/food/uac.jpg » hspace= »6″ alt= »UAC » title= »UAC » » /> La cérémonie perturbée à coup de pierres
Les autorités rectorales de l’Université d’Abomey-calavi ont connu de difficiles moments, vendredi dernier, lors d’une cérémonie de présentation de vœux, qui a failli tourner au drame.
Un groupuscule d’étudiants s’en est pris aux locaux qui les abritaient et lançait des cailloux et des pierres dans tous les sens. Ils contestaient ainsi contre la présence du Doyen Fulbert Amoussouga-Géro, à cette cérémonie.
A peine, le programme de la cérémonie fut lancé par l’imprésario, qu’un étudiant se lève de l’assistance et se met à crier en ces termes : « Il y a dans cette salle un criminel, un homme qui ordonne de fusiller, de tuer les étudiants. Il doit donc sortir, sinon la cérémonie n’aura pas lieu. Amoussouga doit sortir !! Amoussouga doit sortir ». Il n’avait l’air de rien craindre. Et allait d’allées en allées, à pas imposants. Une psychose inattendue gagne du coup la salle de lecture de l’Ecole polytechnique de l’Université d’Abomey-clavi où se déroulaient les manifestations. Calme plat dans toutes les rangées, sauf la seule voix de l’étudiant qui montait en tonalité et en puissance. Une dizaine de minutes passent. « Que va-t-il se passer ?
Avec les étudiants, tout peut arriver »murmure, affolée, une participante à sa voisine qui répond fébrilement en acquiescant de la tête. Le garde du corps du Doyen Fulbert Amoussouga-Géro, alors assis sur une chaise, se lève aussitôt. Il sort, tout furieux, son Akm, d’un sac et le charge sous les regards hagards de l’assistance. Puis évolue vers le présidium et se positionne en face de l’allée principale, le doigts sur la gâchette et les yeux rivés sur l’étudiant. Le recteur de l’Uac, Norbert Awanou finit par rompre le silence. Sa voix est grave : « Vous n’avez pas honte de faire ça. Vous pensez que cela est responsable d’agir ainsi à une telle cérémonie » crie-t-il à l’endroit de l’étudiant qui semblait l’écouter à peine, puisqu’il hurlait toujours. Mais il finit par quitter la salle, grâce à la persuasion de deux de ses camarades. Rien n’est fini, cependant. « Je reviens dans quelques minutes avec mon groupe et nous empêcherons cette cérémonie si Amoussouga n’est pas renvoyée de la salle » menace-t-il en descendant l’escalier.
De retour…. Et des casses
La cérémonie commence malgré tout. Le secrétaire général de l’Uac, le Professeur Bio Bigou fut le premier à prendre la parole, visiblement affecté par cet incident qui n’est qu’à son début. Au bout de cinq phrases, son discours se noie dans des cris stridents qui venaient du balcon d’à côté. L’étudiant est revenu avec du renfort. Ils sont maintenant plus de 30, et criaient tous à rompre leur gorge. La revendication reste la même : sortir Amoussouga de la salle. Ils remuaient terriblement les portes d’entrées hermétiquement fermées et tenues par les agents privés de sécurité. A l’intérieur, la panique se lit sur tous les visages qui ne s’attardaient plus sur l’homme au pupitre, mais sont tournés vers les manifestants. Soudain, des coups de pierres et de cailloux s’abattent sur les vitres et les portes. Certains participants se lèvent précipitamment de leurs chaises et se réfugient dans les angles de la salle. Du côté du présidium, rien ne bouge, même si la colère est très visible sur les visages. Le Doyen Amoussouga, coiffé d’un chapeau rouge et habillé traditionnel, tissu chic, est moralement abattu, mais force une sérénité physique qui trahit son état d’âme. Son garde du corps ne le quitte plus du regard.
La riposte s’amène enfin. Les forces de l’ordre, entre-temps alertées débarquent sur les lieux, armées jusqu’aux dents. Les manifestants se dispersent. Mais dans leur fuite, ils relancent de nouveaux morceaux de brique en direction de la salle, blessant légèrement quelques participants qui se sont agglutinés sur le balcon. Ils cassent également d’autres fenêtres de l’Epac, de même que les pare-brises d’un véhicule. La débandade quitte les alentours de cette salle pour se généraliser sur tout le campus. Quelques étudiants sont arrêtés et relâchés plus tard dans la soirée.
La cérémonie de présentation de vœux ne s’avorte pas pour autant, puisque la salle est désormais sous haute sécurité. Les discours se succèdent et retracent les grandes œuvres accomplies par le recteur Norbert Awanou au cours de l’année 2008. Les problèmes d’insécurité sur le campus sont évoqués par tous les intervenants qui viennent de vivre une expérience toute fraîche et non moins inquiétante. « Nul ne peut gagner quelque chose d’un autre s’il ne doit être qu’en position belliqueuse… Ne pas comprendre cela signifie que nous voulons un recteur qui ne ferait rien pour notre université et dont l’histoire n’en parlera guère » lâche, entre autres, le recteur Awanou, dans son allocution, très décontenancé par ce qui vient d’arriver.
Ce fut le 24 novembre 2008, qu’à l’occasion d’une manifestation contre des réformes engagées à la Faculté des droits et sciences politiques ( Fadesp), le garde du corps du Doyen Amoussouga a tiré à balles réelles dans une foule d’étudiants, blessant neuf au total, dont l’un a dû être évacué en France pour y suivre des soins intensifs et adéquats. Depuis lors, des syndicats d’étudiants et même d’enseignants de l’Uac continuent de réclamer en vain des sanctions à l’encontre du Doyen Amoussouga –Géro et de son garde du corps.
Christian Tchanou