La Journée des martyrs du 7 décembre a offert à Ousmane Sonko une tribune stratégique pour réorienter son mouvement et préciser sa place dans l’échiquier politique actuel. Devant ses partisans, le Premier ministre a appelé à une mobilisation nationale autour de PASTEF, tout en affirmant sa pleine éligibilité aux prochaines échéances électorales. Ce positionnement public survient alors que les relations entre Sonko et le président Bassirou Diomaye Faye connaissent de nouveaux ajustements, alimentés par des décisions récentes et des divergences assumées.
Consolidation affirmée du parti majoritaire, PASTEF
Même si un décret du 4 décembre renforce les prérogatives du Premier ministre et élargit son champ d’action institutionnel, un signal contraire a été envoyé par la présidence : la direction de la coalition “Diomaye Président” a été confiée quelques semaines plus tôt à Aminata Touré, succédant à Aïda Mbodj, réputée plus proche de Sonko. Ce changement a relancé les interrogations sur l’équilibre interne du pouvoir et sur la capacité des deux dirigeants à maintenir une dynamique commune.
Lors de son intervention, Ousmane Sonko a présenté un plan d’expansion ambitieux pour PASTEF. Il a demandé à ses militants de constituer une “armée civique” capable d’atteindre un million d’adhérents actifs d’ici fin 2026. Ce projet repose sur la revitalisation d’au moins dix mille cellules locales, invitées à agir comme des structures de vigilance citoyenne. Selon lui, chaque adhésion doit représenter un engagement direct pour la gouvernance éthique et la souveraineté nationale.
En parallèle, Sonko a tenu à rappeler que son parcours politique n’est pas dissociable du soutien que lui a apporté Bassirou Diomaye Faye, évoquant l’emprisonnement de ce dernier durant onze mois avant la présidentielle de 2024. Il a parlé de divergences réelles mais tempérées par la reconnaissance d’un engagement partagé. Ce rappel historique relie les tensions actuelles à un passé commun qui continue de peser sur leurs interactions.
Ambitions électorales et équilibre du duo
En déclarant publiquement qu’il reste éligible à toutes les échéances futures — locales, législatives ou présidentielles — Ousmane Sonko a dissipé toute ambiguïté sur ses intentions. Cette affirmation résonne particulièrement au moment où la présidence et la primature réajustent leurs zones d’influence. Les directives données à PASTEF, combinées aux perspectives électorales assumées, redéfinissent la place du Premier ministre dans la trajectoire politique du pays.
Le président Faye, de son côté, poursuit la structuration de son réseau politique, ce qui peut être perçu comme une volonté de rééquilibrer la relation au sommet de l’État. La présence de points de friction entre les deux dirigeants ne les empêche toutefois pas de maintenir un lien personnel que Sonko qualifie d’essentiel. Les choix faits ces derniers jours montrent néanmoins que l’architecture du pouvoir évolue selon des lignes plus affirmées qu’auparavant.
La sortie de Sonko lors de la Journée des martyrs met en évidence une double dynamique : une consolidation interne de PASTEF avec des objectifs chiffrés et une clarification de son rôle dans les batailles politiques à venir. Les gestes institutionnels posés par la présidence ajoutent une nouvelle dimension à cette recomposition, révélant une relation faite de coopération, de rivalité contenue et d’ambitions désormais explicites.



