Rejet du rapport d’activités du président de l’Assemblée nationale


Un nouveau camouflet pour Nago

C’est par 41 voix contre, 40 pour et 0 abstention que les députés ont rejeté  vendredi  dernier, le rapport d’activités  du président de l’Assemblée nationale portant sur  la période du 01 avril au 30 octobre 2008. Au cours de la séance plénière, deux  points étaient inscrits à l’ordre du jour. le premier était  relatif à la présentation et  l’adoption de l’ordre du jour de la 2è session ordinaire de l’année constituée de 37 points  et le second  concerne l’adoption du rapport d’activités du président de  l’Assemblée nationale.Les débats ont été très houleux et acerbes  vendredi  dernier à l’hémicycle puisque les députés du camp Fcbe, proches du pouvoir,  pensent que le rapport d’activités  du président Nago est parfait et ne souffre d’aucune insuffisance. Dans leur ensemble, ils ont  apprécié la clarté du rapport et ont appelé leurs collègues d’en face à le voter  et  apaiser la tension au sein du parlement. Comme beaucoup de députés Fcbe, l’honorable Zéphyrin Kindjanhoundé a affirmé : << même si nous sommes minoritaires, je  vais voter ce rapport>>.

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Mais les députés du G4, G13 et Force Clé présents ne l’entendent  pas de cette oreille. Ces derniers trouvent que le rapport est vide et a laissé l’essentiel des activités  qui doivent y figurer. L’aspect politique qu’ils pensent être à la base de cette crise au  parlement aurait été occulté par le président Mathurin Nago. La baisse de performance des  activités parlementaires et l’enlisement de la crise ont été aussi évoqués par les députés de  l’opposition parlementaire. Ces derniers ont expliqué à Nago que la seule personne qui peut  favoriser le dégel de cette crise c’est lui-même. A en croire le député du G13 Rachidi Gbadamassi, le rapport d’activités ne parait pas satisfaisant et a laissé complètement de  côté les maux qui minent l’Assemblée nationale. << Ce fardeau a commencé par vous  alourdir>> a t-il déclaré. Selon lui, le feu est allumé au plus haut niveau. Pour finir, il  déclare << pour le respect que je vous dois monsieur le président, humblement je vous  demande de retirer ce rapport pour le compléter>>. Le député Nassirou Bako-Arifari s’est  étonné lui de la pauvreté de ce rapport et l’aspect politique qui n’est pas développé. Pour  l’honorable ismael Tidjani Serpos, le président Nago a cité abondamment dans son rapport  qu’il y a crise. Il lui demande de préciser au juste ce qu’il entend par crise, sa perception de  la crise. << Dites-nous les valeurs que vous avez acquises à Bopa et que vous voulez inculquer à l’Assemblée nationale et qui engendre si tant de crise>> s’interroge ironiquement le député Tidjani Serpos du Prd. De plus il s’est dit ahuri d’apprendre que le président Mathurin Nago a camouflé des documents d’Etat que l’Ige a adressés au parlement en réponse à sa question écrite adressée au gouvernement par rapport à la gestion des fonds de l’escorte de véhicules d’occasion. Les députés Timothée Gbèdiga, Isidore Gnonlonfoun, Lazare Sèhouéto, Eric  Houndété, Edmond Zinsou, Edayé Jean-Baptiste ont abondé aussi dans le sens de la  critique du rapport. Ce nouveau rejet, après le vote qui a sanctionné le rapport d’activités,  constitue un nouveau camouflet que viennent d’infliger les députés de l’opposition parlementaire au président Mathurin Nago. Un vote qui confirme le malaise dans lequel  s’enlise d’avantage  l’institution.
Ismail Kèko

Mathurin Nago bat le record
Plusieurs observateurs avertis de la politique nationale prédisaient ce qui est arrivé à l’Assemblée nationale, vendredi dernier. Les reproches faits à l’actuel Chef de la deuxième institution du pays sont encore d’actualité. Huit mois après l’élection du professeur Nago au perchoir, les groupes G13 et Force-clé ont basculé dans l’opposition. Ils l’accusaient de vouloir transformer le Parlement en un appendice du gouvernement, c’est-à-dire d’instrumentaliser leur institution au profit du Chef de l’Etat. Pour l’attaquer, certains estiment que Nago est le ‘’ministre d’Etat chargé de la législation’’. Ses relations trop poussées avec le Président de la République sont analysées comme une atteinte à l’honorabilité de la représentation nationale. A titre illustratif, les questions au gouvernement qui permettent aux députés de contrôler l’action gouvernementale ont disparu du vocabulaire du Parlement, depuis plusieurs mois. La non- désignation des membres de la Haute Cour de justice et des représentants du Bénin aux différents Parlements de la sous-région est l’une des causes de la guerre au palais des gouverneurs à Porto-novo. La crise s’aggrave, au fur et à mesure que la situation évolue, avec la radicalisation des positions des uns et des autres. Depuis lors, aucune solution ne se pointe à l’horizon.

Depuis 1991, l’Assemblée nationale n’a jamais connu tant de crises. Mathurin Nago bat le record en la matière. C’est le seul qui a rencontré toutes les difficultés du monde en moins de deux ans de gestion de la deuxième institution du Bénin. C’est une première fois dans l’histoire du Parlement béninois à l’ère du renouveau démocratique qu’aucun point inscrit à l’ordre du jour d’une session ordinaire n’a été abordé. C’est sous lui que l’ouverture d’une session a été boycottée et reportée deux fois déjà. D’autres faits existent pour confirmer cette réalité. Avec Mathurin Nago, le contrôle de l’action gouvernementale a été mis en parenthèses. Des prérogatives de l’Assemblée nationale sont ainsi foulées au pied. C’est toujours au cours de cette législature que des lois ordinaires ont été rejetées et exécutées par ordonnance par le gouvernement. De même, il est le seul Président accusé de vouloir mettre à la solde du Chef de l’Etat la représentation nationale. Le professeur Nago est en train de se donner une mauvaise image au perchoir.
Toutefois, il n’est pas exclu que les députés G4, G13 et Force-clé aient des positions tranchées contre M. Nago. Quelle que soit la nature du rapport, ils voteront contre. La politique politicienne est certainement au cœur des débats. C’est au président de l’Assemblée nationale de trouver la formule qu’il faut pour résoudre le problème.
Jules Yaovi MAOUSSI

 

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