LES GOUVERNEMENTS D’UNION NATIONALE, UNE FATALITE POUR L’AFRIQUE CONTEMPORAINE ?

/food/ichronique.jpg » hspace= »6″ alt= » » title= » »  » />{joso}Conférence Nationale ou pas, l’Afrique est entrée dans une période politique dite du Renouveau démocratique qu’on peut définir au mieux comme l’adoption de la démocratie pluraliste fondée sur l’Etat de droit, le multipartisme, des élections pacifiques, justes et transparentes et surtout l’alternance au pouvoir. Au bout de deux décennies, le bilan est plutôt maigre. Si le multipartisme semble s’être imposé dans toute l’Afrique Subsaharienne, l’Etat de droit n’en est pas réellement un.{/joso}

{joso}Il finit par se transformer en Etat néo-patrimonial gangrené par la corruption, la collusion mafieuse entre les milieux d’affaires et les milieux politiques. Les lois électorales sont allègrement violées et les fraudes massives organisées par le parti hégémonique au pouvoir empêchent toute alternance. Quand une révision constitutionnelle opportuniste intervient en outre pour annuler la clause de la limitation du mandat du Président de la République, le même despote se pérennise au pouvoir et l’opposition au régime en place marginalisée et écartée à jamais de la moindre possibilité d’exercer le pouvoir d’Etat s’impatiente et les élections où la fraude est de règle font le lit d’une violence post-électorale qui est devenue une donnée omniprésente dans toutes les élections organisées ces derniers temps dans certains pays de l’Afrique Subsaharienne. Seulement, trois pays de l’Afrique de l’Ouest semblent faire exception à la tendance générale qui se dessine. C’est le Sénégal avec une alternance au pouvoir réussie, le Mali avec une alternance au pouvoir sans problème et surtout le Bénin où non seulement la règle constitutionnelle de la limitation du mandat du Président de la République demeure en vigueur (personne ne songe à la changer à brève échéance), mais encore qui a connu deux alternances au pouvoir. Malgré cela, le Bénin connaît une vie politique plutôt agitée. Le Sénégal vit la même situation sous le mandat du Président WADE. Face à ces tendances lourdes propres à l’Afrique contemporaine, beaucoup d’analystes de la dynamique socio-politique de ce continent constatent l’impossibilité pour l’Afrique Subsaharienne surtout, de réussir à construire une vraie démocratie pluraliste à l’occidentale avec la règle sacro-sainte de l’alternance à la tête de l’Etat.
 Malgré l’opposition de principe de beaucoup de mes concitoyens, il y a lieu de reconnaître que faute d’ailleurs d’une réelle démarcation politique entre la mouvance au pouvoir et les groupes politiques qu’on serait tenté de ranger dans l’opposition, la nécessité d’une transition pour la démocratie africaine est évidente. De concurrentielle, conflictuelle et compétitive comme les vieilles démocraties occidentales, elle sera plutôt « consensuelle ». D’où les gouvernements d’union nationale pour une démocratie décrispée où les équipes au pouvoir pourront plutôt consacrer leur énergie non à des pugilats politiques sans fin, mais à de réelles stratégies de développement. Ce n’est pas une régression vers les années 60 où le parti unique était roi, mais la synergie de différentes tendances politiques avec leur personnalité propre ; surtout dans les pays où l’alternance est pratiquement impossible.
Dans cette perspective, nous pronostiquons l’éclatement à court terme des formations politiques qui jouent le rôle d’une opposition politique au régime du Président Boni YAYI, à savoir le G4, le G13 et Force Clé. Au niveau du G4, le Président du MADEP, l’honorable Séfou FAGBOHOUN, annonce déjà les couleurs et fidèle à cette attitude de tous les hommes d’affaires qui ont à craindre la sévérité du pouvoir en place à leur égard à cause de leurs malversations, déclare déjà que son parti ne sera pas de l’opposition ! Quelle sera l’attitude non pas du Président Nicéphore SOGLO dont nous connaissons l’opposition farouche au « régime autocratique de Boni YAYI », mais du parti La Renaissance du Bénin si d’aventure on le sollicitait pour entrer dans le futur gouvernement ?
Quant au G dit 13 et Force Clé, leur faiblesse face aux promesses alléchantes du Chef de l’Etat est manifeste. En effet, qu’un des cadres de Force Clé se voie offrir un strapontin ministériel et vive le Président Boni YAYI ! 
Les raisons de la faiblesse générale de l’opposition dans tous les pays africains tient au fait qu’elle n’est pas basée sur des divergences politico-idéologiques irréductibles, genre Parti Socialiste (gauche) et UMP (droite) en France, mais de la frustration née de la non-participation à l’exercice du pouvoir d’Etat. N’oublions pas cependant les cas de certains hommes politiques aux convictions trempées dont l’opposition au régime du Président Boni YAYI est loin d’être une simple déception née d’une quelconque marginalisation par le Chef de l’Etat  d’ailleurs prêt à leur offrir une sinécure pour s’attacher leur soutien. Ainsi, le premier Président de la République de l’ère du Renouveau démocratique, le Président Nicéphore SGLO encore une fois, est totalement contre la gouvernance de l’actuel locataire du Palais de la Marina.                        

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Par Dénis AMOUSSOU-YEYE, professeur à l’UAC{/joso}

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