Social Watch Bénin publie les résultats de ses investigations
Dans le cadre de ses activités de veille sociale, de suivi de la gestion des politiques du gouvernement pour inhiber toutes les formes de mauvaises utilisations des ressources durement mobilisées, le réseau Social Watch Bénin, à travers ses groupes thématiques, est descendu fin décembre 2007 sur le terrain. A l’issue de cette descente et du traitement des informations recueillies, il recommande à travers une plaquette qu’il vient de faire paraître aux pouvoirs publics le renforcement de la promotion de la bonne gouvernance.
La gestion des fonds mobilisés par le pouvoir exécutif du fait que le pouvoir législatif lui en ait donné l’autorisation par vote du budget général de l’Etat, mérite un suivi permanent si nous tenons compte des performances qui sont réalisées depuis plusieurs décennies. En raison de nombreux disfonctionnements qui plombent l’élan du Bénin vers une véritable émergence, les promesses de bonne gouvernance et de gouvernance concertée faites par le gouvernement ont du mal à prendre malgré les importants atouts dont bénéficie l’équipe au pouvoir.
Faible taux de consommation des ressources budgétaires ayant pour conséquence la non réalisation des projets du gouvernement, toute chose qui pénalise les communautés à la base.
Tel est le principal résultat auquel sont parvenues les Organisations de la Société Civile (Osc), membres de Social Watch Bénin qui déplorent le fait que l’opportunité de participation à l’élaboration du Budget général de l’Etat et l’ évaluation des dépenses publiques ne soit réservé qu’à un petit nombre de personnes. Ce qui pose le problème de la Responsabilisation Sociale et de la Gouvernance concertée au Bénin. Aussi, trouvent-elles que la décentralisation du Budget général de l’Etat n’est pas encore effective alors que la participation à l’élaboration du Budget général de l’Etat au niveau local par les conseils communaux et les populations à la base peut permettre à des centaines de milliers de citoyens d’y faire intégrer leurs besoins prioritaires réelles, de participer ainsi directement au processus de décision et d’évaluation budgétaires en vue de changer véritablement la nature de la gouvernance.
Plaies…..
Une autre faiblesse du système de gestion nationale sur laquelle Social Watch Bénin pointe le doigt est l’absence presque quasi totale de la reddition des comptes publics. Jusqu’à ce jour, le parlement béninois n’a pu seulement voter que la loi de règlement portant sur la gestion budgétaire des années 1998 et 1999. Les autres sont restées sans suite. Or, les principes ou dispositions légales et réglementaires qui régissent la reddition des comptes publics participent du bon accomplissement par les gestionnaires publics des tâches qui leur incombent et par conséquent de la bonne gouvernance souhaitée pour un pays. Mais la spontanéité la reddition des comptes par les gestionnaires publics n’est pas encore encrée dans les habitudes de nos autorités. Même le Gouvernement du Changement n’a pas cru devoir répondre à cette obligation.
Analysant les causes la faible performance de l’administration, les Osc de Social Watch notent la mauvaise organisation du travail due à l’absence de manuel de procédures de gestion approprié, le manque de délégation avec pour corollaire la concentration de l’exécution des activités budgétisées aux mains de quelques cadres de l’administration centrale en nombre insuffisant pour la tâche à accomplir. Le non transfert des compétences et des ressources vers les structures déconcentrées et décentralisées de l’Etat d’une part, et les faibles compétences managériales des ressources humaines de l’administration publique face aux procédures et réformes en cours puis à l’ampleur et aux exigences techniques comptables des tâches à exécuter dues à la nomination parfois inappropriée de certains coordonnateurs de projet sont également des raisons identifiées par Social Watch Bénin. La grande mobilité des cadres techniques due à l’instabilité à la tête de l’Etat où les membres du gouvernement et leurs collaborateurs ne se sentent pas en sécurité pour amorcer des actions durables, la lenteur dans la nomination des cadres des cabinets de ministre et la forte politisation de l’administration lors des nominations sont à la base de la faible performance réalisée par l’administration.
A toutes ces causes s’ajoutent le retard dans la production des documents de planification pour l’exécution adéquate du budget sectoriel, a caducité de la Loi organique relative aux lois des finances, la mauvaise définition des projets et programmes qui ne facilite par leur exécution.
