La suspension des extraditions vers la France continue de provoquer des réactions en chaîne. Après l’annonce officielle faite à l’Assemblée nationale par la ministre de la Justice, un nouvel épisode s’est ouvert avec la publication d’un communiqué du ministère sénégalais, en réponse à des déclarations attribuées à l’ambassadrice de France à Dakar. Les autorités sénégalaises entendent clarifier leur position et recadrer le débat, en insistant sur les principes juridiques et diplomatiques qui guident leur action.
Une réponse fondée sur la réciprocité
Dans son communiqué daté du 15 décembre, le ministère de la Justice rappelle que les échanges entre Dakar et Paris s’inscrivent dans le cadre précis des accords de coopération judiciaire liant les deux États. Les autorités sénégalaises indiquent que le ministère français de la Justice a récemment sollicité la transmission d’éléments déjà versés aux dossiers concernés et officiellement communiqués par les magistrats sénégalais en charge des procédures.
Par souci de conformité aux engagements internationaux, la justice sénégalaise affirme être disposée à transmettre à nouveau ces informations, tout en soulignant qu’il ne s’agit ni d’une entorse aux règles, ni d’un acte exceptionnel. Dakar rejette en revanche toute interprétation laissant entendre l’existence de pressions exercées sur la justice française. Selon les autorités, la démarche engagée relève exclusivement de l’application du principe de réciprocité, considéré comme un droit légitime d’un État souverain dans ses relations judiciaires internationales.
Extraditions, souveraineté et réactions autour des dossiers sensibles
L’exécutif sénégalais présente cette mesure comme une réponse à des blocages constatés dans certains dossiers impliquant des ressortissants sénégalais poursuivis pour des faits graves. Parmi eux figure notamment le cas de Madiambal Diagne, dont les avocats ont publiquement dénoncé une décision qu’ils estiment susceptible d’influencer l’examen de la demande d’extradition le concernant.
Dans son communiqué, le ministère sénégalais va plus loin en exprimant une réserve sur l’attitude de l’ambassadrice de France, laquelle aurait, selon Dakar, relativisé la gravité des faits de corruption et de détournement de deniers publics reprochés à deux ressortissants sénégalais réfugiés en France. Une telle posture est jugée problématique par les autorités, qui estiment qu’elle pourrait être perçue comme un jugement de valeur et, possiblement, comme une ingérence dans des affaires considérées comme majeures par l’État sénégalais.
En toile de fond, cet échange souligne la sensibilité des dossiers judiciaires transnationaux et la difficulté de concilier coopération, souveraineté et attentes de l’opinion publique. Les prochains développements dépendront des réponses formelles apportées par les différentes parties et de l’évolution des procédures en cours, tant au Sénégal qu’en France.



