Or, comparaison n'est pas raison et l'Histoire se répète difficilement. En effet, un certain nombre de déterminismes ethno-régionaux font plutôt pencher la balance pour une réélection haut la main de cet homme dont beaucoup de Béninois saluent la multiculturalité.
Pour des raisons historiques, à savoir d'abord la proximité de la mer, les couches urbaines sont surtout concentrées au " Sud ", le " Nord " étant resté essentiellement et profondément rural. Il en découle que cette vaste contrée a toujours eu un comportement socio-politique stable fondé sur la logique culturelle de l'attachement indéfectible au " Chef " (Raïs en arabe) ; ce qui est totalement à l'opposé de la bruyante sociologie politique de la partie méridionale de notre pays. Or, ce sont ces couches urbaines dominantes dans les grandes villes du " Sud " (les villes et bourgs de l'Ouémé-Plateau, Cotonou et sa banlieue Godomey, Ouidah, etc…) qui sont toujours les premières à être déçues par le régime en place. Paradoxalement, c'est dans ces 7 départements de la Côte, appellation plus appropriée que le " Sud " (Abomey est à environ 100km de Cotonou à vol d'oiseau) que les leaders politiques, plus nombreux et plus engagés dans une compétition sans merci, logique des intérêts oblige, ont tous leurs fiefs donc morcelés face à un " Nord " monolithique qui s'aligne sans défaillance derrière un seul leader. D'où comme l'avait pronostiqué Albert Tévoèdjrè à propos du Général Mathieu Kérékou en 1996, il sera mathématiquement impossible non seulement de battre le Président Boni Yayi en 2011, mais il est à craindre que ce phénomène prenne corps et perdure dans nos réalités socio-politiques.
Le monde est actuellement divisé en deux catégories politiques : les conservateurs et les réformateurs. Les vrais adeptes du changement pour un Bénin émergent, ne peuvent pas rester les bras croisés devant cette monstruosité qu'est le découpage territorial de notre pays depuis 1959, fruit d'une mauvaise délimitation des circonscriptions électorales et que nous trimballons depuis les premières élections au Dahomey d'alors lorsqu'il accéda au statut d'Etat autonome avec comme Premier Ministre provisoire feu Sourou Migan Apithy. Avec cette monstruosité dis-je, inédite dans les annales de l'aménagement du territoire, les superficies des 7 départements du " Sud ", à savoir le Zou, l'Ouémé, le Plateau, le Littoral, l'Atlantique, le Mono et le Couffo prises ensemble, dépassent à peine celle d'une commune comme Tchaourou !
Si le changement n'est pas devenu une incantation sur nos lèvres, une vraie reforme de l'aménagement du territoire s'impose hic et nunc ; surtout que le Chef de l'Etat a créé un département ministériel dont c'est précisément l'une des attributions.
Il faut dès l'abord regrouper deux à deux les actuels six départements de la Côte dont la division n'obéit à aucune logique, sauf celle de la paresse qui consiste au bout de plusieurs jours d'Etats-Généraux coûteux, à aboutir à ce piteux résultat qui fut de diviser tous les départements existants en deux. Comme cela, personne ne sera mécontent. Non ! Il faut revenir à l'ancien Atlantique, l'ancien Mono, l'ancien Ouémé, au lieu de perpétuer des années durant cette anomalie qui est d'avoir un préfet pour deux départements ! L'épineux problème du chef-lieu du département des Collines trouvera naturellement sa solution si on divise ce vaste espace en deux départements avec comme chefs-lieux respectifs Savalou et Savé. Quant à nos départements du " Nord ", il faut encore les diviser par deux parce qu'ils restent toujours trop vastes et ingérables. A mon avis, Tchaourou, N'Dali, Tanguiéta et Bassila méritent d'être valablement érigés en départements avec quelques aménagements ; d'où 4 nouveaux départements dans ce vaste territoire qui dépasse en superficie la Belgique !
Je vois déjà maint conservateurs du " Sud " comme du " Nord " éructer moult sophismes. Mais comme le dit Frantz Fanon, il s'agit pour les damnés de la terre que nous sommes, de faire preuve de créativité et d'audace ; au risque de disparaître simplement de cette planète où nous sommes déjà à l'étroit face à une mondialisation envahissante.
Amoussou-Yéyé
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