La lutte détrône t-elle le football?
A quelques jours seulement du démarrage du championnat de football professionnel tant attendu par tous les amoureux du ballon rond, le tournoi du Parlement qui précède l’ouverture de la saison a été obligé de céder du terrain à la lutte par peur de passer inaperçu.
C’est le dernier constat du triste sort que connaît le football sénégalais qui voit la lutte lui supplanter au fur et à mesure dans les agendas sportifs.
Il y a naguère longtemps, on parlait de derbys Ja-Diaraf ; Diaraf–Casa Sports ou encore de Ja–Us Gorée. Mais depuis bientôt deux décennies, ces affiches ont perdu leur lustre d’antan. Elles n’ont désormais de derby que de noms. Seuls les nostalgiques aiment se rappeler les foules que ces rencontres drainaient.
Et à l’allure où carbure les choses, c’est le football sénégalais dans son ensemble qui risque d’en pâtir. Qui a cru un seul instant que la lutte allait supplanter cette discipline considérée comme l’opium du peuple ? Personne. La réalité est dure à concevoir même si c’est le cas aujourd’hui.
Comme en témoigne le réaménagement du calendrier survenu sur le tournoi du Parlement. Initialement prévu les 24 et 25 janvier, il a été décalé à vendredi et samedi. Pour cause. Les membres du Comité de normalisation du football allèguent que le combat de lutte entre Papis Général et Tapha Guèye N°2 risque d’éclipser ce championnat qui pourtant, regroupe les quatre meilleures formations de la saison. Mieux, l’entrée était libre et gratuite.
Triste sort pour notre football. Deux “illustres inconnus“ de l’arène, obligent le Diaraf, la Douane, le Casa Sports et Yakkar de Rufisque à risquer la santé de leurs joueurs. Parce que nul n’ignore que l’intervalle entre deux matches est de quarante huit (48) heures. Or, ces clubs sénégalais engagés en Afrique ont été poussés de gré ou de force à jouer 180 minutes en l’espace de 24 heures.
Ceci à cause de la lutte sénégalaise, une discipline purement locale qui ne dépasse même pas la Gambie. Seulement elle est en passe de devenir sport leader dans le pays de Yatma Diop, Jules François Bocandé, Omar Guèye Sène, Roger Mendy, Cheikh Tidiane Seck, Moussa Ndao, El Hadji Diouf, Henri Camara, Khalilou Fadiga etc.
Sponsors et télévisions se rivalisent pour décrocher les exclusivités alors qu’en football, il est rare de voir deux cameras et une affiche dans les gradins. Mais que cela n’étonne personne. Nous sommes au Sénégal. Un pays hors norme. Un pays où le ridicule ne tue plus.
L’Etat a été le premier acteur à prôner « inconsciemment » la mort programmée du football. D’abord avec les “navétanes“ qui s’étalent sur une année et ensuite la lutte avec frappe. Les amateurs de cette discipline verront d’ailleurs bientôt leur arène nationale sortir de terre ?
Au moment où la jeunesse dakaroise (de la Médina et de Rebeuss en particulier) assiste impuissante à la transformation du stade Assane Diouf en un centre d’Affaires. Triste !
(sudonline)


