Leçon de la majorité à Yayi (encadré)

/food/yayi.jpg » hspace= »6″ alt= » » title= » » border= »0″ style= »float: right; » />Les députés de l’Assemblée nationale ont rejeté majoritairement, 36 voix pour et 47 contre, le rapport d’activité du président de l’institution, Mathurin Nago. Un score qui sonne le glas de la majorité parlementaire précédemment en faveur du pouvoir. Celle-ci change ainsi de camp et se retrouve du côté des adversaires du régime. Du moins pour l’instant.

Des explications  des députés qui ont voté contre le rapport, un constat se dégage. Le rejet ainsi exprimé n’est pas dirigé contre la personne du président, encore moins contre son rapport, mais répond à une logique politique donnée. En d’autres termes, il a uniquement pour finalité de transmettre un message politique à qui de droit.  À travers ce vote, la majorité qui vient  de s’exprimer a voulu s’adresser au chef de l’Etat, via le président du Parlement qui est du même camp politique que lui. Les anciens alliés de Boni Yayi, réunis au sein du G4 et  G13, ont décidé de mettre à exécution leurs menaces de ces dernières semaines diversement exprimées par des déclarations et des communiqués de presse.  Le vote du vendredi dernier en est donc la concrétisation. Le G4, le G13 et compagnie ont voulu prouver au régime de Yayi qu’ils font effectivement équipe et que de ce fait ils détiennent désormais la majorité au sein de l’hémicycle.  
Cette nouvelle donne suscite plusieurs interprétations. D’une part elle peut être analysée comme une pression sur le Chef  pour qu’il se rende à l’évidence de ce qu’il ne pouvait gouverner sans associer les anciennes forces politiques. Cette attitude peut-être également perçue comme une sanction au régime de Yayi pour avoir choisi de gouverner seul en foulant au pied les engagements  qu’il a pris auprès de ses alliés. Enfin, on pourrait voir à travers cet acte le signe avant-coureur d’un bras de fer politique qui pourrait s’étendre jusqu’en 2011.
Depuis qu’ils ont déterré la hache de guerre contre le gouvernement le G4, le G13 et compagnie ne ratent plus aucune occasion pour faire étalage de leur capacité de nuisance. Outre les communiqués de presse et autres déclarations conjointes qu’ils ont fait diffuser dans la presse, il y a eu les dernières élections locales au cours desquelles le regroupement politique qui soutient le chef de l’Etat, Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) a été la bête à abattre sur le terrain. Pendant ce temps, le président du Parlement devait faire face à une fronde quasi permanente d’une frange de ses collègues, à travers le boycott des séances de travail, soit du bureau, soit d’ouverture de session ordinaire   ou encore de contestation de ses décisions.
Dans cette guerre d’usure, le rôle du G13, naguère membre de la majorité parlementaire, apparaît le plus embarrassant. Le changement de majorité au sein de l’hémicycle est fonction de son  basculement d’un camp à l’autre. Mais encore faut-il que ce changement de camp politique reste conforme à l’expression d’une certaine responsabilité et non réponde uniquement à la sauvegarde des intérêts de ses membres ou à la manifestation d’un chantage politique.
En effet, en rejetant le rapport du président de l’Assemblée nationale, les membres de la nouvelle majorité  n’ont pu développer des arguments battant en brèche son contenu. On n’a pas noté dans leurs explications des interventions pointues sur le fond du rapport, mettant en évidence ses faiblesses.  Ce qui aurait été beaucoup plus bénéfique pour les populations et crédibilisé davantage le choix du rejet opéré par ces  députés. En réalité, on a eu le sentiment, comme certains ont pu l’exprimer, que ce rejet était plutôt une décision politicienne, rien que pour montrer au chef de l’Etat que la majorité a changé de camp. À quelles fins ?

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Alain C. Assogba

Encadré 2

Un vote sans raison !
De leurs propres aveux et explications à l’issue du vote qui a consacré vendredi au parlement le rejet du deuxième rapport d’activités du président Mathurin Nago, les auteurs n’auraient rien contre ni le contenu du rapport ni la personne de son auteur. Il s’agit à en croire les députés Rachidi Gbadamassi et Arifari Nassirou Bako, tous membres du G13, de réagir respectivement contre certains agissements de certains députés « va-t-en guerre » qui seraient  tapis dans les rangs des Fcbe puis de mettre un terme à certains actes qui constitueraient une menace contre la démocratie et l’Etat de droit au Bénin. Plusieurs autres députés comme eux justifient leur vote contre le rapport présenté par la volonté d’un groupe de députés d’exprimer et de marquer de manière forte sa désapprobation face à l’hégémonie du groupe politique dont est issu le président Nago. Mais si en politique, cet acte de la minorité devenue majorité peut se justifier, il pose cependant un problème d’ordre éthique. Comment comprendre donc que des députés qui quelques jours seulement avant cette plénière, ont,  dans une déclaration commune montré leur attachement aux préoccupations des populations (cherté de la vie, pénurie de ciment…), au développement de la Nation, au rôle constitutionnel de l’Assemblée nationale… arrivent sans aucune raison valable et évocable à rejeter un rapport qu’ils disent eux-mêmes bien élaboré  sur les activités de l’institution lui faisant courir ainsi le risque de nouveaux errements. Du coup, on a beaucoup de mal à croire à leur discours et à leur présumé attachement à la mission que leur a assignée le peuple qu’ils représentent. Si chacun de leurs actes doit être mu désormais par des calculs politiciens et des revendications comme ce fût le cas vendredi, il y a donc de fortes chances que ces députés qui passent pour les plus « patriotes » deviennent plutôt ceux par qui le parlement deviendra un instrument de diversion à mille lieues des préoccupations essentielles des populations.

Ludovic D. Guédénon

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