La prise de parole récente du ministre des Affaires étrangères, Cheikh Niang, a remis au centre du débat la position diplomatique du Sénégal face aux bouleversements politiques en Afrique de l’Ouest. Intervenant sur une chaîne de télévision privée, il a détaillé l’approche défendue par Dakar au sein de la CEDEAO concernant la situation en Guinée-Bissau, tout en répondant indirectement aux critiques formulées dans l’espace public.
Crise en Guinée-Bissau au sein de la CEDEAO
Selon le chef de la diplomatie sénégalaise, les discussions menées au niveau communautaire après le putsch en Guinée-Bissau ont révélé des divergences marquées entre États membres. Certains pays privilégiaient une ligne dure, tandis que le Sénégal a plaidé pour une approche plus souple afin d’éviter une déstabilisation durable. Cette orientation s’est traduite par l’acceptation, au sein de la CEDEAO, d’une transition proposée par les militaires bissau-guinéens, limitée dans le temps.
Cheikh Niang a insisté sur le fait que cette position visait à préserver un minimum de stabilité institutionnelle et à maintenir un cadre de dialogue, estimant que des décisions perçues comme rigides avaient par le passé fragilisé la crédibilité de l’organisation régionale. Pour Dakar, l’enjeu immédiat restait d’éviter un isolement total de la Guinée-Bissau et de conserver un levier d’influence politique.
Controverses autour du rôle de Dakar
Cette ligne diplomatique intervient alors que le Sénégal se prépare à assurer la présidence de la CEDEAO pour la période 2026-2030. Cette responsabilité confère un poids particulier aux choix défendus par Dakar, notamment sur les questions de gouvernance et de transitions politiques.
Dans le même temps, des accusations portées par l’avocat et militant Juan Branco circulent sur les réseaux sociaux et dans certains médias internationaux. Il affirme que l’attitude de la CEDEAO, avec l’influence du Sénégal, aurait favorisé la consolidation du pouvoir militaire en Guinée-Bissau et empêché la proclamation de résultats électoraux contestés. Ces propos évoquent également des arrestations d’opposants et des soutiens extérieurs présumés.
La crise en Guinée-Bissau révèle les équilibres délicats auxquels la diplomatie sénégalaise est confrontée au sein de la CEDEAO. En défendant une approche fondée sur la flexibilité et le dialogue, Dakar assume un rôle actif qui suscite à la fois attentes et critiques. À l’approche de sa présidence de l’organisation régionale, le Sénégal devra composer avec ces perceptions contrastées, tout en cherchant à affirmer une ligne claire sur la gestion des transitions politiques en Afrique de l’Ouest.


