Menaces d’emprisonnement contre deux journalistes béninois

Gbadamassi L’honorable Rachidi Gbadamassi condamne
Sans doute indigné par la citation à comparaître adressée cette semaine à deux journalistes béninois dont le directeur général du groupe de presse « Le Matinal », l’honorable Rachidi Gbadamassi, après autorisation du premier vice-président, André Dassoundo, président de séance, a rendu publique hier au parlement une déclaration.
Il condamne la procédure judiciaire engagée et invite ses pairs à l’adoption sans délai du projet de loi portant dépénalisation des délits de presse. Lire sa déclaration.

L’intégralité de la déclaration
Chers Collègues Députés,
Le bâillonnement d’une communauté est l’expression triviale de la perversité de tout dictateur esclave du pouvoir. Qu’il vous souvienne qu’il a fallu la liberté; de la presse et la démocratie pour qu’il y ait alternance en 2006. C’est au nom de cette liberté de presse et de cette démocratie que le Docteur Yayi Boni a accédé au pouvoir. Si la liberté de la presse et la démocratie» étaient hypothéquées, il n’y aurait jamais eu l’avènement du changement dans un climat de paix. Tout béninois se doit alors de protéger et de défendre quotidiennement et inlassablement ces deux notions, gages de l’unité nationale. C’est à ce titre que je proteste et condamne avec la dernière rigueur, toute tentative d’arrestation de journalistes, en l’occurrence celle du Directeur Général du Quotidien « LE MATIN’AL » Monsieur Charles Toko.

Chers Collègues Députés, l’adoption du projet de loi sur la dépénalisation des délits de presse constituera une grande avancée démocratique pour notre pays le Bénin. D’une manière générale, il s’agit, par la dépénalisation des délits de presse. De  renforcer la liberté reconnue nécessaire à l’exercice d’une profession d’utilité publique, une profession orientée vers la satisfaction de droits fondamentaux que sont le droit d’informer et le droit du public à s’informer et à être informé. Dans ces conditions, prononcer contre le journaliste une peine privative de liberté après que ce dernier eut usé justement de sa liberté de dire et d’écrire, revient, en quelque manière, à pénaliser la liberté et à la mettre en prison. Le problème, c’est de concilier la’ liberté du journaliste et son professionnalisme sans encourager ni promouvoir l’impunité de celui-ci, sans perdre de vue l’intérêt général. Et puis, un organe de presse qui disparaît pour une raison ou une autre, c’est le public qui est pénalisé, frustré dans son droit de s’informer à l’une de ses sources d’information. C’est une voix qui se tait. C’est un instrument qui cesse de jouer sa partition dans la symphonie de la presse pluraliste. Voilà comment en voulant frapper un journaliste on frappe toute une entreprise (accroissement du taux de chômage) et le public en sus. La liberté de presse n’est pas seulement l’affaire des journalistes mais de nous tous. C’est pourquoi, je vous demande Chers collègues Députés, de voter dans les meilleurs délais, la loi sur la dépénalisation des délits de presse afin que cela puisse rentrer en vigueur le plus tôt possible pour l’enracinement de notre chère démocratie.
Je vous remercie.

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