La classe politique victime de ces maux depuis 1945
La transhumance et les alliances nature contre que l’on observe aujourd’hui ne datent d’aujourd’hui. Les premiers hommes politiques avant, pendant et après les indépendances en ont avaient fait leurs méthodes de travail. Les acteurs de la politique béninoise ont des mauvaises attitudes de leurs prédécesseurs que les présidents Hubert Maga, Sourou Migan Appity, Justin Ahomadégbé et Emile Derlin Zinsou.
Transhumance, alliances contre nature, manque d’idéologie, guerres d’intérêts, coups bas etc…Ces maux qui font toujours l’actualité politique au Bénin ne datent pas d’aujourd’hui. Les premiers hommes politiques de ce pays en faisaient leur credo. Ils étaient manipulés comme ceux d’aujourd’hui. Cela fait qu’après 48 ans d’indépendance, les mentalités n’ont pas évolué. Un petit tour dans l’histoire du Bénin en dit long. Comme c’est au bout de l’ancienne corde qu’on tisse la nouvelle, les mêmes bêtises se répètent et s’aggravent par la corruption politique à grande échelle même à l’ère dite de changement.
Histoire
Après la conférence de Brazzaville sur le sort des colonies, le Général de Gaulle a annoncé des réformes accordant une large place aux territoires d’outre-mer dans les Assemblées lors des élections de 1946. Ainsi, dans le cadre de la désignation de ces constituantes, les territoires du Dahomey et du Togo devaient envoyer deux députés pour siéger au palais Bourbon. C’était la première fois que les indigènes des territoires coloniaux menaient part à un scrutin. Au Dahomey, deux camps se sont affrontés : il y a, d’un côté, les candidats de l’administration coloniale (Louis Bourjac et Casimir d’Almeida) et l’intelligenstia anti-coloniale (Le révérend père Aupiais et Apithy). Grâce à la mobilisation des comités suscités et organisés par les animateurs de journaux, Aupiais et Apithy l’emportèrent. Apithy est élu député. Par cette victoire, les noirs croient à leur capacités de mobilisation. C’est ainsi qu’est créée l’Union progressiste du Dahomey (Upd), le tout premier parti politique au Dahomey. Déçue, l’administration coloniale mettait en œuvre pour briser leur élan. A la faveur d’une erreur d’appréciation commise par la direction de l’Upd dans le positionnement des individus sur les listes électorales, le choc entre deux consciences va féconder le multipartisme dahoméen. En 1946, à l’occasion de l’élection du conseil général, Ahomadégbé, médecin servant à Avrankou, a fait acte de candidature, soutenu par la direction de l’Upd à travers son comité de Porto-Novo. Cependant, le député Apithy a rejeté cette candidature au motif que l’intéressé n’étant originaire de Porto-Novo, ne saurait représenter cette ville au conseil général. Ahomadégbé, pour marquer le point à ses adversaires, a viré du côté des colons pour monter le Bloc populaire africain (Bpa). Les événements se sont accélérés, avec la loi du 21 mai 1951 qui accorde désormais au seul Dahomey deux sièges de députés. Le comité directeur de l’Upd propose la liste Emile Derlin Zinsou-Sourou Apity, avec le premier comme tête de liste. Apity rejette la décision de son parti qu’il quitta pour fonder, peu après, le Parti du renouveau du Dahomey (Prd). Dans la perspective de ces élections, ceux du nord pensent qu’il faut leur accorder un siège. Et comme la direction de l’Upd n’agissait pas dans leur direction, ils ont créé le Regroupement ethnique du nord (Ren) devenu après Rassemblement démocratique du Dahomey (Mdd) qui a porté Maga à la députation, tandis que Ahomadégbé va transformer le Bpa en Union démocratique du Dahomey (Udd).
Fragmentation du sud
En 1951, il y avait cinq listes dont quatre au sud. Il s’agit de : Prd (Apithy), Udd (Ahomadégbé), Udd-convention (Zinsou), les indépendants des partis (Toko Ararissounou) au sud et Mdd (Maga) au nord. Au scrutin de 1957, le Prd obtint 35 sièges, l’Udd 07, le Mdd 06, tandis que les indépendants ont enlevé 12 sièges. Déçus après la formation au gouvernement d’Apithy, Maga et Ahomadégbé entrent dans l’opposition. En 1958, ils créent le Front d’action démocratique (Fad) contre le Prd. Suite à certains événements, le front anti-Apithy s’est éclaté. Ainsi, Ahomadégbé s’est trouvé isolé. Quelques temps après, ce dernier usera de son intelligence pour élire Maga premier ministre au dépens de Apity. Le moment venu, Apity s’associera à Maga pour évincer Ahomadégbé de la tête de l’Assemblée nationale. Plusieurs autres faits se sont succédé pendant cette période et montraient l’instabilité des hommes politiques au Dahomey.
C’est dire que la transhumance politique génératrice d’une opposition, le manque de démocratie dans les partis, l’implication de certains acteurs politiques dans certaines affaires sont au tant des maux qui minent les partis politiques de 1945 à nos jours.
Jules yaovi Maoussi