Le décès de Monseigneur Lucien Monsi Agboka survenu ce dimanche est un triste évènement qui sonne la fin d’un riche parcours terrestre. La diocèse d’Abomey et tout le Bénin pleureront pour longtemps ce grand homme de Dieu et ce prélat si proche des hommes.
Originaire d’Agoué, ville frontalière entre le Bénin et le Togo, Lucien Monsi Agboka, s’était rendu célèbre au Bénin et en Afrique grâce à ses œuvres charitables et sociales en faveur des couches vulnérables de la société. Dans le département du Zou où il a longtemps servi, les témoignages abondent dans le même sens. Une seule phrase les résume, « Beaucoup de femmes, autrefois petites filles déshéritées lui doivent aujourd’hui leur émergence et leur épanouissement social » Le prélat, tout au long de son mandat à la tête de la diocèse d’Abomey, a construit de nombreux foyers d’accueil pour l’hébergement des jeunes élèves et apprentis ouvriers dans tout le Zou.
L’idée de se mettre résolument au service des personnes démunies vient d’une scène qu’il racontait souvent, de son vivant. Une scène qu’il aurait autrefois vécue dans la rue et qui l’a profondément marquée. Un évènement plutôt triste : un élève venait de se faire vider par son propriétaire pour non paiement de loyer... Une éjection pour le moins sévère, avec cahiers, livres et vêtements directement jetés à la rue. Monseigneur Agboka a bien sûr récupéré le malheureux garçon, mais une autre idée venait de germer dans son esprit : construire autant de foyers que possible afin d’éviter pareille mésaventure aux nombreux autres garçons désireux de poursuivre leurs études à Abomey. Tout le Zou est redevable aujourd’hui à cet homme qui n’est pourtant pas fils du terroir. Expression d’un patriotisme à outrance qui caractérisait le prélat ; il se voulait toute sa vie, ardent défenseur des droits de l’homme, des femmes et des enfants, surtout en situation difficile. Il fut même partie des précurseurs de l’actuel code des personnes et de la famille en vigueur et a travaillé ardemment aux côtés des acteurs de la société civile et des institutions politiques pour sa concrétisation. Ses œuvres sociales combien inestimables témoignent de son amour profond pour l’homme et pour sa patrie qu’il a tant contribué à faire grandir dans la foi divine.Christian Tchanou.
Encadré
Un parcours peu ordinaire!
Originaire d’Agoué, Lucien Monsi Agboka vit le jour le 03 juin 1926. Il commença ses études à l’école Notre Dame de Cotonou en 1934. Grâce au Père Poidevineau, fondateur de l’église St Michel de Cotonou, il fit son entrée au petit clerc le 1er avril 1940. C’est là qu’il rencontra celui qui deviendra plus tard son confrère dans l’épiscopat, Mgr Nestor Assogba. Après onze ans au petit Séminaire de Ouidah (de 1943 à 1954), il fut envoyé à Rome par le responsable de ce petit séminaire pour la poursuite de ses études. Là, il fut ordonné prêtre avec Mgr Assogba et Père Alfred Quenum par Mgr Sigizmondi le 21 décembre 1957. De retour au Bénin le 06 septembre 1958, il est affecté à Bohicon le 1er octobre 1958 comme vicaire. De 1960 à 1962, il va assumer la tâche de professeur et de préfet de discipline au collège Père Aupiais. Il est ensuite affecté à la direction des œuvres avant d’être nommé évêque et sacré le 18 Avril 1963, puis intronisé à Abomey le 21 juillet de la même année. Et il y restera jusqu’en 2003. Appelé à faire valoir ses droits à la retraite, le prélat se retira depuis le 25 janvier 2003 à Ouidah, sa ville natale, dans un coin magnifique... La mer à 200 mètres, la lagune à 6 mètres, et lui, au milieu... Ce domaine appartenait autrefois à son père, installé dans la région de Djègbadji pendant la période coloniale.