Un bouchon dure 5h à Godomey
Samedi dernier de 18h à 23h 30, automobilistes, motocyclistes et piétons sont pris dans le piège d’un embouteillage inédit. La police absente, comme à son habitude, viendra sauver les meubles après des heures de souffrance des usagers.
Il roulait assez vite. Pressé d’honorer un rendez-vous important à Abomey-calavi, à une quinzaine de Kilomètres de Cotonou. Il est 18h30mn. L’automobiliste arrive au carrefour de Godomey, s’engage sur le tronçon menant à Calavi. Il roule quelques centaines de mètres, sans grande peine. La circulation s’arrête. « Ce ne sera pas pour longtemps, sans doute que la police est présente au prochain », confie-t-il à son voisin. Trente minutes plus tard, il parvient à rouler une centaine de mètres et s’immobilise à nouveau. Il vient de sonner 19h30. Il fait dire, par téléphone, à celui qui l’attend qu’il sera en retard, au plus tard à 20h. Trente minutes après, sa voiture n’a pas bougé d’un pouce. Il commence à s’inquiéter, demande à son compagnon d’aller voir ce qui se passe devant. Celui-ci revient dix minutes plus tard tout désespéré. « Il n’y a rien de particulier. Seulement, c’est le sauve qui peut au prochain carrefour, celui qui vient juste avant l’église protestante, près du pont de Godomey. Un civile tente péniblement de réguler la circulation, mais dans un grand désordre ». L’automobiliste décide alors de jouer à l’incivisme. Il braque son volant vers la droite, sort du rang et fonce droit devant, et parvient à joindre le carrefour. Tout y est sens dessus dessous. Il se met derrière une voiture qui essaie de forcer le passage, décide de ne pas la lâcher d’un iota. Le temps de traverser le carrefour, un motocycliste s’interpose .Il le cogne : « imbécile, toi tu ne sais pas conduire ? », profère ce dernier, tout en continuant son chemin.
L’automobiliste, après avoir roulé jusqu’à la hauteur de l’église protestante s’immobilise pour la énième fois. Il est 20h45. Jusque là, pas l’ombre d’un policier. L’horizon semble définitivement bouché. Les véhicules s’éteignent un à un de peur de tomber en panne d’essence. Un homme descend d’une japonaise, le téléphone à l’oreille. « C’est un député, un ancien journaliste, reconnaît le compagnon ». Juste devant, un couple descend à son tour, d’une Mercedes. L’homme s’étire longuement, prononce un juron et poursuit : « voilà le changement qu’on nous chante. Même pas un agent des forces de l’ordre pour réguler la circulation. Le comble, c’est qu’on nous nomme un ingénieur des travaux publics pour diriger le ministère de l’Intérieur… ». C’est désormais le calme plat. Chacun s’interroge sur les raisons de la situation. Aucun véhicule, ni aucune moto ne circule dans le sens contraire, venant du côté de Calavi. Les uns, les mains en poches, abandonnent leurs voitures et se dirigent vers le pont, les autres la tête contre le volant s’endorment, d’autres encore, torses nus se couchent sur leur capot. Les vendeuses à la criée s’y mêlent. « De l’eau glacée, de l’eau glacée…grand frère du pain sucrée, 1000f les deux…. ».
Nuit de noces en plein air
Soudain, un cortège arrive de derrière, composé de plusieurs véhicules décorés : se sont des mariés. Il bouche la voie et bloque le passage à tout véhicule pouvant venir du sens opposé. L’automobiliste demande à son compagnon d’aller voir se qui se passe. Ce dernier revient 15 mn plus tard tout déçu. « J’ai vu une marée humaine derrière le pont. Les piétons ont de la peine à passer ; les motos, n’en parlons pas. Il paraîtrait que les travaux de réhabilitation du pont se seraient dégradés. Il vient de sonner 21h. Les premiers policiers apparaissent. Le patron en civile, suivi de deux subalternes. Peu après un second groupe arrive. Ils courent dans tous les sens. Ils réussissent à libérer la voie aux piétons et aux motocyclistes. Beaucoup de femmes. Certaines, le sac sur la tête, d’autres les chaussures en mains, elles pressaient le pas, toutes en sueurs, pour rejoindre leurs domiciles, après avoir abandonné les taxis qui les transportaient. C’est l’occasion pour les conducteurs de taxi motos, Zémidjan, de monter les enchères. « Zémidjan, Calavi…..1500… ». La pauvre dame, la cinquantaine, tendue, lorgna le Zèm, et continue sa marche.
Un moment de distraction tout de même. Arrivés au niveau des voitures des mariées, les réactions sont spontanées. « Oh ! Quelle malchance pour eux ! …tous leurs invités seraient partis….le hors-d’œuvre aura refroidi…. autant passer la nuit de noces dans la voiture….vous n’allez pas quitter ici avant trois heurs du matin… ». Les « heureux du jour », retranchés dans leur voiture en ont entendu de tous les commentaires. Et puis les moteurs se remettent à vrombir, d’aucuns courent vers leurs véhicules, d’autres, revenant d’un profond sommeil sont surpris de voir des phares allumés ; c’était la fin du calvaire. Les mariés retrouvent le sourire. Il est 22h45. L’automobiliste n’a pas le courage de continuer pour honorer son rendez-vous. Il se décide à rebrousser chemin. Lui et son compagnon auront ainsi passé 5heures d’horloge sans jamais atteindre leur destination. « Tout droit, tout droit monsieur, vous ne pouvez pas tourner ici… », Leur lance un jeune policier.
L’absence de policiers crée un grand embouteillage(Déjà du fil à retordre pour Zinzindohoué)
A peine le très dévoué et si allégent nouveau ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique a pris service que déjà les forces de sécurité manquent à leurs obligations. Quarante huit (48) heures exactement après l’installation officielle de M. Armand Zinzindohoué dans ses nouvelles fonctions de patron des Flics, ceux-ci ont abandonné les usagers de la route Cotonou-Abomey-Calavi dans un embouteillage sans raisons. Et pour cause ! Samedi dernier quand la file a commencé par se constituer vers 18 heures 30 minutes à hauteur de Godomey pour les usagers qui se rendaient à Abomey-Calavi, il n’était signalé ni accident ni obstacle sur l’axe. La seule raison de cet embouteillage, on le saura autour de 21 heures 30 minutes quand les usagers en provenance d’Abomey-Calavi, bagages en mains ou sur la tête, transpirant sous l’effet de la marche comme des pèlerins catholiques sur le chemin de la Croix, annoncent, indignés, qu’aucun agent de sécurité n’officiait sur le tronçon. Inadmissible, pourrait-on dire, qu’un samedi soir, alors que l’importance du trafic sur cet axe est connue ou devrait l’être, qu’il n’y ait aucun agent du commissariat de police de Godomey ni de celui d’Abomey-Calavi ou encore moins des brigades de gendarmerie de Godomey et Abomey-Calavi posté sur les carrefours pourtant très sollicités de cet important axe routier. Le nouveau ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique a donc mieux à faire que les salamalecs qu’il était habitué à servir au « prince » à chaque occasion. Car la tâche qui l’attend paraît énorme.
Ludovic D. Guédénon