Somalie

Abdoullahi Youssouf Le président Abdoullahi Youssouf démissionne
Le président somalien Abdoullahi Youssouf a démissionné, mettant fin à l'impasse politique au sommet de l'Etat et au contentieux politique qui l'opposait au gouvernement intérimaire du Premier ministre Mohamed Mohamoud Gouled.
L'impasse politique dans laquelle se trouvait la Somalie avait entraîné un blocage des pourparlers de paix sous l'égide de l'Onu alors que les insurgés islamistes d'Al Chabaab campent toujours à la périphérie de Mogadiscio.

"Je vous avais promis lorsque vous m'avez élu le 14 octobre 2004 que je démissionnerais si je ne pouvais pas remplir mon devoir. J'ai décidé de vous restituer la responsabilité que vous m'avez confiée", a déclaré Youssouf devant le parlement.

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Le président du parlement, le Cheikh Aden Madobe, va assurer l'intérim politique, a précisé Youssouf avant de quitter l'assemblée et de gagner l'aéroport pour partir pour une destination inconnue.

"La majeure partie de notre pays échappe à notre contrôle et nous n'avons plus rien à donner à nos soldats. La communauté internationale a, elle aussi, échoué dans sa tentative pour nous aider", a déclaré Youssouf à l'adresse des députés.

Pour Ahmedou Ould-Abdallah, envoyé spécial de l'Onu en Somalie, c'est "un nouveau chapitre qui s'ouvre pour la Somalie". Il a appelé tous les Somaliens à appuyer "la décision courageuse et patriotique" de Youssouf et à "surmonter leurs différences pour se retrouver dans l'unité et la solidarité".

Abdoullahi Youssouf était devenu impopulaire dans son pays et était très critiqué par la communauté internationale, notamment les Etats-Unis, l'Union européenne et les pays africains voisins, qui l'accusaient de bloquer les efforts de paix engagés sous l'égide de l'Onu.

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Selon des diplomates, qui se disent soulagés de sa démission, son départ devrait fournir l'occasion de constituer un nouveau gouvernement disposant d'une base élargie afin de remettre le processus de paix sur les rails.

Le départ de Youssouf, le retrait des forces éthiopiennes prévu dans les jours à venir et une résistance croissante à l'insurrection islamiste laissent entrevoir un réel espoir de paix, estiment-ils.

RISQUES DE VIOLENCES
Certains experts n'excluent pas toutefois une période de violences et d'instabilité politique pour le gouvernement fédéral de transition somalien (TFG).

La rivalité opposant le chef de l'Etat démissionnaire à l'ancien Premier ministre Nour Hassan Hussein qu'il avait limogé récemment risque, estiment des analystes, d'inciter les milices à s'affronter dans la rue.

Hussein, qui est prêt à intégrer les islamistes modérés dans le processus de paix, s'était entretenu il y a une dizaine de jours à Djibouti avec un de leurs dirigeants, le cheikh Charif Ahmed.

Le groupe islamiste modéré Ahlou Sunna Waljamaca a juré de chasser Al Chabaab de Somalie, l'accusant d'actes anti-islamiques comme l'assassinat de leaders religieux et la profanation de tombes.

Les deux groupes se sont à nouveau affrontés lundi après la chute de deux villes du centre du pays ce week-end aux mains d'Ahlou Sunna Waljamaca. Les combats ont fait 15 morts, portant à 48 le bilan des tués en trois jours.

A Mogadiscio, dix personnes ont été tuées dans un échange de tirs de mortier entre islamistes et gouvernementaux.

"Il y a vraiment une lame de fond en Somalie contre Al Chabaab et, comme Youssouf part avec sa milice et ses militaires et comme les Ethiopiens s'en vont, qui reste-t-il à Al Chabaab à combattre?", se réjouit un diplomate occidental en poste dans la région.

Le contingent éthiopien a permis au TFG de rester au pouvoir depuis deux ans mais ses effectifs ne sont plus aujourd'hui que d'environ 3.000 hommes qui, selon Addis-Abeba, seront rapatriés d'ici le mois de janvier.

L'insurrection islamiste contrôle la majeure partie du sud de la Somalie en dehors de Mogadiscio et de Baïdoa, où siègent respectivement le gouvernement et le parlement.

Certains analystes prédisent que le reste du pays tombera sous la coupe des rebelles une fois tous les Ethiopiens partis, à moins que le contingent de l'Union africaine ne soit rapidement renforcé.
Mohamed Ahmed, version française Pierre Sérisier et Marc Delteil

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