Le Nigeria se retrouve à un tournant budgétaire décisif. Alors que les autorités tentent de stabiliser les finances publiques, les engagements accumulés auprès de la Banque mondiale frôlent désormais les 10 milliards de dollars, un seuil qui relance le débat sur la dépendance du pays aux financements extérieurs. D’après Business Insider Africa, depuis l’arrivée de Bola Tinubu à la présidence en 2023, Abuja a multiplié les demandes de prêts pour soutenir des secteurs en difficulté et relancer plusieurs programmes prioritaires.
Au fil des années, l’économie nigériane a dû affronter une inflation persistante, une monnaie affaiblie par des dévaluations successives et des recettes pétrolières instables. Le pays a également dû absorber des dépenses croissantes liées à la sécurité et à la mise à niveau d’infrastructures vieillissantes. Ces contraintes ont poussé les autorités à solliciter davantage les bailleurs internationaux, une dynamique qui explique en partie l’augmentation récente du recours à la Banque mondiale. Cette trajectoire financière ouvre la voie aux décisions budgétaires annoncées ces derniers mois.
Nigeria et Banque mondiale : un recours intensif aux financements
Les données compilées par divers médias locaux, le Nigeria reste le premier emprunteur africain auprès de l’Association internationale de développement et fait partie des trois plus importants au niveau mondial. Sur trois ans, les prêts de l’IDA représentent près de 7,30 milliards de dollars, tandis que ceux contractés auprès de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement atteignent environ 2,35 milliards.
Les montants engagés cette année se rapprochent des 2,7 milliards obtenus en 2023, même s’ils seraient inférieurs d’environ un tiers par rapport à 2024. La présidence Tinubu a d’ailleurs lancé ses premiers projets dès 2023 avec un ensemble d’emprunts de 2,7 milliards pour quatre initiatives jugées essentielles. À mesure que ces financements se sont accumulés, la dette totale envers la Banque mondiale pourrait atteindre 9,65 milliards de dollars avant la fin de l’année.
Programmes financés par l’IDA et la BIRD et leurs effets sur l’économie nigériane
Les prêts en cours couvrent plusieurs domaines clés. Cette année, une partie des ressources a servi à soutenir la restauration de la production énergétique, l’extension des énergies renouvelables et la mise en œuvre de programmes destinés à améliorer l’éducation des filles et à renforcer l’activité économique des femmes. Ces orientations s’ajoutent à la demande récente d’un nouveau financement de 500 millions de dollars, qui doit être examinée le 19 décembre.
L’ensemble de ces initiatives révèle une volonté de répondre rapidement à des besoins urgents dans des secteurs où les attentes sont fortes. Cependant, l’accumulation rapide de dettes auprès d’une seule institution pourrait susciter des interrogations sur la capacité du pays à diversifier ses sources de financement au moment où les dépenses publiques augmentent.
