Entretien avec le Sg des trafiquants de kpayo Téophile Adjovi

T. Adjovi « La reconvertion des vendeurs de kpayo est une pure tromperie du gouvernement»
Depuis trois jours, les trafiquants de produits pétroliers communément appelés « kpayo» ont entamé une cessation de leurs activités de vente d’essence frelatée aux abords des rues. On assiste depuis ce temps à une grave pénurie d’essence à la pompe.
Interrogé sur les raisons qui motivent cette grêve des vendeurs d’essence frelatée et les éventuelles perspectives pour une sortie de crise entre eux et le gouvernement, le secrétaire général de l’association des importateurs, revendeurs et transporteurs de produits pétroliers ( Airtpp) Théophile Adjovi a clarifié la situation et a condamné le gouvernement qui selon lui ne veut pas une véritable sortie de crise.

Mr le secrétaire général, cela fait trois jours que les vendeurs et transporteurs de produits pétroliers ont entamé un mouvement de grève. Dites-nous les vraies raisons de ce mouvement?
Tout a commencé par le passage sur les ondes du communiqué du ministre de l’intérieur et de la sécurité publique Armand Zinzindohoué demandant aux forces de sécurité de se lever comme un seul homme pour nous pourchasser, pour nous traquer, pour nous nuire. Alors on s’est dit qu’on ne comprend pas ce qui lui a piqué les fesses. Nous sommes en pourparlers avec eux. Le lancement des stations trottoirs a été fait. Des négociations se font avec eux et on s’est entendu que les nôtres seront reconvertis, certains iront faire l’agriculture, d’autres l’élevage. Nous représentons près de 3.500.000 âmes et il n’est pas question du jour au lendemain, parce qu’il y a eu incendie à Cotonou, de nous pourchasser.
 
Pourquoi une grève de deux semaines?
C’est pour montrer que dans la société béninoise, nul n’est de trop. Chacun fournit sa partition. A notre niveau c’est fournir l’essence de bonne qualité et à bon prix aux paisibles populations. Et d’ici peu nous serons capables de vendre l’essence même à 200 fcfa et cette décision sera exécutée.
 
Etes-vous sûr que c’est de l’essence de bonne qualité?
L’essence peut-être frelatée à partir du moment où vous transvasez les bidons sans tenir compte de la propreté de ces bidons là. C’est dire que l’essence de la Sonacop peut-être aussi frelatée. Nous sommes capables devendre d’ici peu le carburant à toute la population béninoise à 200 fcfa le litre et l’essence de très bonne qualité. Il faut dire que ces trois jours de grève sont très douloureux pour nous lorsque nous voyons les populations s’aligner en plein soleil pour s’approvisionner à la pompe. Nous sommes obligés de faire la grève parce que nous voulons qu’on sente notre utilité, qu’on sente que nous existons et qu’il n’est pas aussi facile de faire du commerce.
 
Savez-vous que le kpayo a déjà fait beaucoup de victimes et d’énormes dégats matériels?
Le kpayo comme toute autre activité doit créer de dégats. Ce n’est pas seulement l’essence kpayo qui tue. A Cotonou, les gros camions tuent tous les jours. Mais ce n’est pasnotre kpayo qui a causé l’incendie de Porga. Toutefois, nous sommes conscients que le kpayo tue, c’est pourquoi nous avons demandé qu’on nous installe des stations trottoirs. Nous avons trouvé des formules réduites destations trottoirs, le coût a été réduit, une étude a été faite avec le Padme afin que les stations nous reviennent moins chères, nous avons été également chez celui qui doit nous vendre les appareils. Nous avons travaillé des jours et des nuits, mais on n’avait jamais pensé que c’était de pure tromperie. Même les sites qui ont été identifiés ont été finalement distribués à des copains, aux belles familles, à des amis qui souhaiteraient faire le commerce de l’essence. Des stations trottoirs fictives ont été installées mais sans une goutte d’essence. Ils n’ont même pas la capacité de les exploiter. tant qu’on n’autorisera pas d’installer des stations trottoirs il y aura toujours des victimes comme on le remarque  aujourd’hui. C’est ce que nous ne souhaiterions pas et tout ceci relève de leur inefficacité à résoudre le problème.
 
Une grande réunion a été organisée le dimanche dernier à Cotonou par les trafiquants de kpayo et l’une des décisions prise concerne l’arrêt systématique de la vente de l’essence kpayo pour marquer votre mécontentement. Que pensez-vous faire réellement pour ne pas trop pénaliser les populations?
Au delà de cette décision, nous voulons réduire le prix d’achat de l’essence. Si l’Etat a pu réduire le coût de l’essence à la pompe, nous pouvons réduire mieux que l’Etat. Notre population au soleil, traînant des engins dans les rues, souffrant, nous fait très mal. Nous envisageons déjà qu’au lieu d’une semaine qu’on revoit notre position pour éviter la souffrance aux populations.
 
Cette grève va durer finalement combien de temps?
On avait prévu une semaine mais à constater ce qui se passe dans  les contrées reculées, loin de la ville où il y a l’absence des stations services, il n’est pas question devoir notre peuple souffrir. On avisera au moment opportun.
 
Des mouvements des trafiquants se sont observés dans la ville réclamant la démission du ministre de l’intérieur, pensez-vous que c’est la meilleure solution?
A part le ministre Armand Zinzindohoué qui nous pourchasse, dans son village natal à Abomey par exemple, il n’a jamais pensé poursuivre les vendeurs de kpayo qui sont là-bas. Mais le fait qu’il intervient à Cotonou et à Porto-Novo, c’est comme un règlement de compte. Il veut montrer que nous sommes les plus mauvais. Il faut dire que ce qu’il entreprend là ne va pas dans l’intérêt du chef de l’Etat. Le président des Etats-Unis d’Amérique l’a dit la dernière fois, « vous serez jugé non par pour ce que vous avez fait de bien mais pour ce que vous avez fait de mal» Je suis sûr qu’il sera jugé pour ce qu’il est en train de nous faire. Pour l’instant nous  allons croiser les bras et le laisser faire.  

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Propos recueillis par Ismail Kèko

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