Sénégal : Deux lectures de la dette entre marchés régionaux et internationaux

Des signaux de tension apparaissent autour de la dette sénégalaise sur les marchés financiers internationaux. Selon plusieurs acteurs du secteur cités par Reuters, certains prêts commerciaux à court terme contractés par le Sénégal font actuellement l’objet de reventes avec des décotes inhabituelles. Cette situation contraste avec la capacité du pays à mobiliser des ressources sur le marché régional, où les émissions de titres continuent d’attirer des souscriptions importantes.

Décotes observées sur les prêts à court terme en euros

Des prêts libellés en euros, arrivant à échéance dès le mois de février, se négocieraient autour de 80 centimes d’euro, voire en dessous de ce niveau. Pour des instruments de dette dont la maturité est très proche, ce type de décote reste peu fréquent. Les sources interrogées estiment que ces conditions traduisent une prudence accrue des investisseurs internationaux, qui s’interrogent sur la capacité du Sénégal à honorer ses engagements financiers, y compris ceux de faible durée.

Cette méfiance intervient alors que le pays fait face à une situation d’endettement jugée préoccupante par plusieurs observateurs. La révélation de plus de 11 milliards de dollars de dettes non déclarées par l’administration précédente a fait grimper le ratio dette/PIB à plus de 119 %. Dans ce climat, le Fonds monétaire international a suspendu, l’an dernier, un programme de financement de 1,8 milliard de dollars accordé au Sénégal, en attendant des clarifications sur l’ampleur réelle de la dette publique.

Contraste avec les succès des APE

Parallèlement à ces tensions observées à l’international, l’État sénégalais continue de lever des fonds sur le marché régional de l’UEMOA. Les autorités ont récemment lancé un appel public à l’épargne de 400 milliards de francs CFA pour la fin de l’année, une opération qui s’inscrit dans une dynamique où les titres publics sénégalais trouvent régulièrement preneur auprès des investisseurs régionaux.

Cette situation repose sur des logiques différentes. Les investisseurs locaux opèrent dans un cadre monétaire et réglementaire spécifique, avec des mécanismes de refinancement et une histoire de remboursements réguliers des États de la zone. À l’inverse, les marchés internationaux fonctionnent sur une appréciation plus stricte du risque, intégrant l’endettement global, les échéances rapprochées et l’absence, à ce stade, d’un programme actif avec le FMI.

La coexistence de ces deux réalités illustre la complexité actuelle de la situation financière du Sénégal. D’un côté, le pays parvient à mobiliser des ressources sur son marché régional ; de l’autre, il fait face à une perception plus prudente de sa signature sur les marchés internationaux. L’évolution de ces indicateurs dépendra notamment des décisions à venir en matière de gestion de la dette et des discussions engagées avec les partenaires financiers.

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