Gouvernement, députés, élus locaux…..
Au regard des performances réalisées dans chacun des secteurs prioritaires par le gouvernement et qu’il aurait pu améliorer si ses efforts étaient bien canalisés, Social Watch Bénin lui recommande essentiellement de renforcer la promotion de la bonne gouvernance à travers l’institutionnalisation du Ccap par prise d’une Loi républicaine ou décret présidentiel et l’instauration du réflexe du compte rendu gouvernant gouverné à divers niveaux, d’ impliquer fortement les autorités communales dans la mise en œuvre des PIP dans les communes ciblées en évitant de toucher d’autres personnes autres que celles ciblées par les PIP et de rendre dynamiques les gestions communautaires en accélérant le transfert des ressources et des compétences à la base. A la représentation nationale, Social Watch demande de voter une loi institutionnalisant le Ccap afin de promouvoir la bonne gouvernance à travers et d’accélérer la reddition annuelle des comptes avant tout vote d’une nouvelle loi de finance. Il n’oublie pas les autorités locales à qui il recommande la dynamisation des organes au niveau des mairies, chargés de la planification des projets des communautés, la promotion de la participation citoyenne au niveau local dans l’élaboration et le suivi évaluation des projets programmes publics en vue de la prise en compte des besoins prioritaires des communautés à la base, et enfin la budgétisation participative au niveau local. Il convient de préciser que dans cette plaquette, Social Watch invite tous les acteurs du développement, qu’ils soient membres du Gouvernement, députés à l’Assemblée Nationale, du pouvoir juridique, élus locaux, Organisations de la Société Civile ou du secteur privé, à se ressaisir et à prendre de nouvelles dispositions pour une véritable relance de la vie socioéconomique du Bénin.
Cellule de communication de Social Watch Bénin
MESSAGE
«L’atteinte des OMD au Bénin ne peut se faire sans une action participative de tous les acteurs de la vie publique notamment : les gouvernants et les gouvernés, les élus locaux et la société civile.
La participation de chaque citoyen à la prise de décision permettra d’améliorer l’affectation des ressources budgétaires grâce à la prise en compte effective des besoins des populations. Le CCAP facilite une budgétisation participative puisqu’il contribue à l’élaboration du budget d’Etat et à l’accroissement de l’efficacité et de l’efficience des dépenses publiques à travers des systèmes participatifs de surveillance et de suivi. C’est à travers cette participation que les problèmes d’éducation, de santé et d’agriculture, etc seront mieux identifiés et pris en compte.
Dans le système de démocratie de référence, le rôle de la Société civile est déterminant pour le fonctionnement harmonieux des institutions de la République. C ’est à ce titre que le réseau Social Watch Bénin a décidé d’accompagner le gouvernement béninois dans ses engagements pour l’atteinte des OMD d’ici 2015 par une action de veille citoyenne afin d’obliger ce dernier à une
gestion plus saine du budget de l’Etat. En effet, le constat est là : à la date du 31 juillet 2008, les ressources du budget général de l’Etat sont consommées de façon insuffisante. Une contre performance qui devient récurrente au fil des années. Et pour y
remédier, le réseau des Organisations de la société civile, Social
Watch Bénin, donne quelques recommandations pour une bonne exécution du budget :
– La poursuite des actions de réformes dans le sens de l’allègement des procédures, du renforcement des capacités des acteurs et surtout de l’assainissement des finances publiques dans le but de l’amélioration des indicateurs relatifs aux délais de paiement et de passation des marchés.
– La réduction de la trop grande mobilité des cadres spécialisés,
coordonnateurs et régisseurs à la tête de projets.
– La mise en place d’un dispositif institutionnel adapté à la gestion axéesur les résultats.
– La création d’une cellule de suivi et évaluation qui, périodiquement, adopterait un plan d’opérationnalisation, de passation des marchés
publics, etc.
– La dynamisation, le fonctionnement des cellules de passation des marchés publics et l’accélération des procédures.
– La rédaction des rapports d’exécution du budget et de performance qui
permettraient un meilleur contrôle de sa gestion.
– La collaboration avec les universités afin d’amener de nouvelles
propositions, solutions, réflexions pour encourager « l’initiative
créatrice ».
Ceci est un message du Réseau Social Watch Bénin