Echiquier politique béninois

Pourquoi les partis manquent-ils d’envergure nationale
Au-delà du cafouillage qui a caractérisé les dernières élections communales et municipales en République du Bénin, elles ont cependant le mérite de révéler une fois encore le caractère régional des partis politiques. Même les prétendus grands partis n’ont point dérogé à ce triste constat. Est-ce par manque d’ambition ou de moyens ?

Déjà dix-huit ans de démocratie et la plupart des  formations politiques béninoise n’ont véritablement d’assise nationale. Ils se confinent tous dans les frontières de la région d’origine du leader. Les multiples joutes électorales successives qui parsèment l’aventure démocratique entreprise depuis 1990 étayent à merveille ce fait. Puisqu’elles ont révélé la mainmise de certaines formations politiques dans le fief du président du parti. Le Parti du renouveau démocratique (Prd) de Me Adrien Houngbédji n’est jamais arrivé à faire un large score en dehors de son Ouémé natale sur le territoire nationale. Idem pour le Parti social démocrate (Psd) de Bruno Amoussou qui est natif du département du Couffo. Le Madep du richissime homme d’affaires, Séfou Fagbohoun, n’échappe pas à cette logique, puisqu’il dame toujours le pion à ses adversaires politiques dans la zone du plateau. La Renaissance du Bénin (RB) du clan Soglo, si, à un moment de l’histoire elle a eu une aura nationale, depuis 1996, date à laquelle elle a perdu le pouvoir, elle est réduite aux villes d’Abomey, de Bohicon et de Cotonou. C’est la même situation au niveau des partis Fard Alafia, Car-Dunya et consorts. Aujourd’hui, le constat est davantage frappant avec les dernières municipales. En effet, on note aisément que la plupart de ces partis politiques n’ont présenté de candidats que dans leurs régions d’obédience. A l’analyse, on se rend compte que c’est par manque de moyens plus que par ambition que ces partis n’arrivent pas à assoire une hégémonie nationale. Cela se justifie avec l’exemple de la Rb notamment. Lorsque cette formation politique  était au pouvoir, elle a eu la cote dans  tout le Bénin. Bien que n’étant pas des partis, mais plutôt des alliances de partis et de mouvements, l’Union pour le bénin du futur (Ubf- regroupement ayant soutenu le général Kérékou) et les Forces cauris pour un bénin émergent (Fcbe- soutiennent actuellement le Dr Boni Yayi)  ont pu couvrir tout le territoire national. Or, toutes ces trois formations politiques ont un point commun : c’est d’appartenir ou d’avoir appartenu à la mouvance présidentielle. Ce qui implique que lorsque le pouvoir est du côté d’un parti, celui-ci dispose d’assez de moyens pour étendre ses tentacules dans toutes les contrées du pays. Le fait est enfin corroboré par l’état dans lequel se retrouve la Rb et l’Ubf une fois qu’ils ne sont plus proches du pouvoir. Si au pis des cas, ces formations ne disparaissent pas tout simplement, au mieux, elles éclatent  pour s’apparenter à des clubs électoraux. Toute chose qui ne contribue guère à la vitalité de la démocratie au Bénin, contrairement au point de vue des acteurs politiques eux-mêmes. Il est donc à souhaiter que les partis politiques prennent conscience de leur manque de moyens et qu’ils optent pour des regroupements beaucoup plus représentatifs.

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Benoît Mètonou

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