Régression de la démocratie, les libertés bafouées
La première partie du mandat du président Boni Yayi a été caractérisée par très peu de respect vis-à-vis des lois de la République ainsi que des libertés syndicales, individuelles et d’expression.
Au nombre des ratés du régime du changement, figurent, en bonne place, les libertés syndicales. Le gouvernement actuel n’a ménagé aucun effort pour étouffer les droits acquis des travailleurs. Les récentes mesures de défalcation sur salaires en disent long. Par cette méthode, le président Boni Yayi aura les marges de manœuvre nécessaires pour briser les mouvements de grève au Bénin. Ce faisant, ce sont les libertés des travailleurs qui sont en lambeaux. Pour atteindre aussi son objectif, il utilise la méthode de la division pour casser les syndicats. La question des douaniers patriotes est encore vivace dans les esprits. Ainsi, depuis 2006, les relations entre le gouvernement et les syndicats ne font que se dégrader. C’est d’ailleurs pourquoi les négociations n’aboutissent jamais à une solution consensuelle. Cette situation est l’échec de la gouvernance concertée que souhaite le chef de l’Etat. En d’autres termes, le pouvoir en place ne maintient pas le dialogue permanent avec les syndicalistes. Il attend le feu avant de commencer par discuter avec les acteurs sociaux. D’autre part, il faut noter qu’à plusieurs reprises, le gouvernement n’a pas hésité à empêcher des mouvements de se faire. Cette tendance à barrer la route à l’expression d’un droit pourtant accordé par les textes est assez explicite du comportement peu démocratique dont les syndicalistes accusent le président Boni Yayi. Toutefois, il faut noter que des efforts, même si c’est encore loin de ce qu’il faut espérer, ont été faits par le gouvernement en place. L’autre point noir sur le tableau blanc du gouvernement, est la gestion qui est faite de la liberté de presse et d’expression. Dans ce chapitre, la déception est au paroxysme. Car, c’est avec l’avènement du président Boni Yayi que le Bénin a perdu sa première place en Afrique en matière de respect de liberté de presse. Les organes de presse sont soumis à un chantage déguisé. Ceux qui résistent à applaudir tous les actes du gouvernement, même les plus incohérents, anticonstitutionnels et antidémocratiques, subissent la loi du redressement fiscal ou d’autres pressions. Ils sont sevrés des microbolants contrats et autres abonnements qui font vivre un journal au-delà de la vente. Les journalistes qui essaient d’être objectifs sont de facto taxés de composer avec l’opposition et sont vilipender par les organes satellites du pouvoir en place. Les médias publics et certaines chaînes de télévision privées n’ont de programmes que les activités du gouvernement. Une propagande à outrance est faite des actions du gouvernement, pendant que les politiciens qui ne parlent pas le même langage que ce dernier sont privés de temps d’antenne. Quand on sait que la presse est le baromètre dans une démocratie digne du nom, on est forcé de reconnaître que la nôtre est sérieusement menacée. A propos de la démocratie, le président de la République a exprimé son désir de la rectifier lorsqu’il recevait la presse en 2007. Pour lui, il fallait un Etat fort. C’est peut-être cela qui guide ses actions dans ce domaine. En effet, le régime en place à démontrer à plusieurs reprises son mépris à l’égard des textes de la République. Des décisions de justice ainsi que des institutions telles que la Cour constitutionnelle et la Cour suprême ont été ignorées. Le mépris qui a ple plus indigné les Béninois ces dernières semaines, exceptés ces partisans, est celui intervenu dans le cadre des élections municipales et locales. Alors que la loi prévoit l’installation des conseils communaux issus de ces élections une quinzaine de jours après la publication des résultats. Le gouvernement a royalement bloqué plus d’une vingtaine, prétextant que les membres de son regroupement politique ont déposé des recours et que des troubles et des risques d’affrontements existent dans ces communes. Et pourtant, contre toute logique, le gouvernement a installé des directeurs généraux manu militari dans ce pays. Il a trouvé des agents de sécurité pour empêcher des citoyens de bénéficier de décision de justice. L’affaire Télécel et Adjovi en témoigne largement. Contre toute disposition légale, l’arrestation du député Dayori a été lancée. Séfou Fagbohoun a été arrêté sur décision d’un directeur de cabinet alors que seul le juge est habileté à lancer un mandat d’arrêt. La liste pourrait s’allonger. A l’orée de cette seconde moitié de son mandat, il est à souhaiter que le président et son équipe ont procédé à un examen rétrospectif et ont pris des résolutionss pour pouvoir mieux faire.
Jules Yaovi Maoussi & Benoît Mètonou