Absence de moralité ou mauvaise gestion des partis ?
La chose la mieux partagée aujourd’hui par les politiciens Béninois a pour nom la transhumance. Diversement apprécié par les uns et les autres, ce phénomène semble naître d’un manque de morale et d’une gestion approximative des partis politiques au Bénin.
La facilité avec laquelle les politiciens Béninois émigrent d’un parti politique vers un autre est aussi indécent que déconcertant. Ce qui amène à s’interroger sur la moralité de ces personnes qui se prévalent du titre de politicien et prétendent diriger ou mieux, améliorer les conditions de vie de leurs concitoyens.
Un microcosme politique sans moralité
Une observation attentive du monde des politiciens, et on se rend compte que certaines valeurs cardinales qui guident ou qui devraient guider l’Homme dans la vie ont déserté le forum. S’il est une qualité première que devrait avoir tout homme désireux de faire la politique, c’est bien le militantisme. Or aujourd’hui, il suffit de voir le nombre de politiciens transhumants, et on se rend aisément que leur démission est intéressée. Le départ de la plupart de ces hommes politiques de leur formation d’origine est souvent basé sur des opportunités d’aller prendre part au festin national. Les exemples sont légion ces derniers temps. Et la grande majorité de transhumants sont allés vers le camp présidentiel. Autrement, le pouvoir. Et cela veut tout dire. Las de ne pas trouver leurs comptes dans les formations en retrait de la gestion des affaires, ces politiciens vagabonds sans scrupule aucune, n’hésitent pas à aller se jeter dans les bras de leurs adversaires politiques d’autrefois.
Quand bien même à la face du monde, devant objectif de caméra et micro, ils ont vilipendé et fustigé les actes de ces derniers. Sans honte aucune, ils sont prêts à ravaler leurs vomissures. Et pourtant, ce sont des pères de famille. On se demande alors le type d’éducation qu’ils donnent à leurs progénitures. Puisqu’il est de notoriété publique que « la meilleure éducation est le bon exemple ». Le monde politique béninois est également miné par un manque de dignité et de fierté. Si non, comment comprendre qu’avec une aisance soutenue, certains politiciens dont des députés, élus de la Nation, se fassent « acheter ». Nul n’ignore que ces politiciens renient leur parti politique pour quelques billets de banque. Outre ces classes de politiciens, il existe une qui n’a de combat politique que de tout faire pour rester dans le camp au pouvoir. Et telles des girouettes, ils se réorientent au gré de la tendance gagnante du moment. Ces actes indécents de la classe politique relevés dans cette brève peinture trouve également une autre source dans le fonctionnement des partis au Bénin.
Des partis assimilables à la cour du roi Pétaud
En dépit de ce qu’on peut noter l’immoralité de la classe politique, il faut cependant remarquer que les partis ne sont pas exemptes de reproches. La gestion qui est faite de ces creusets politiques laisse à désirer. Leur structuration et leur fonctionnement sont loin d’être conformes à ceux des structures qui portent le nom de parti politique dans les pays qui sont souvent cités comme exemples. Adhérer à un parti politique au Bénin, c’est comme aller dans un marché. C’est assez rare de voir les membres d’un parti posséder une carte d’adhésion. Aucune rigueur sérieuse dans la gestion des partis politiques au Bénin. Les réunions statutaires et autres activités qui sont énoncées dans les statuts ne sont souvent pas respectées.
Plus grave, c’est la gestion des hommes qui posent problème. Au lieu de se baser sur des compétences et la valeur politique des partisans pour leur confier des charges, c’est plutôt à des guerres de clans, sournoisement entretenues par le chef lui-même. Résultat, à bout de patience, certains filent à l’anglaise vers d’autres horizons où d’alléchantes propositions leur sont faites. Il est donc un impératif si l’on veut finir avec certains débauchages et démissions intéressées que le fonctionnement et la structuration des partis politiques soient corrigés. Dans le cas contraire, le mal de la transhumance contre lequel les députés refusent de voter une loi depuis des lustres, ira persistant.
Benoît Mètonou