La décision du gouvernement sénégalais de geler les extraditions vers la France continue de susciter des réactions. Annoncée par la ministre de la Justice, Yacine Fall, lors de l’examen du budget 2026 à l’Assemblée nationale, cette mesure est présentée par l’exécutif comme une réponse à des blocages observés dans certains dossiers judiciaires impliquant des ressortissants sénégalais. Les avocats de Madiambal Diagne, directement concernés par l’une de ces procédures, ont publié un communiqué pour dénoncer une décision qu’ils jugent de nature à influencer l’examen de la demande d’extradition visant leur client.
Une forme de pression selon les avocats
Les conseils de Madiambal Diagne remettent en cause la portée de la suspension décidée par Dakar. Ils estiment qu’elle s’apparente à une pression exercée sur les autorités françaises, alors que la demande d’extradition reste en cours d’examen. Selon eux, la chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Versailles a appliqué les règles prévues par la convention de coopération judiciaire signée entre le Sénégal et la France en 1974.
Par une décision rendue le 25 novembre 2025, la juridiction a indiqué ne pas disposer, à ce stade, des éléments nécessaires pour statuer. Les magistrats ont relevé plusieurs insuffisances, notamment l’absence de précisions sur la période et les lieux des faits reprochés, ainsi que des difficultés à comprendre la qualification exacte des infractions. Ces éléments sont jugés indispensables pour poursuivre l’instruction.
La cour a demandé aux autorités sénégalaises de fournir des compléments détaillés au plus tard le 23 janvier 2026. Une audience est prévue le 3 février prochain afin de statuer sur la demande d’extradition. Les avocats soulignent que les attentes de la justice française ont été clairement formulées et que la procédure suit un cadre précis.
Portée politique de la décision gouvernementale
La défense interprète la suspension des extraditions comme une décision à forte portée politique. Les avocats estiment que ce choix traduirait une difficulté à réunir les éléments exigés par la juridiction française. Ils avancent que la chambre de l’instruction aurait pu rendre dès à présent un avis défavorable, compte tenu des lacunes relevées dans le dossier.
Le gouvernement sénégalais justifie pour sa part cette mesure par l’application d’un principe de réciprocité, évoquant des blocages persistants côté français. La ministre de la Justice a cité deux dossiers emblématiques sans en détailler le contenu, ce qui alimente le débat autour de l’équilibre entre coopération judiciaire et décisions souveraines.
L’affaire Madiambal Diagne demeure ainsi au centre d’échanges mêlant considérations juridiques et choix politiques. Les prochaines décisions dépendront des éléments transmis par le Sénégal et de l’issue de l’audience prévue début février, dans un climat où la coopération judiciaire entre Dakar et Paris reste scrutée de près.



