Les grands travaux de la république

/food/djankaki.jpg » hspace= »6″ alt= »Claude C. Djankaki » title= »Claude C. Djankaki »  » /> Le vrai logiciel de la démagogie ambiante de nos dirigeants
Le Chef de l’Etat au Bénin comme en Afrique, en Europe, aux Etats-Unis et partout ailleurs dans le monde est élu pour assurer entre autres la continuité de l’Etat dans l’exécution des grands travaux de la nation. Pourtant au Bénin, nous avons souvent tendance à attribuer la réalisation des grands travaux de l’Etat au Chef du gouvernement en fonction oubliant le rôle parfois combien déterminant des prédécesseurs.
Ainsi, tous les régimes ont-ils leurs sinécures et leurs prébendiers qui s’adonnent à cet exercice malsain qui montre ses limites à la fin du mandat. Tout se passe comme si les mânes de nos ancêtres inscrits en lettre d’or dans notre constitution est une plaisanterie qui n’est visible que le jour de la prestation de serment du Président de la république, Chef de l’Etat, Chef du gouvernement. Il urge de crier haut et fort en dénonçant la pratique en cours qui consiste à tout ramener à soi, niant ainsi le rôle joué par les prédécesseurs. C’est impressionnant d’entendre les Chefs d’Etat des vieilles démocraties occidentales, face aux défis, évoquer  leurs idoles.

Ce faisant ils entrent à leur tour dans l’histoire "des actions salvatrices". En refusant de reconnaître les bonnes actions de ses prédécesseurs, on tombe aussi dans l’oubli de l’histoire comme c’est le cas de nos dirigeants qui finissent leurs mandats. Le régime de Soglo ouvrant le bal à l’ère du renouveau démocratique en 1991 n’a accordé aucun crédit aux réalisations faites durant les 17 ans du régime de Kérékou. Pour les nouveaux dirigeants, tout était mauvais sous la révolution. Le Président Kérékou aussi n’avait-t-il pas vilipendé les Présidents Hubert Maga, Sourou Migan Apithy, Justin Tomètin Ahomadégbé, Emile Derlin Zinsou tous contraints à l’exile jusqu’à l’avènement de la conférence nationale ?

    Nous devons arrêter ces dérives graves qui ne nous honore pas à l’ère du changement car ce virus de la haine vis-à-vis des anciens participe à la fracture sociale et incite à des actes de rétorsion et de représailles contre le Chef de l’Etat en exercice.

    Malheureusement, ce paradoxe déconcertant refait surface et les louanges vont bon train au Président Yayi Boni à propos des travaux de reconstruction des voies héritées de la colonisation et des différents gouvernements qui se sont succédés dans notre pays. En témoigne tous les tapages faits autour de l’échangeur de Houéyiho, de l’Avenue Steinmetz et de Godomey notamment, obligeant les hommes politiques à dire qu’il s’agit d’un simple passage supérieur négocié sous l’ancien régime et non d’un échangeur. Ce qui parait tout de même assez curieux, ceux là qui chantent aujourd’hui que seul le pouvoir du changement est capable de cette prouesse étaient les mêmes qui ont organisé les marches de soutien à la révision de la constitution pour une présidence à vie du fait des réalisations du Président Kérékou.

    Le Président Yayi Boni dont-on chante aujourd’hui la gloire sera-t-il vilipendé un jour ou traité comme un vulgaire citoyen comme c’est le cas de ses prédécesseurs ?
    Nous devons arrêter le massacre de nos hommes d’Etat car ça n’arrive pas qu’aux autres. Ayons la crainte de Dieu à chaque moment de notre vie et ce sont nos dirigeants actuels qui doivent donner de la voix en signe de sagesse.

    Comment comprendre que le Président Hubert Maga qui a proclamé l’indépendance du Dahomey aujourd’hui Bénin, qui a construit le Palais de la République, l’hôpital CNHU de Cotonou, le Palais des congrès etc. en si peu de temps (1er Août 1960 à 29 Octobre 1963) n’a été honoré qu’à titre posthume.

    Que dire pour consoler le Président Soglo des nombreuses réalisations de son régime baptisé de Hercule ou maçon à partir des pavés de Cotonou (Fifadji-Ste Rita-Fidjrossè) la construction du Centre International de Conférence (CIC) l’autoroute Cotonou – Porto-Novo, la réfection du Palais des gouverneurs siège de l’Assemblée Nationale, la route Abomey-Kétou-Ilara (Aboki), la voie carrefour Toyota SOBEBRA, le boulevard du Canada, la voie inter Etat Cotonou-Bohicon etc.

    Pour quelles raisons allons nous passer sous silence les réalisations sous la révolution à savoir le Stade de l’amitié, le Stade René Pleven, la Place de l’Etoile rouge, la place des Martyrs ou du souvenir, les nombreuses ouvertures de voies à Cotonou après les travaux de lotissement, la nouvelle maison de la Radio, la télévision. Plus tard sous Kérékou II et III la réfection du Stade Charles de Gaules de Porto-Novo, le palais des congrès, la rénovation du palais de la République et la construction des bureaux annexes etc.

