l'élection présidentielle une nouvelle fois reportée
L'élection présidentielle du 30 novembre en Côte d'Ivoire a une nouvelle fois été reportée, les principaux dirigeants ivoiriens et le président du Burkina Faso ayant constaté lundi à Ouagadougou l'"impossibilité d'organiser" le scrutin à cette date. Le président burkinabé Blaise Compaoré, facilitateur dans la crise ivoirienne, a espéré que le recensement électoral, qui a timidement débuté le 15 septembre, serait achevé "d'ici le début de l'année" 2009 en vue d'un scrutin qui devrait, selon l'ONU, être organisé avant la fin du printemps 2009. Dans un communiqué commun, les dirigeants ivoiriens et le président Compaoré ont demandé à la Commission électorale indépendante (CEI) de "définir sans délais un chronogramme (calendrier) précis à publier avant le 31 décembre", concernant le processus électoral.
Initialement prévue pour octobre 2005, l'élection a déjà été plusieurs fois repoussée, officiellement en raison d'un important retard dans les préparatifs.
La réunion de lundi regroupait le président ivoirien Laurent Gbabgo et ses principaux opposants, l'ex-chef d'Etat Henri Konan Bédié, l'ancien Premier ministre Alassane Dramane Ouattara, et l'actuel chef du gouvernement et de l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN) Guillaume Soro.
La rencontre était supervisée par le président Compaoré, garant de l'Accord de paix signé le 4 mars 2007 dans la capitale burkinabè.
L'élection présidentielle doit permettre à la Côte d'Ivoire de sortir d'une grave crise politico-militaire née d'un coup d'Etat manqué en septembre 2002 des rebelles des FN contre M. Gbagbo, qui avait consacré la partition du pays en deux, le nord sous contrôle rebelle et le sud sous contrôle gouvernemental.
"C'est la CEI (commission électorale indépendante de Côte d'Ivoire) qui fixe les délais, les Nations Unies ont indiqué ce qui serait pour elles utile ou intéressant mais nous avons sur le terrain des contraintes qui vont être portées à la connaissance des Nations unies", a ajouté le président burkinabè.
Cela "n'exclut pas que nous travaillions dans l'esprit des Nations Unies", a-t-il poursuivi lors d'une conférence de presse.
Mais "l'essentiel, c'est de ne plus fixer une date sans tenir compte de la question principale qui est le recensement électoral pour lequel nous sommes mobilisés actuellement et que nous espérons d'ici le début de l'année pouvoir achever", a indiqué le chef de l'Etat burkinabè.
L'ex-Premier ministre Ouattara est allé dans le même sens: "c'est seulement quand nous aurons une bonne visibilité qu'il sera possible de fixer une date crédible pour la tenue du premier tour de l'élection présidentielle".
"Les difficultés sur l'identification (des électeurs) étaient prévisibles parce que c'est une question centrale" mais "je suis personnellement satisfait des efforts qui ont été faits", a-t-il poursuivi.
"Le président de la CEI a dit qu'à Abidjan, à la date d'hier (dimanche), il y avait pratiquement un million de personnes qui se sont fait identifier, c'est un chiffre important", s'est félicité M. Ouattara, également candidat à la présidentielle.
"Ce processus doit se poursuivre, il faut surtout que ça se passe dans un climat apaisé, que les obstacles soient levés, que la sécurité soit renforcée et que la mise à disposition des fonds puisse se faire dans des délais rapprochés", a-t-il précisé.
"Les élections sont reportées, a renchéri l'ex-président Bédié et également candidat, parce que chaque fois, c'est comme si on mettait la charrue avant les boeufs".
"Nous avons dit qu'il faut s'assurer que tout le processus d'identification (des électeurs) se déroule bien pour déboucher sur la fixation d'une date. Maintenant, c'est ainsi que nous procèderons, il n'y a pas de quoi désespérer", a-t-il assuré.
OUAGADOUGOU (AFP)