Les cadres de la Donga tirent la sonnette d’alarme
Les cadres du département de la Donga résidents au sud du Bénin se sont réunis en séance de concertation à la bourse de travail à Cotonou. La polémique liée au découpage territorial était au cœur des débats. Après avoir analysé la situation, ils ont fait une déclaration dans laquelle se trouvent des recommandations au gouvernement du président Boni Yayi. Selon leur coordonnateur, Moumouni Alidou, il est noté qu’il y aura des réactions quelle que soit la décision prise dans la désignation des chefs-lieux des départements. Pour ce faire, ces cadres exigent l’accélération de la procédure pour ne pas prolonger l’amertume et la déception des populations béninoises, en général, et celles de la Donga, en particulier. Selon eux, une nouvelle réforme territoriale ou découpage embarquerait le pays dans d’autres aventures plus complexes et que rien de nécessaire dans la prise de décision de désigner les chefs-lieux ne justifie le recours à un nouveau découpage ou réforme. De même, ils soulignent que les critères évoqués par le ministre de la Décentralisation n’ayant pas convaincu le conseil des ministres, il est à craindre aux yeux des populations que toute autre voie soit perçue comme une domination de la politique politicienne sur le réel, car cela aussi pourrait avoir de graves conséquences, en ce sens que les fils de la Donga ne sont plus prêts à vivre de nouveau la trahison des hommes politiques des années 60. Parlant toujours de ce problème, les cadres de ce département estiment que la décision de désignation des chefs-lieux sur une base technique telle qu’exposée par le ministre en question pourrait être prise et appliquée dans les départements où elle ne crée aucun problème tels que la Donga, l’Alibori et autres, comme ce fut le cas de l’installation des conseils communaux dans les localités où il n’y avait aucun soulèvement.
Au regard de tout cela, les cadres de la Donga recommandent la non attente d’une nouvelle réforme territoriale avant la prise de cette décision, l’accélération de la procédure, afin que ce problème trouve de solution avant la fin de l’année en cours et l’installation des chefs-lieux des départements où il n’y a pas de problèmes. En conclusion, ils encouragent le gouvernement dans son effort visant le rapprochement de l’administration de l’administré et envisagent des actions à l’échelle de tout le département de la Donga en vue de contribuer à l’accélération du processus et susciter la participation effective des populations à la réalisation de cet acte de décentralisation.
Les amalgames du gouvernement
Les cadres de la Donga indiquent qu’une nouvelle réforme territoriale embarquerait le pays dans d’autres aventures plus complexes. C’est un signal fort pour le gouvernement du président Yayi qui, à travers la nouvelle commission en charge de ce dossier, entend procéder à un nouveau découpage territorial pour apaiser les populations. Pourquoi le pouvoir en place veut partir des contestations des populations de Savè et d’Allada pour remettre en cause tout le découpage territorial, alors qu’il n’y a aucune contestation dans les autres localités ? A analyser de près la question, il n’est pas exagéré d’affirmer que le gouvernement fait beaucoup d’amalgames dans la gestion de ce dossier, puisque apparemment il a d’autres intentions derrière. D’ailleurs, le chef de l’Etat en a profité pour faire son populisme traditionnel dans les collines. A l’allure où vont les choses, le chef de l’Etat risque de susciter d’autres réactions populaires à travers son intention de faire un nouveau découpage territorial. C’est la preuve que le chef de l’Etat est une fois encore mal conseillé dans la gestion de cette affaire très sensible. De jour en jour, les problèmes politiques s’enchaînent pour le gouvernement. Ainsi, la gestion des crises a pris le dessus sur la résolution des préoccupations du peuple. Comme quoi, le chef de l’Etat aura du mal à se tirer d’affaires dans ce dossier, s’il ne prend pas des dispositions efficaces.
Jules Yaovi MAOUSSI