Le président Abdourahamane Tiani ne compte pas se laisser dicter sa conduite par le groupe nucléaire français. En visite sur le site de la Somaïr, mine d’uranium nationalisée en juin dernier, le dirigeant nigérien a réaffirmé avec fermeté la souveraineté de son pays sur ses ressources minières, balayant les protestations d’Orano.
« Le Niger a le droit légitime de gérer ses ressources naturelles et, conformément aux lois du marché, de les vendre de manière indépendante à ceux qui souhaitent les acheter », a martelé le chef de l’État nigérien devant les caméras de Télé Sahel. Une position qu’il qualifie de non négociable.
Uranium nigérien et souveraineté nationale face aux revendications françaises
Cette prise de parole musclée intervient quelques jours après qu’Orano a vivement dénoncé, dans un communiqué daté du 27 novembre, l’expédition d’une cargaison d’uranium extraite du site de la Somaïr. Le groupe français, qui détenait auparavant 63,4% de cette filiale avant sa nationalisation, conteste la légalité de ces exportations.
Le bras de fer entre Niamey et l’entreprise hexagonale s’est considérablement durci ces dernières semaines. Le 30 novembre, les autorités nigériennes ont officiellement annoncé la mise en vente de leur uranium sur le marché international, concrétisant leur volonté de commercialiser directement cette ressource stratégique sans passer par leur ancien partenaire. Un convoi transportant près de 1 000 tonnes de concentré d’uranium aurait même déjà pris la route vers le port de Lomé, au Togo.
Orano et le Niger en conflit ouvert sur l’exploitation des mines d’Arlit
Pour le groupe nucléaire français, cette démarche viole une décision d’arbitrage international rendue en septembre, qui interdisait au Niger de céder les stocks de la Somaïr estimés à 250 millions d’euros. Mais Niamey semble déterminé à ignorer cette injonction, multipliant les contacts avec de potentiels nouveaux acquéreurs.
La rupture entre le Niger et son ancien exploitant minier montre la volonté des autorités de tourner définitivement la page des accords conclus avec Paris. En revendiquant haut et fort le contrôle total de son uranium, Tiani envoie un message sans équivoque : le temps où des acteurs étrangers dictaient les conditions d’exploitation des richesses nigériennes appartient au passé.



