de l’État.
Ces résultats ont été obtenus au terme de négociations parfois tendues avec les opérateurs internationaux. L’australien Resolute Mining a accepté de verser environ 160 millions de dollars pour solder un différend fiscal, après l’arrestation de son directeur général en novembre 2024. Le canadien Barrick Gold, principal producteur d’or du pays à travers le complexe de Loulo-Gounkoto, a quant à lui officiellement mis fin à son contentieux avec Bamako le 24 novembre 2025. Après plus de deux ans d’affrontement juridique marqué par la saisie de plusieurs tonnes d’or, l’arrestation de quatre employés et la mise sous administration provisoire du site, le géant minier s’est finalement conformé au code de 2023. L’accord prévoit l’abandon de toutes les charges, la libération des employés détenus et le retrait des procédures d’arbitrage engagées devant le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI).
Mamou Touré, membre de la commission de renégociation, a souligné que « l’objectif n’était pas seulement de récupérer des fonds, mais aussi de garantir à l’État une part significative dans les contrats miniers ». Le Mali, qui tire 25 % de son budget national et 75 % de ses recettes d’exportation du secteur aurifère, ambitionne de porter la contribution de l’industrie minière à 20 % de son PIB.
