Les dérives verbales de Soglo et Hountondji

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En réaction à l’intervention du président Nicéphore Soglo, il y a quelques jours, sur la même chaîne internationale, le ministre porte-parole du gouvernement, Jean-Alexandre Hountondji est intervenu hier sur les antennes de Rfi

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 Comme la réponse du berger à la bergère, dans le même ton que le maire de Cotonou… et prenant naturellement fait et cause pour le pouvoir, le ministre porte-parole s’est vivement lancé dans des critiques acerbes, aussi bien contre l’ancien président de la République et son passage à la magistrature suprême de 1991 à 1996, qu’envers les autres leaders politiques qui étaient à ses côtés à l’occasion de leur déclaration commune le 12 mars dernier. Ces déclarations va-t-en guerre doivent plutôt réjouir, surtout pour la vitalité de la démocratie béninoise. Elles obligent ainsi les animateurs potentiels de la vie politique à sortir de leur longue léthargie et jouer le rôle qui est le leur en se prononçant sur les problèmes de la nation. De même, elles sont une occasion pour le pouvoir en place de cesser de verser dans la facilité et devoir défendre les actes qu’il pose au nom des Béninois. Afin de permettre à nos lecteurs de mieux appréhender la violence de leurs propos, nous leur proposons l’intégralité de leurs déclarations respectives.

Interview de Nicéphore Soglo à Rfi

« Depuis quelques temps, à notre grande surprise, l’homme que nous avons aidé à succéder à Mathieu Kérékou, ne croit absolument pas à la démocratie.»

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Christophe Boisbouvier : Monsieur le Président Bonjour

Nicéphore Soglo  : Bonjour

Pourquoi dites – vous que la démocratie béninoise est menacée ?

Je crois que depuis quelque temps dans notre pays , à notre grande surprise l’homme que nous avons aidé vraiment à succéder au Général Kérékou ne croit absolument pas à la démocratie.. Il pense fondamentalement que les peuples noirs ne sont pas mûrs pour la démocratie. C’est ce que disait un célèbre président de votre pays

Jacques Chirac ?

Oui, comme vous le savez ! Mais là , il applique ce qu ‘il a vu de mon point de vue au Togo. Hier un ami universitaire togolais a dit sa surprise de voir à quel point les programmes des chaînes de télévision nationales du Bénin ressemblaient comme deux gouttes de larmes à ceux des télévisions togolaises du temps béni de feu Eyadéma père. C’est un one man show permanent sur les 4 chaînes de télévision et on ne montre que des soutiens apportés au chef de l’ Etat , meetings, marches , messes , créations de groupuscules et nous on est stupéfait . Je le dis d’autant plus que le Togo est en train de faire un effort que nous avons salué. Le jeune Faure est en train petit à petit avec les autres partis politiques de jeter par-dessus bord les oripeaux de ce qui avait malheureusement handicapé ce pays frère et ami. Vous savez que le Togo nouveau du temps de Eyadéma père c’était la Nouvelle marche. Eyadéma père, le guide, le timonier. On a le sentiment que nous avons repris à notre compte tout cela. Le Togo nouveau est devenu le Bénin émergent. Il y a des marches comme au bon vieux temps de l’animation dans le pays voisin. Et nous n’avons pas un guide, timonier, nous avons un messie.{mospagebreak}

Donc, ce qui vous inquiète le plus, ce sont les attaques à la liberté de la presse ?

Non seulement, mais à la liberté tout court. Il y a même maintenant, comme le dit l’écrivain Couao-Zotti, il y a des professions de circonstances qui se développent partout. Il y a des marcheurs, des rassembleurs, des fournisseurs de hauts parleurs, même de pure water et des lecteurs de motions qui s’agitent partout.

Vous êtes très sévères tout de même. N’y-a-t-il pas une démocratie au niveau local ? Les législatives dernières n’ont-elles pas été transparentes ?

Je vais vous dire ceci pour Yayi Boni. C’est un membre de notre parti que nous avons envoyé précisement à la Boad. Eh bien, il a le complexe de dire qu’il faut tuer le père pour exister. Alors , je suis un peu surpris car ce qui me parâit fondamental, c’est la démocratie. Car sans la démocratie, il n’y a pas de développement.

Est- ce que justement, sur le plan des élections et de la transparence, il n’y a pas encore de la démocratie dans votre pays ?

D’abord, il y a l’achat de conscience qui est devenu quelque chose d’ahurissant. Les membres du gouvernement, alors que nous sommes encore en période électorale, se promènent partout et distribuent de l’argent partout, parce que la misère est là après 10 ans de Kérékou. Maintenant, les programmes des micro-finances sont utilisés pour acheter les consciences, et c’est le Président même qui distribue de l’argent. Mais nous allons lui barrer la voie. Faites-moi confiance.

Pourtant, il y a un mois, le Président Georges Bush en visite au Bénin avait fortement félicité Yayi Boni pour ses efforts en faveur de la bonne gouvernance ? Est-ce que ce n’est pas le signe que tout n’est pas mauvais dans la politique de Boni Yayi

Quand Bush était venu, c’est vrai, je n’y étais pas, mais il m’a envoyé un cadeau. Alors, je lui ai dit, si vous êtes bien informé attention, il y a un mauvais tournant dans ce qui se passe actuellement dans notre pays.

N’y-a-il pas quand même des hommes d’affaires corrompus qui sont poursuivis par la justice et qui ont même été jetés en prison depuis l’arrivée de Boni Yayi?

Ce n’est pas moi qui ai poursuivi. C’est à Cissé qu’il faut dire. En tout cas, nous sommes pour la lutte contre la corruption. Mais j’ai le sentiment que c’est devenu une sorte de ce que faisant Kérékou pendant la révolution. Et c’est une technique que Mobutu utilisait dans son discours

Regrettez –vous , il y a deux ans d’avoir appelé à voter pour Boni Yayi contre Houngbédji ?

Honnêtement, je dis qu’entre plusieurs maux, il faut choisir le moindre

A l’époque, vous pensiez que Boni Yayi était le moindre mal ?

A mon avis

Aujourd’hui, vous avez changé d’avis ?

Vous savez, quand un enfant naît, il faut l’aider à grandir et le laisser faire ses premières expériences, car il peut y avoir des succès et des échecs. Mais à partir d’un certain niveau, tous ceux qui l’ont aidé à venir au pouvoir, l’ont aidé financièrement, ou politiquement ont été déçus. Vous savez, j’ai signé un accord, et il m’a dit que c’est un chiffon

Voulez-vous dire que Yayi Boni n’a pas respecté l’accord que vous avez signé avec lui ?

Ça, c’est un secret de polichinelle. Et nous n’étions pas les seuls, car il a aussi traité tous les autres accords comme des chiffons.

C’est dire qu’il y avait des postes ministériels et que Boni Yayi n’a pas tenu parole après?

Non, il n’y avait pas que ça, il y avait aussi des réformes fondamentales à respecter, comme la liste électorale informatisée, première des choses que nous avions demandée, sans compter qu’il fallait respecter les lois sur la décentralisation. Alors , il n’avertit personne et fait ce qu’il veut, ce que nous ne tolérons pas.

 

Propos reconstitués sur Internet par Christian Tchanou

 

 

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