/food/ichronique.jpg » hspace= »6″ alt= » » title= » » border= »0″ style= »float: right; » />Telle une cage pleine d'oiseaux, ainsi leurs maisons sont-elles pleines de rapines; de la sorte ils sont devenus importants et riches, ils sont gras, ils sont reluisants, ils ont même passé la mesure du mal ils ne respectent pas le droit, le droit des orphelins…
Jérémie 5.27,28 {joso}Malheur à ceux qui sont des héros pour boire du vin et des champions pour mélanger la boisson, qui acquittent le coupable pour un pot-de-vin, et refusent au juste la justice.
Isaîe 5.22,23
L'adage ne s'y est absolument pas trompé : " les yeux qui restent vivants finissent par voir des choses ! " Au Bénin, c'est le patronat qui se joint aujourd'hui aux syndicats des travailleurs pour demander au gouvernement de décider une augmentation des salaires… Et tant pis si personne ne peut croire cela à l'extérieur, la chose est vraie. Finalement, seul le gouvernement béninois ignore que la population béninoise a des problèmes et que ses options à lui ne coïncident avec aucune solution intelligente envisageable.
Après quelques hésitations, en effet, les syndicats ont enfin saisi les limites de la déraison, pour agir. Soyons clairs. Les grèves déclenchées çà et là dans tous les secteurs de l'activité au Bénin sont la démarche la plus judicieuse que les hommes de bonne volonté pouvaient attendre aujourd'hui. L'ignorer, c'est faire preuve d'idiotie.
Lorsque, malgré toutes les pénuries respectives, la population s'est tue, que le pouvoir d'achat a dégringolé, que les denrées primaires deviennent inaccessibles, que les maigres ressources que la plupart gagnent difficilement sont sujettes à caution parce que, parait-il, des billets marqués seraient en circulation et que les commerçants les rejettent systématiquement alors que les consommateurs ne les ont ni fabriqués ni été autrement informés du problème, que l'armée devient présente et permanente à nombre de carrefours comme si nous avions été en état d'urgence, que le reste desdits carrefours se trouve envahi par des délinquants primaires qui rackettent les honnêtes gens à l'instar de la force publique, en toute quiétude, augmentant le sentiment général d'insécurité, pour leur survie, que les entreprises publiques n'ont jamais été à ce point inefficaces et que celles, privées, croupissent sous le poids de taxes de plus en plus exorbitantes, que l'Etat se trouve dans un embrouillamini politique insoupçonnable, que le paludisme fait rage entraînant de nombreuses autres maladies, que l'assemblée nationale s'offre en spectacle de tragicomédie perpétuelle, que le gouvernement fait preuve manifestement d'une conception archaïque de la démocratie et qu'en face du grand péril social, sa réaction est de construire des villas de luxe à la plage et d'exiger ensuite que les députés votent dans l'urgence une loi pour les protéger de l'érosion côtière, il faut reconnaître que la coupe est pleine et que si les syndicats n'avaient pas pris la mesure de la déchéance pour agir à temps, ce sont des troubles sociaux d'envergure qui nous guettent, car la situation leur échapperaient complètement à eux aussi.
Si bien que, paradoxalement, l'action des syndicats permet de gagner du temps, de manière précaire, certes, laissant, en conclusion, au gouvernement une porte de sortie : reconnaître son incapacité notoire à gouverner ce pays et déposer le bilan.
Pour le reste, partout au monde, des hommes et des femmes se cachent derrière le masque des titres pour camoufler leur incapacité. Mais généralement, ils ont le flair de se faire discrets pour éviter de se dévoiler. Le masque, avec l'arrogance comme bonus, peut susciter des curiosités. Reprenons conscience et intégrons que l'on ne gouverne pas contre, mais pour, car le sursis risque de ne plus durer trop longtemps. Toute l'histoire et toute la littérature du monde le démontrent, lorsque le peuple a faim, il désespère et nos prisons sont trop étroites pour contenir la désespérance du peuple. Voilà pourquoi il est nécessaire de soutenir la résistance des syndicats et même celle des députés pour amener le gouvernement à ouvrir les yeux.
Camille Amouro{/joso}