    L’aéroport, le port, la fibre optique et que sais-je encore existent avant l’avènement du changement. La construction sous le régime du Président Soglo de la cité de Houéyiho avait bénéficié de l’appui des Hollandais suivant la technique d’extraction de sable en haute mer pour le remblai du site. A l’époque c’était aussi une prouesse. Chaque génération œuvre donc pour tisser la nouvelle corde à partir de l’ancienne. C’est l’occasion de faire rappeler que jusqu’en 1946 (il y a environ 60 ans) le Bénin ne disposait que 0km de voies bitumées et 5km de voies empierrées contre respectivement 30km de voies bitumées et 527km de voies empierrées au Sénégal, en Côte d’Ivoire 50km de voies bitumées et 0km de voies empierrées, au Burkina-Faso 0km de voies bitumées et 2km de voies empierrées. Contrairement à ceux qui pensent que le Bénin n’avance pas, il est donc clair que nous avons fait du chemin en si peu de temps au regard de nos réalisations. Les passages supérieurs existent aujourd’hui parce que d’autres générations ont construit et aménagé avant nous des passages "inférieurs". Une nation dynamique et prospère n’a jamais été construite sans la restitution des éléments du passé et de l’existant. L’idéal aurait été de tenir un répertoire des biens du patrimoine national à la disposition de la jeunesse pour y épuiser leur source d’inspiration comme l’a fait le président Barack OBAMA en voyageant par train sur les traces de son idole jusqu’à la maison blanche à Washington. Au-delà des travaux de réfection et d’embellissement de nos villes, il faudra adopter une politique de l’aménagement du territoire susceptible de guider tous nos Chefs d’Etat. A preuve le 1er pont, 2ème pont et le 3ème pont relient les deux extrémités de Cotonou, mais notre capitale Porto-Novo n’est desservie que par une seule voie comme c’est le cas pour Abomey-Calavi. En cas de manifestation des populations ou de simples accidents, la circulation est vite perturbée et les activités économiques sont bloquées de part et d’autre. Plus près de nous, la Commune d’Adjohoun fait frontière avec la Commune d’Abomey-Calavi mais pour y accéder il faudra revenir à Cotonou et aller d’abord à Porto-Novo. C’est aussi le cas de Toffo à 80km de Cotonou qui fait frontière avec la Commune de Lalo dont l’accès n’est possible qu’en revenant à Godomey ou en allant d’abord à Abomey. Au Nord, le Chemin de fer  Cotonou-Niamey qui peut désenclaver certaines communes n’est pas encore une réalité. Il se pose donc les problèmes de l’écoulement des produits vivriers auxquels n’apportent pas la solution certaines de nos réalisations qui peuvent encore attendre.

    Nous sommes encore loin de la cité du soleil levant (le Japon) dont la nouveauté à OSAKA il y a encore une dizaine d’années a été la construction du grand aéroport de Kansai en haute mer, lorsque cette ville a manqué d’espace pour son rayonnement. Pourtant, cette œuvre extraordinaire et surréaliste a été moins médiatisée que l’échangeur de l’avenue Steinmetz deux fois inauguré. Actuellement la cité de Monaco lance un avis d’appel d’offre pour construire plusieurs dizaines d’hectares d’espaces en pleine mer pour compléter les limites de ses frontières terrestres. La France et l’Angleterre sont reliés par le tunnel sous la manche (autoroute) passant sous la mer pour les véhicules et les trains à grande vitesse. A Paris, le métro circule sous la seine (fleuve) il y a plus de cent ans. La tour Eifel permet d’avoir une vue d’ensemble sur Paris. Il en est de même de la tour circulaire de la ville de Québec (Canada). L’arc de triomphe de l’avenue des Champs Elysée, une œuvre sans pareil au monde est réalisée depuis des centenaires. Il en est de même de la construction de la maison Blanche par les esclaves et qui fait la fierté de toute l’Amérique.

    Si tant est que nous devons nous comparer à la Côte d’ivoire et le Sénégal en terme de budget de l’Etat, disons nous tout de même que nous avons un retard à combler en matière des équipements collectifs. Par exemple la construction de nos voies inter urbaines doit tenir compte du passage des ZEM. Tant qu’il reste à faire, rien  n’est encore fait dit-on. Le manque d’humilité de nos dirigeants est surtout favorisé par la qualité de notre électorat. Certains de nos élites qui doivent engager un débat franc et sincère sur cet état de chose ont le ventre, et non la tête devant les postes de responsabilité. Peut-on construire quelque chose de durable dans cet environnement d’hypocrisie collective et puante ?

    Le chef d’aujourd’hui capable de servir les ambitions de Pierre ou Paul est le meilleur, tant pis s’il le renie à la fin de son mandat. Des O.N.G doivent s’intéresser à ces courtisans invétérés qui se baladent à travers tous les régimes (Soglo à Kérékou, ensuite Kérékou à Yayi Boni). Ce faisant, elles auraient apportés secours à une nation en danger dès lors que les bandes ou les cassettes de nos télévisions ou radios  seront revisitées en cas de soutien encombrant à un régime.  

Claude C. DJANKAKI

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