De la rébellion culturelle: La petite vendeuse de psychologie

/food/ichronique.jpg » hspace= »6″ alt= » » title= » » border= »0″ style= »float: right; » />Seydou ne comprend pas pourquoi, quand sa sœur indique telle ou telle marchandes, elle spécifie « la grosse vendeuse de pagne », « la petite vendeuse de tomate », « le vendeur de crabe »… alors que pour parler de la petite Yoruba du coin, elle dit tout simplement « la petite Yoruba du coin.» Sa sœur a beau lui expliquer que c’est parce que celle-ci ne vend rien de spécifique, Seydou ne veut pas comprendre : « la petite vendeuse de tomate », elle vend aussi du piment ! Oui, mais tu ne peux pas lui demander une bougie, alors que chez la petite Yoruba du coin la phrase : « il n’y en a pas ! » n’existe pas. Seydou réfléchit et se rend compte qu’effectivement, c’est chaque fois qu’on ne sait pas où trouver une marchandise qu’on va chez la petite Yoruba du coin. Mais comme il tient à donner tort à sa sœur, il lui promet de faire dire cette phrase à la petite Yoruba du coin. Il va donc la voir, à l’entrée du marché, et lui dit qu’il désire acheter de la psychologie.
La petite Yoruba du coin donne un tabouret à Seydou et lui demande de s’asseoir. Seydou, comme pressé, la harcèle : « y en a ou y en a pas ? »
– La petite Yoruba du coin, imperturbable : tu dis que tu veux acheter quoi ?
–    Seydou : Psychologie. Y en a ?
–    La petite Yoruba du coin : Psychologie, non ? C’est seulement hier… quelques petites minutes et tu seras servi.
La petite Yoruba du coin disparaît dans le marché et fit presque tout le tour avant de revenir, visiblement perturbée : « excuse-moi, mais tu as bien dit psychologie ou j’ai mal compris ? »
–    Seydou : Oui, j’ai bien dit psychologie. Et je suis un peu pressé.
–    La petite Yoruba du coin : ne t’inquiète pas. J’en ai seulement pour un aller et retour.
La petite Yoruba du coin disparaît encore dans le marché où elle interroge le dernier quart précédemment abandonné et revient plus gênée que jamais : « la dernière fois que tu as acheté psychologie-là, c’était quand ?
–    jamais, puisque cela ne se vend pas, réagit Seydou.
–    Ahan ! et pourquoi tu veux en acheter alors ?
Cette petite blague Ouagalaise qu’affectionne particulièrement mon ami Dine, montre que la courtoisie, l’esprit commerçant, la persévérance, la quête du succès sont des traits caractéristiques de notre culture aussi. A l’inverse de l’arrogance, de la suffisance et de l’impolitesse des caissiers et autres agents d’entreprises et services d’Etat. S’ils n’ont pas pigé leur propre culture, ils ont davantage mal compris les livres qu’ils ont été amenés à lire. Car, ces livres sont généralement écrits par des spécialistes occidentaux sur la base d’expériences qui marchent ou qui ont marché. Je veux dire qu’en somme la courtoisie et le travail bien fait sont des qualités universelles et appartiennent à toutes les cultures sauf à celle bâtarde à laquelle se croit appartenir cette horde nouvelle de mystificateurs, de lèche-cul, de mauvais employés, d’ex-perroquets et d’ex-tricheurs dont certains ont pu même briller à l’école sans avoir jamais maîtrisé le b a ba.

Camille Amouro

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