Chèques postaux de Ganhi

Le calvaire des retraités se poursuit et  s’aggrave

Les retraités  béninois dont les  pensions sont domiciliées   au Centre des chèques postaux de Ganhi, à Cotonou, vivent un calvaire inqualifiable depuis peu. Le dernier survenu en fin de mois de mars a failli tourner au vinaigre si les responsables des lieux  n’avaient  pas tôt fait d’écourter  les traditionnels dysfonctionnements  qui y ont cours.

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Jeudi 27 mars 2008. En cette matinée ensoleillée, le tableau est saisissant et  pitoyable  dans le  hall du  Centre des  chèques postaux sis à Ganhi, à Cotonou. Il est 11 heures.  Les nombreuses personnes  âgées qui y sont massées attendent toujours d'être servies aux guichets. Point de payement jusque-là. Tout est plat. Cause évoquée : coupure du courant de la Sbee. " Une coupure curieusement circonscrite à ce seul  centre " murmure quelqu'un dans la foule.
 Nombreux dans les 4 files formées devant les guichets,  des vieillards croupissent de chaleur et de fatigue. Ils  sont  surtout  anxieux à l'idée  de retourner  bredouille le soir à la maison.  Les minutes s'égrènent. La situation demeure telle. Ça  gronde   de plus en plus. " Ce qui se passe dans cette maison est inacceptable, mais aujourd'hui, on verra qui est qui " lance, tout furieux, un retraité, qui, malgré ses 75 ans tient encore sur ses jambes. Mais d'autres sont  par contre à terre, les regards perdus, tantôt accroupis, tantôt tenus par l'épaule.  Sous le poids de l'âge, couchées   de  tout leur long  à même le sol, certaines  femmes ne veulent pas cependant céder au désespoir.  Elles  se disent  déterminées à aller jusqu'au bout de leur peine, cette fois-ci.
 Il  s'en va être 12 h30. Sonne alors l'heure de la fermeture des bureaux pour le compte de la matinée. Mais rien n'y fit.  "Personne ne bouge" menace un retraité à l'endroit du personnel du centre. Toute la foule lui emboîte le pas en scandant des slogans hostiles aux responsables. D'autres  retraités, entre-temps, partis prendre de l'air dehors regagnent le hall    et  gonflent  le nombre.  Une horde de policiers  alertés   par les responsables du centre, débarquent dans  le hall  pour empêcher  d'éventuelles dérives.

Pas de courant, pas de sous
 Le retour du courant  de la Sbee  se fait toujours attendre. Ce qui ravive la colère des retraités. " Sans le courant, l'on ne saurait traiter aucune  pension  dans  les ordinaires " explique un agent technique. Les retraités présents en sont bien  conscients  mais n'attendent pas se faire renvoyer à un autre jour. Les cheveux grisonnants, visiblement déprimés par les vicissitudes de la retraite, portant de vieux habits délavés et de vieilles chaussures usées, Baba Aliou  a un ventre si plat qu'on dirait qu'il n'a rien mangé depuis le matin. Mais, il  a encore la force de bouder. " Si Yayi Boni pouvait venir ici, il m'entendra", rouspète-t-il.
 Assise sur un vieux divan du hall, chevelure blanche comme la neige,  Georgette Kocou dégaine : " Ce qui se passe ici est une honte et une injure aux personnes âgées ". Son visage  est plein de  sueur en cette torride mi-matinée. Expression d'un     épuisement après  moult aller et retour, de son  domicile du quartier Cocodji, à l'autre bout de Cotonou, jusqu'au centre des  chèques postaux. La veille, elle a dû passer toute la journée sur les lieux sans être servie. Ils sont nombreux  dans le cas.  Et ne cachent plus leur désarroi en ce deuxième jour de calvaire ; où  à cause d'une panne électrique, ils risquent de revivre la même et triste situation.  Et il en aurait été ainsi, si les autorités  de cette direction n'avaient pas compris qu'il fallait mettre en marche le groupe électrogène de la maison. Mais ici, également, les retraités doivent  attendre encore des heures durant pour que les techniciens sollicités arrivent à faire fonctionner cette grosse machine oubliée dans un enclos du centre. Environ 6 heures d'horloges de réparation et de révision technique sous les regards impatients des retraités. Le payement des pensions commence enfin. Au-delà de 18h30 pour se terminer tard dans la nuit.

 " Traitement inhumain "
 Etre payé au plus tard le 27 du mois pour ces   anciens fonctionnaires  de l'Etat, comme l'a toujours recommandé la direction générale de la Cnss, est encore de la fiction à cette trésorerie. Alors, Ils ne cessent de fustiger " le traitement inhumain " dont ils se déclarent l'objet  et qui commencent par les "agacer ".  Visiblement très remontés contre  les autorités maison, souhaitant même leur départ collectif sans condition,  et montrant méchamment du doigt  certains responsables,  des retraités, dénoncent  avec véhémence les déprogrammations interminables des paiements de pensions à chaque fin de mois. A certains moments, c'est à tout le personnel qu'ils  s'en prennent pour exprimer leur ras-le bol. Tenant à peine sur leurs jambes, ils ne comprennent pas que non seulement on tourne en bourrique tous les retraités qui viennent prendre leur argent à la fin du mois, mais que de plus, ils soient traités de tous les noms par certaines dames qui les servent au guichet " Nous empruntons de l'argent à nos voisins pour venir ici toucher nos pensions. Et quand on vient, on nous dit, avec un certain mépris, de repartir sans aucune excuse. Parfois, ce sont des injures que nous recevons.  Certains n'hésitent pas à nous traiter de pauvres, de malheureux, de maudits. C'est comme ça que nous, fonctionnaires de l'Etat qui avons servi avec loyauté la République, sommes récompensés ! C'est triste, ce n'est pas normal ! ". Claude Adogbé, ancien  cadre administratif a  la terreur au visage  quand il en parle. Assis sur un des nombreux bancs  installés à l'arrière cour, d'autres retraités mécontents préfèrent  requérir l'anonymat par crainte d'une rétorsion, car " le paiement de nos pensions peut être bloqué ".
" Ce que nous souhaitons, c'est que tous nos retraités soient payés rapidement, que l'argent arrive effectivement aux retraités "  soutient un haut responsable de cette caisse qui dit prendre la mesure de cette situation bien grave qui ne fait que perdurer.

 
Christian Tchanou

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