Arrêté à l’aéroport du Bourget le 24 août 2024, Pavel Durov avait passé quatre jours en garde à vue avant d’être mis en examen pour une série d’infractions liées à sa plateforme Telegram, notamment des accusations de complicité dans la diffusion de contenus pédopornographiques et de trafic de stupéfiants. Contraint de verser une caution de 5 millions d’euros et interdit de quitter le territoire français pendant plusieurs mois, le fondateur de la messagerie cryptée n’a retrouvé sa pleine liberté de mouvement qu’en novembre 2025, après avoir été interrogé à trois reprises par les juges d’instruction. C’est désormais sur le terrain politique que l’entrepreneur franco-russe choisit de riposter, en s’attaquant directement au président Emmanuel Macron qu’il accuse de transformer l’Union européenne en « goulag numérique ».
Pavel Durov accuse Emmanuel Macron de censure via le Digital Services Act européen
Sur le réseau social X, le patron de Telegram a vivement critiqué le chef de l’État français, l’accusant de vouloir étouffer les voix dissidentes sur internet. Durov pointe du doigt deux dispositifs réglementaires européens : le Digital Services Act (DSA), qui encadre la modération des contenus sur les grandes plateformes, et le projet « Chat Control », destiné à permettre la surveillance des messageries privées pour lutter contre les contenus pédocriminels.
Pour l’entrepreneur, ces instruments ne sont rien d’autre que des outils de censure et de surveillance de masse. « Confronté à des taux de popularité extrêmement bas, Macron tente de faire taire les critiques en ligne », a-t-il affirmé, estimant que le président français chercherait à museler ses opposants par le biais de ces réglementations.
La guerre entre Telegram et les autorités françaises se déplace sur le terrain politique
Cette charge frontale prolonge les tensions accumulées entre Durov et Paris depuis son interpellation. Lors de son interview accordée à Tucker Carlson en juin 2025, il avait déjà comparé l’Union européenne à l’URSS « en termes de degré de non-liberté » et qualifié son arrestation de préjudiciable à l’image internationale de la France.
L’homme qui avait quitté la Russie en 2014 après avoir refusé de céder aux pressions du Kremlin concernant sa plateforme VKontakte souligne régulièrement l’ironie de sa situation : jamais inquiété par Moscou, il a été arrêté dans un pays occidental. Malgré cette posture combative, Telegram a considérablement renforcé sa coopération avec la justice française, passant de 4 réponses aux réquisitions judiciaires au premier trimestre 2024 à 673 au dernier trimestre de la même année.



