{ic_doc} Donc ils ont osé. Ils ont osé le braver. {/ic_doc}
Aux traditionnelles fleurs qu’ils lui envoyaient, aux flagorneries éternelles dont ils avaient l’habitude de le couvrir, ils préfèrent désormais lui jeter des cactus, lui faire sentir leur fiel. Le « G13 » – le groupe de treize députés – qui, il y a peu, s’aplatissait au moindre de ses hoquets, joue aujourd’hui aux spectres teigneux.
Et pourtant, on nous avait annoncé, au début de la législature, une alliance en béton entre les deux partis. Je revois Edmond Agoua, du haut de ses cheveux poudrés des neiges de l’Himalaya, jurer sur la foi des « assin » de ses ancêtres, son amour féroce pour Yayi. Je me rappelle les serments répétés de Issa Salifou, sur ses intentions de soutenir, au prix de son précieux sang, les œuvres du président. J’ai encore en mémoire les paroles de « l’intellectuel » Rashidi Gbadamassi, avec sa ronflerie habituelle, sur sa passion bouillante pour le locataire du palais de la Marina. Il y a eu même entre les deux camps, cette avilissante procuration accordée aux députés de la FCBE pour que les voix des uns soient utilisées et comptabilisées comme celles de la majorité présidentielle. Les gabonais appellent ça « vendre sa honte aux chiens ».
Mais tout le monde sait, à commencer par eux-mêmes, que ces engagements sentaient l’odeur et la fausseté de l’hyène, qu’il suffise que l’un des deux partis mette un coup de canif dans le contrat pour que l’amour prenne feu.
Et il a pris feu. Comme d’habitude, dans ce cas, chacun traite son conjoint de pyromane, chacun veut montrer à l’autre toute sa capacité de nuisance. L’un a engagé, avec prestation d’huissier, un sprint derrière un membre du G13 au motif qu’il aurait carotté l’intimité d’une petite vierge. L’autre accuse ses partenaires d’hier de folâtrer avec l’opposition au point d’avoir positionné ses protégés à la tête de la CENA. Et comme dans un ménage où tout fout le camp, les casseroles ont commencé à voler bas, les fourchettes sont aiguisées pour crever les yeux, tandis qu’attendent, dans l’arrière-cour, les couteaux et les sabres pour les grosses entailles meurtrières. Bref, le diable est en train de prospérer dans les deux camps et on attend, dans les jours à venir, la déflagration finale.
Le week end dernier à Glazoué, les deux ennemis intimes se sont retrouvés sur le même terrain. L’un, pour prouver qu’il ratisse toujours large ; l’autre, pour montrer que le peuple est avec lui. Images irréelles d’hommes politiques aux ambitions courtes et aux idéaux au ras du sol, instrumentalisant les populations à des fins de puissance factice dans une démonstration qui ne convainc finalement que leur vacuité.
Des populations qui peuvent souffrir d’insuffisance de salle de classes dans les écoles, de délestage d’électricité, de la vie chère, de grèves perlées, de tout. Les populations qui peuvent trimer, ahaner sur le poids de la misère et des contraintes quotidiennes. Des populations qui doivent se contenter finalement de leur sort de damnés de la terre.
Dans ce carnaval honteux, il se trouve des gens qui estiment que c’est de leurs droits – entendu le droit du gouvernement qu’il représente – de se comporter de la sorte. Il s’agit de Désiré Adadja, ce technocrate souriant à qui tout le monde prêtait un peu d’intelligence. Aveuglé par sa position, ignorant les abécédaires de la courtoisie, il s’est lancé dans une rhétorique qui, non seulement, le rappetit, mais le rend indigne de la considération qu’on lui affectait. Kérékou a un nom pour désigner ça : « intellectuel ta… ». Mais il nous dira, le Adadja, qu’avant lui, d’autres l’ont fait. Et il aura raison, car là-dessus, il n’aura personne à convaincre. Sauf son chef. Qui, peut-être, ne lui demandait pas tant !
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