Les transhumants dictent leur loi aux premiers amis fidèles
A l’ère du changement, on fait la promotion de l’immoralité politique où seuls les transhumants émergent et écrasent les premiers amis fidèles de leur leader. La liste des mécontents s’allonge ainsi.
Dans le Bénin émergent du président Boni Yayi, ce sont les transhumants qui émergent au détriment des premiers amis fidèles. Autrement dit, aussitôt venus, ils sont aussitôt servis pour rejoindre ce que Jesus Christ avait affirmé : « Les premiers seront les derniers et les derniers seront les premiers ». Aujourd’hui, certains hommes politiques ont compris le système et sont sous l’arbre du changement et bénéficient de ses fruits plus que ceux qui l’ont planté.
Pour y arriver, il suffit de commencer par chanter les louanges du chef de l’Etat ou attaquer les adversaires du régime en place. Le député Zéphirin Kindjanhoundé, élu sur la liste de la Renaissance du Bénin (Rb), a abandonné son parti sur l’aire de jeu pour se jeter dans la mouvance sans crier gare. Au moment où certains se battaient pour avoir une place au moins au gouvernement, il a pu placer l’un des siens à la tête du ministère chargé de la Réforme administrative en la personne de Joseph Ahanhanzo, quelques jours seulement après la création de sa formation politique.
Avec cette position stratégique dans le système Yayi, il est au cœur du changement. Bernard Davo du Parti social-démocrate de Bruno l’a aussi fait. Il prenait tout son temps à attaquer les G et F à tort ou à raison. Actuellement, il est ministre de l’Enseignement secondaire et son compagnon de lutte, Corentin Kohoué, est préfet des départements du Mono et du Couffo.
Plusieurs anciens membres du même parti sont dans le changement. François Abiola et Kint Aguiar, pour avoir trahi le Madep (Mouvement africain pour la démocratie et le progrès), sont nommés ministres au dernier remaniement. La liste de ces transhumants émergents est longue. Or pendant ce temps, il y a ceux qui ont mouillé le maillot pendant les premières heures de l’avènement au pouvoir du président Yayi qui attendent d’être servis. Ils avaient cru à cela et ont travaillé pour. Il suffit d’aller dans certains milieux politiques pour comprendre la gravité de la situation. Beaucoup crient à l’injustice et menacent de rendre la monnaie au chef de l’Etat en 2011.
Immoralité politique
Pour le locataire du palais de la Marina, cette pratique est certainement bonne pour mettre en déroute ses adversaires politiques. Il lui faut cela peut-être pour assurer sa victoire en 2011. Mais, il fait la promotion de la dépravation des mœurs politiques pour atteindre ses objectifs. Tout le monde sait que la politique, par essence, est la bonne gestion de la cité basée sur l’orthodoxie et la vertu.
En prenant ces qualités d’hommes à ses côtés, est-ce que le changement pourra réussir ? Certainement non. C’est d’ailleurs pourquoi, rien n’a changé. La corruption, le clientélisme, l’impunité et la gabegie règnent encore en maître avec une extrême gravité dans l’administration béninoise et à la présidence de la République. C’est la preuve qu’on ne fait pas du neuf par les vieilles méthodes, même si c’est au bout de l’ancienne corde qu’on tisse la nouvelle.
Jules Yaovi Maoussi