La direction du Fonds monétaire international a annoncé la prise de fonction prochaine de Mercedes Véra Martin comme cheffe de mission pour le Sénégal. Elle prendra ses responsabilités au début de l’année 2026, après avoir occupé le même rôle pour la Zambie. Cette évolution intervient alors que les finances publiques sénégalaises continuent d’être examinées avec attention depuis la mise au jour, en 2024, de montants d’endettement non répertoriés estimés à plus de 11 milliards de dollars, révélations qui avaient conduit l’institution à suspendre temporairement ses financements tout en accordant un différé de paiement.
Forte pression de la dette
Les indicateurs publiés récemment par la Banque mondiale sur la dette mondiale montrent que le Sénégal figure parmi les pays où la charge des intérêts est la plus lourde par rapport aux exportations et au revenu national brut. Le poids des remboursements occupe une place croissante dans les recettes de l’État. Il relève une structure dominée par 60 % de créanciers publics, composés de partenaires multilatéraux comme l’IDA et la BAD, mais aussi d’États tels que la France et la Chine. Les créanciers privés constituent les 40 % restants, avec une présence marquée des obligations internationales et des banques commerciales.
La nomination de Mercedes Véra Martin intervient alors que ces données récentes ravivent les débats sur la trajectoire budgétaire du Sénégal. La suspension de l’aide financière du FMI, décidée après la découverte des engagements non déclarés, avait renforcé l’attention portée à la transparence et à la gestion de la dette. La nouvelle responsable aura notamment la tâche d’assurer le suivi du programme en cours, tout en dialoguant avec un gouvernement qui souhaite renforcer ses marges de manœuvre internes.
Rééquilibrage financier et enjeux de gouvernance économique
Les tensions nées des révélations de 2024 ont poussé les autorités à revoir leurs priorités. Le PRES, présenté comme un levier pour sécuriser des financements endogènes sur une période de trente mois, est conçu pour alléger les besoins de recours international. Ce choix pourrait déterminer la manière dont le FMI et le Sénégal redéfiniront leur relation de travail à partir de 2026. Le Premier ministre Ousmane Sonko lors du méga meeting du 8 novembre dernier, avait pour rappel, déclaré que la restructuration souhaitée par le FMI ne correspondait pas à la ligne retenue par son gouvernement.
L’arrivée de la nouvelle cheffe de mission survient au moment où le pays tente de stabiliser ses indicateurs et de relancer l’action publique. La charge des intérêts, le poids des créanciers privés ou encore la répartition complexe du portefeuille de dette exigent un pilotage attentif. Le FMI restera un acteur clé pour accompagner la clarification des finances publiques, même si l’exécutif sénégalais affirme vouloir donner la priorité aux capacités propres du pays.
La période qui s’ouvre sera déterminante pour l’équilibre économique national. La coopération entre l’institution de Washington et Dakar se poursuivra dans un environnement marqué par des choix politiques forts, une nécessité de consolidation financière et une vigilance accrue de la population. Les premières actions de Mercedes Véra Martin seront observées de près, tant pour la gestion du programme existant que pour le dialogue qu’elle instaurera avec les autorités sénégalaises.



