Entretien avec Jean-Baptiste Gnonhoué sur l’Arrestation de Jean Pierre Bemba

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A la demande discrète de la cour pénale internationale, Jean Pierre Bemba ; ancien vice Président de la République Démocratique du Congo, vient d’être arrêté par la justice Belge, et sera transféré à la Haye pour répondre des crimes de droit international qui lui sont reprochés.

Pour plus d’éclairage sur cette affaire, votre journal s’est rapproché de Monsieur Jean-Baptiste GNONHOUE, membre du groupe de travail d’Amnesty International sur la justice internationale, président de la Coalition Béninoise pour la Cpi.

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La Nouvelle Tribune
-Comment avez-vous réagi à l’annonce de cette arrestation?

Jean-Baptiste Gnonhoué
*Croyez moi, j’ai éprouvé une grande satisfaction, un véritable sentiment de joie. C’est un message fort à divers égards. En tout cas, cela donnera à réfléchir à tout le monde, notamment les hommes d’Etat africains.

-Pourriez vous dire de façon succincte et précise ce qui est reproché à Jean- Pierre Bemba.
*On impute à l’ancien vice-Président de la Rdc des crimes de guerre, qui sont des infractions graves aux conventions de Genève, et des crimes contre l’humanité traduits par des viols massifs, planifiés, systématiques et généralisés.
 
-Aurait-il pu être jugé par
la Rdc ou la Rca.
 *La Rdc a ratifié le statut de Rome créant la Cpi. Elle aurait pu le juger, si elle s’en était donné les moyens juridiques, matériels et humains, parce que, en principe les Etats parties ont une compétence primordiale au regard des crimes relevant de la compétence de la Cour. Vous savez, celle-ci n’intervient que de façon subsidiaire. Ce que je viens de dire de la RDC est aussi valable pour la Rca, avec toutefois, cette précision que, l’extradition devrait avoir lieu d’abord si Jean Pierre BEMBA n’était pas appréhendé sur le territoire de l’état Centrafricain. Il faut préciser  que c’est le gouvernement de la Rca qui a Saisi la Cpi et qui est tout à fait disposé à coopérer pleinement, afin que justice soit rendue aux victimes. Vous voyez, les crimes commis sur le territoire centrafricain sont extrêmement odieux. J’ai écouté avec émotion sur Rfi la plainte d’une femme sauvagement violée. C’est inimaginable.
 
-Dans certains milieux, on taxe la Cpi de politisation, de parti pris, de sélectivité. Qu’en pensez vous?
*Ecoutez, ce sont des boniments. On évoque une échéance électorale, s’indigne, parce que Jean Pierre Bemba est un homme d’Etat. On se demande pourquoi rien ne se fait au sujet de Ange Patassé qui a eu à lui faire appel. On parle de politisation. Qui va politiser qui et quoi? La qualité d’homme d’état de Jean Pierre Bemba ne constitue pas une immunité à l’égard des crimes de droit international, en vertu de l’article 27 du statut de Rome, créant la Cpi. Même s’il était chef d’Etat en fonction, il serait poursuivi par la Cpi. La délégation congolaise qui se propose de rencontrer le gouvernement belge à Bruxelles, perdra littéralement son temps. L’obligation de coopération contenue dans le traité de Rome oblige la Belgique, Etat partie à remettre Jean Pierre Bemba à la Cpi. On parle de parti pris, de sélectivité. Mais, écoutez, on ne peut pas prendre tout le monde à la fois. L’enquête continue. Qui sera arrêté prochainement? On ne sait pas. D’ailleurs, le fait que le mandat d’arrêt ait été entouré de secret est, à mon avis, une très bonne chose. Selon certaines informations, il y a déjà la panique dans les rangs des sympathisants de l’ancien vice président de la Rdc.

-Que faut-il faire pour faciliter l’arrestation des auteurs de ces crimes dans nos Etats ?
*Je dois rappeler d’abord que la Cpi est née de la volonté de l’Onu et de l’action conjuguée des Ong et des Etats épris de justice. Je souhaite que tous les Etats qui ont ratifié le traité de Rome adoptent très rapidement des lois de mise en oeuvre, de manière à habiliter leurs tribunaux, à juger les auteurs de crimes de droit international. Il ne faut pas encombrer la Cour, l’écraser avec des affaires qu’on n’arrive pas à juger faute de loi d’adaptation. Vous savez que le principe de la légalité des délits et des peines, qui exige une interprétation stricte de la loi pénale, est fort sacré. Je suis donc peiné de constater que beaucoup d’Etats ne sont pas à jour. Il faut également que les gouvernements incluent dans leurs législations un mécanisme de compétence universelle, qui est une procédure d’exception, qu’ils s’en donnent les moyens de l’appliquer en vue de consolider la justice internationale. Je sais que cela ne se fera pas au pied levé. Mais on y parviendra avec une volonté politique réelle. La dignité humaine doit être protégée partout et par tous les moyens appropriés. Il est impérieux de combattre avec acharnement l’impunité, au cours de ce siècle, afin que nous ayons un monde meilleur que celui du siècle passé.

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Réalisé par Alain C. Assogba

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