/food/amoussou1.jpg » hspace= »6″ alt= »Amoussou Bruno sur RFI » title= »Amoussou Bruno sur RFI » » /> /audio.png » hspace= »6″ alt= »document audio » title= »document audio » border= »0″ style= »float: right; » /> "Hier, on se servait de la cuillère à café pour manger. Sous Yayi, on se sert de la louche " (interview disponible en version audio) Le président du Parti social démocrate, Bruno Amoussou, membre de la coalition G4, G13 et Forces Clé, était hier l’invité de Christophe Boisbouvier sur Radio France Internationale (Rfi).
Corruption grandeur nature, violation des procédures administratives et de passation des marchés, mauvaise gestion des finances publiques, sont les griefs qu’il a portés contre le pouvoir du Dr Boni Yayi.
(cliquer pour écouter l'intégralité de l'interview)
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Christophe Boisbouvier : Bruno Amoussou Bonjour, il y a deux ans et demi vous avez voté Yayi Boni au second tour. Aujourd’hui vous êtes dans l’opposition, pourquoi avez-vous changé d’avis ?
Bruno Amoussou : J’ai changé d’avis parce que l’espoir que nous avions placé en M. Boni Yayi ne s’est pas confirmé, parce qu’il y a une rupture du dialogue, notamment au niveau de l’Assemblée nationale où les prérogatives ne sont plus respectées
Alors vous lui reproché la gestion solitaire du pouvoir, mais est-ce que ce n’est pas dû au fait que l’Assemblée lui est devenue hostile ces derniers mois ?
Non, ce serait une inversion des causes et des conséquences. L’Assemblée nationale est devenue hostile parce que le Chef de l’Etat, ne la prend pas en considération. Et depuis 2006, le budget qui est voté par l’Assemblée n’est pas celui qui est exécuté, et il lui est demandé en fin de période d’entériner les dépenses ou les recettes telles que le gouvernement les a exécutées. Mais, lorsqu’on regarde maintenant le fond de ces budgets rectificatifs, notamment celui de 2008, que le président a fait adopter par ordonnance, on constate que l’on met au titre d’actions urgentes et imprévues la construction d’un aéroport de classe internationale. C’est contraire à une bonne gouvernance, à une bonne gestion financière des fonds publics. Donc, ce n’est pas que l’Assemblée bloque le gouvernement, mais l’Assemblée voudrait que ses prérogatives soient respectées. Voilà quelques exemples qui illustrent le conflit et les tensions qui existent entre l’Assemblée et l’Exécutif du président Yayi Boni.
Mais à l’origine de ces tensions comme vous dites, entre la présidence et la Chambre, il n’y a pas le mécontentement de certains députés qui n’ont pas eu le poste qu’ils espéraient au gouvernement ou qui n’ont pas conservé un marché très intéressant qu’ils avaient auparavant ?
Oui, le gouvernement invoque ces genres de raison. Mais je crois que par-delà ces questions réelles, puisque si les contrôles fiscaux sont destinés à être des épouvantails pour ramener au bercail quiconque s’écarterait de la bergerie, évidemment on peut s’interroger du point de vue étique à ce niveau-là. Mais, ce n’est pas cela fondamentalement qui amène les députés à prendre les positions qu’ils prennent. Je suis persuadé que s’il y avait des actions clairement définies, je suis convaincu que les mêmes dont on parle, pourrait accepter volontiers d’aller s’asseoir à la table du Conseil des ministres. C’est une chose que d’ordinaire, tout le monde recherche. Donc qu’on en vienne à être réticent à aller au gouvernement, ou qu’on en vienne après nomination à décliner l’offre, signifie qu’il y a quelque chose de plus profond que des intérêts matériels immédiats, je pense.
Vous reconnaissez qu’il y a quand même quelques députés qui sont passés à l’opposition parce qu’ils sont soumis à un contrôle fiscal ou parce que l’Etat leur a confisqué le marché très juteux des véhicules d’occasion, non ?
Non, c’est l’inverse. C’est dire qu’une fois qu’ils sont passés à l’opposition, on leur a enlevé les activités qui étaient les leurs. On les a puni pour avoir changé de camp.
Parmi vos alliés politiques, figurait l’homme d’affaires Séfou Fagbohoun qui a dirigé la société de pétrole (Sonacop) et qui a mailles avec la justice. Est-ce que cela ne nuit pas à votre image ?
Non pas du tout. Je pense d’ailleurs que la justice va clarifier cela. Parce que s’il est exact que la Sonacop a été mal vendue, la première personne à qui on devrait demander des comptes, c’est celui qui a vendu et non à l’acheteur. Or jusqu’à présent, le ministre qui a vendu au nom de l’Etat la Sonacop, personne ne s’intéresse à lui. Personne ne lui demande, mais pourquoi avez-vous bradé le bien de l’Etat ? C’est pour ça que serrer la main à Fagbohoun ne me provoque pas des urticaires. Je considère que c’est un homme fréquentable.
L’affaire Sonacop est un des nombreux scandales qui ont éclaboussé les dernières années du régime Kérékou. Que répondez-vous à ceux qui disent qu’en fait votre alliance réunit les hommes politiques qui se sont compromis à cette époque-là ?
Je ne voudrais pas entrer dans cette logique du pouvoir à qui on reproche une mauvaise gestion des finances publiques et qui dit mes prédécesseurs en faisaient autant. Encore que ses prédécesseurs utilisaient la cueillere à café et que maintenant, on en est à la louche avec le regret que Dieu n’ait pas créé une troisième main pour en prendre à une vitesse accélérée. Donc, lorsque je regarde ceux qui, ce week-end-ci, se sont rassemblés pour discuter des questions du pays, je ne vois pas du tout une bande de mafieux, de malfaiteurs, de détourneurs de fonds publics etc. Je ne vois pas ça. N’utilisons pas la lutte contre la corruption comme une arme politique et donnons nous-mêmes l’exemple en suivant les procédures administratives dans l’attribution des marchés, en mettant fin à des ordres de paiements au niveau du trésor, en faisant des consultations ouvertes pour des marchés importants, ne pas faire des bitumages de routes par des consultations restreintes, il faut ouvrir le jeu si non, on donne prise à des pratiques que l’on prétend corriger. Et c’est cela qui gêne quelque peu.
Transcripton : Benoît Métonou